Au leurre, les tapes manquées au premier lancer sont nombreuses, surtout avec les farios de 25-30 cm. Quelle stratégie adopter au second passage, ou que faire si cela se répète tout au long de la session ? Thierry vous livre dix astuces pour maximiser vos chances de capturer des truites après une attaque ratée.
Contrairement aux techniques utilisant des appâts naturels comme le vairon ou le toc, la pêche au leurre est bien plus souvent confrontée aux tapes courtes, manquées, et à la rareté des attaques répétées sur un même poste. Cela est lié aux spécificités de la technique qui repose sur l’utilisation de proies artificielles relativement volumineuses par rapport à la nourriture courante des farios, sur la rapidité de prospection et la recherche de réactions agressives, qu’elles soient alimentaires ou territoriales. En clair, le pêcheur au leurre fait face à un taux de « retape » très faible. Certes, on a tous l’exemple d’une fario attaquant quatre ou cinq fois de suite la même cuillère, mais cela reste exceptionnel. En général, une truite sauvage frappe une ou éventuellement deux fois, rarement plus. Même les pêcheurs en nymphe, qui utilisent en réalité eux aussi des « leurres », parviennent à obtenir plus d’attaques consécutives. Pour le leurriste, savoir réagir après une première touche loupée est donc essentiel surtout quand cela semble être un beau poisson.
1 – Relancer rapidement :

« Rejouer » immédiatement après une tape manquée ou un suivi est un réflexe naturel chez la plupart des pêcheurs. Bien que ce ne soit pas la seule stratégie à envisager comme nous le verrons par la suite, elle s’avère souvent efficace. Cela est surtout pertinent lorsque la truite, venue de loin et très décidée, attaque le leurre sans avoir le temps de bien l’engamer, faute de visibilité ou de timing. Quelques secondes d’animation supplémentaires auraient pourtant suffi pour qu’elle frappe correctement. Dans ce cas, un deuxième lancer rapide, plus ou moins identique, alors que le poisson sorti de sa cache cherche encore le leurre, peut s’avérer payant.
2 – Faire varier l’angle d’attaque :

Une majorité des touches manquées au premier lancer sont, selon moi, dues à une mauvaise trajectoire du leurre. En remontant la rivière, on a tendance à lancer naturellement en amont, ce qui oblige à mouliner rapidement, compliquant ainsi la tâche du poisson. Si un certain nombre de truites se font prendre ainsi, ce n’est toutefois pas l’approche la plus efficace. Il est souvent plus judicieux de se positionner de côté – surtout à la tournante – ou même en amont du poisson, afin de ralentir la présentation du leurre. Après un raté, se repositionner pour la seconde tentative et ajuster la trajectoire du leurre est donc souvent efficace, d’autant que l’on connaît désormais approximativement la position de la truite. Quand les contraintes de discrétion sont importantes et qu’il vaut mieux ne pas bouger, un simple changement de la position du corps ou de la canne peut parfois suffire à modifier l’angle.
3 – Revoir l’animation :

Dans la même logique, lors d’un deuxième passage, il peut être judicieux de varier l’animation du leurre. Une première option consiste à le laisser descendre davantage avant de commencer la récupération, le but étant de passer plus creux sur le hot spot. Ralentir la récupération est une autre alternative intéressante surtout à la cuillère tournante, avec laquelle les variations sont limitées par la nécessité de maintenir la rotation. Avec un souple ou un poisson-nageur, marquer une pause – ou au moins ralentir à proximité de l’endroit où le poisson a manqué l’attaque – peut parfois s’avérer efficace. Dans tous les cas, le changement d’animation doit être réfléchi en fonction du type de touche enregistré et de la configuration du poste.
4 – Vérifier l’armement :

Soyons honnêtes, très rares sont les pêcheurs qui changent l’armement de leur leurre juste après une touche manquée, sauf s’ils ont un modèle identique avec des hameçons neufs à portée de main. En réalité, cette démarche intervient plutôt après plusieurs ratés successifs. En eaux vives, les hameçons s’émoussent rapidement en raison des contacts répétés avec les rochers. Il est donc recommandé d’emporter quelques hameçons de rechange dans son gilet pour pouvoir les remplacer ou faire une permutation simple/triple en cours de session. Une autre solution consiste à désarmer un leurre pour rééquiper celui qui fonctionne. On peut également emporter une petite pierre à affûter afin de redonner du mordant aux hameçons et, par la même occasion, retrouver de la confiance.
5 – Mettre de l’attractant :

