Bar d’Écume : cap sur l’authenticité !

Interview réalisée par Mélanie Meissel.

À seulement 23 ans, Constantin Gatineau, alias Bar d’Écume, est devenu une figure montante de la pêche sur YouTube. Sa chaîne rassemble chaque mois entre 1 et 2 millions de spectateurs et compte aujourd’hui plus de 339 000 abonnés. Derrière ses vidéos immersives et soignées, se cache un passionné viscéral de nature, de transmission et de belles histoires au bord de l’eau. Rencontre !

LPLP : Salut Constantin, pour commencer, peux-tu te présenter ?

Bar d’Écume: Je suis originaire de Bretagne, passionné depuis tout petit par la nature et plus particulièrement les insectes, comme la cétoine dorée. Mais très vite, la pêche a pris le dessus. J’ai commencé avec mon père, à la gaule, dans l’étang au fond du jardin, puis sur la Vilaine, mais également en mer. De fil en aiguille, c’est devenu une obsession.

LPLP : D’où vient le nom de ta chaîne, « Bar d’Écume » ?

Bar d’Écume : C’est né en 2018, avec un ami, Tristan Alanos. Je passais mes étés dans la maison de famille dans le Finistère Sud, à pêcher en bord de côte. Il était du coin, nous sommes devenus amis, on allait pêcher à vélo, les cannes posées sur le guidon. Un jour, on s’est lancé le défi d’attraper nos premiers bars aux leurres, on a aligné 11 et 16 bars dans les vagues. C’était incroyable ! Les conditions étaient si bonnes, qu‘on a voulu filmer ces moments pour les immortaliser. On avait une petite caméra embarquée, Tristan s’est chargé de créer la chaine, et vu qu’on avait pris tous les bars dans le bouillon, le nom de la chaîne s’est orienté vers « Bar d’Écume », en référence à ce moment inoubliable. J’ai dessiné moi-même le logo. Même si Tristan a quitté l’aventure depuis, j’ai continué. Et c’est vraiment à partir du confinement que la chaîne a pris son envol.

Du souvenir au storytelling

PLPLP : Pourquoi avoir choisi YouTube comme support ?
Bar d’Écume
À la base, c’était juste pour garder des souvenirs. Mais les retours m’ont donné envie de continuer. Aujourd’hui, je pense mes vidéos comme des récits. Il y a une volonté de partager, d’immerger, de transmettre. Je travaille la qualité de l’image, mais aussi la narration.

LPLP: Te souviens tu de ta toute première vidéo ?
Bar d’Écume
Oui, elle est toujours en ligne. Une session de pêche dans un coin qu’on appelait « la cuvette », une vraie marmite d’écume où les lançons se faisaient chasser par les bars. Un souvenir très fort.

Séance selfie pour Bar d’Écume

LPLP : Qu’est-ce qui a le plus évolué depuis tes débuts ?

Bar d’Écume : La maturité. Et une vraie professionnalisation : meilleure image, meilleur son, mais aussi meilleure pêche. Le contenu évolue avec moi, tout simplement.

L’eau douce, racine de la passion

LPLP : Qu’est-ce qui t’a donné la passion de la pêche ?

Bar d’Écume : L’enfance en pleine campagne, un étang, la Vilaine. Et surtout les rencontres : Tristan d’abord, puis Erwan, un passionné de pêche que j’ai rencontré au collège et qui m’a tout appris. J’ai eu une révélation lors d’une session perche : une troupe de 40 poissons derrière mon leurre, la filoche de mon grand-père, une vieille canne… Ce jour-là, j’ai su que je ne décrocherais plus.

LPLP : Un moment marquant au bord de l’eau ?

Bar d’Écume : Mon premier brochet, à 13 ans. Tout petit, pris au Rockvibe 2 puces jaune fluo à paillettes. J’étais bouleversé de voir un tel poisson de si près.

Les premières pêches

LPLP : Arrives-tu encore à pêcher « juste pour toi » ?

Bar d’Écume : Oui, de plus en plus. Même si j’ai tendance à sortir mon téléphone pour immortaliser les prises. Mais je réussis à déconnecter un peu, maintenant.

Les coulisses d’un créateur exigeant

LPLP :On sent un soin particulier dans tes vidéos. Comment construis-tu un tournage ?

Bar d’Écume : Tout part d