Dans un article publié en octobre 2023, j’ai montré, après une série de tests rigoureux, que l’application d’attractant sur les leurres souples – shad, finess ou teigne – améliorait de manière significative le ratio touches/prises, et ce dans tous types de milieux. Après une touche manquée ou plusieurs ratés consécutifs, il m’arrive donc régulièrement de sortir mon flacon pour enduire généreusement mon leurre ou en rajouter une couche. Cette astuce permet aux farios de garder un peu plus longtemps le leurre en bouche, augmentant ainsi les chances d’un ferrage réussi. Si, comme moi, vous gardez votre attractant à portée de main en bandoulière, la manœuvre est rapide et simple à exécuter, même dans le feu de l’action.
6 – Abaisser le diamètre du fil :

Réduire le diamètre du bas de ligne après une série de touches courtes et « inferrables » est une démarche fréquente chez de nombreux confrères venant du coup ou de la mouche. Le leurriste peut aussi exploiter cette stratégie pour améliorer ses résultats. Diminuer le diamètre de la pointe présente trois avantages : une meilleure activation de la palette ou du paddle, une meilleure présentation, tout cela en rendant la ligne moins visible pour la truite. Je vous recommande cependant de rester raisonnable car la pêche aux leurres, pratiquée avec des cannes relativement rigides et des objets parfois couteux, est peu compatible avec des bas de ligne trop fins. Un diamètre de 0,14 mm, voire exceptionnellement 0,12 mm à la tournante ou au micro souple, constitue généralement la limite inférieure à respecter. Comme le disait le grand Daniel Maury « il faut savoir pêcher fin quand on doit, et pêcher gros chaque fois qu’on peut »
7 – Changer de catégorie de leurre :

Alterner le leurre après une touche manquée est un réflexe tentant. Nos boîtes, souvent bien garnies, nous encouragent d’ailleurs à le faire. Même si je pense qu’il faut user de cette stratégie avec parcimonie, plusieurs options restent envisageables. La première consiste à modifier radicalement les signaux visuels ou vibratoires en changeant tout bonnement de famille de leurre. Cela peut parfois provoquer une nouvelle attaque, notamment après plusieurs tentatives infructueuses. Ma permutation favorite consiste à essayer une teigne artificielle après un échec avec un leurre dur, pour réduire l’agressivité. D’autres alternatives existent : par exemple, un spintail après avoir utilisé une cuillère tournante, pour pêcher plus en profondeur tout en conservant une palette ; ou encore un shad après un poisson manqué avec un poisson-nageur.
8 : Jouer sur la taille du leurre :

Dans la même logique, il peut être aussi pertinent d’ajuster simplement la taille du leurre proposé aux farios. Lorsque les niveaux sont bas, réduire celle-ci après avoir manqué un poisson ou une série de poissons peut être une option intéressante. Le « gros » leurre a peut-être attiré l’attention de la truite, mais elle n’a pas attaqué franchement, trouvant la proie trop imposante par rapport à sa nourriture habituelle. Dans ce cas, une version plus furtive du même leurre pourrait faire la différence. Par ailleurs, bien que plus rare, il arrive parfois qu’un leurre plus volumineux soit celui qui réussisse à séduire un poisson difficile.
9 – Modifier la couleur du leurre :

De nombreux pêcheurs de mon entourage sont de fervents adeptes de la permutation de coloris après une touche manquée. Bien que je sois plus réservé à ce sujet, estimant que cette méthode fonctionne surtout sur les truites surdensitaires ou acclimatées, je dois reconnaître qu’elle peut parfois être efficace sur les farios sauvages. Cela se vérifie notamment quand les eaux sont très froides ou lorsque la visibilité des farios est réduite, que ce soit en raison d’une faible luminosité ou d’une eau machée. Dans ces conditions, il peut être rentable de passer à une couleur plus contrastante – personnellement, je privilégie le blanc, mais toute teinte plus ou moins flashy peut convenir – pour faire craquer une truite récalcitrante.
10 – Revenir plus tard :

Cette stratégie s’avère pertinente quand on sait que l’on repassera par la rivière en fin de session. Plutôt que d’insister immédiatement après avoir manqué une touche, il peut être judicieux de laisser le poste se reposer et de revenir quelques heures plus tard. Cette approche est particulièrement intéressante si le poisson semble de belle taille. Fort de l’expérience du premier échec, on peut alors améliorer son approche, se positionner de manière plus stratégique, ajuster l’angle d’attaque ou choisir un leurre plus adapté. Cela augmente les chances d’une attaque plus franche lors de cette seconde tentative, espacée dans le temps.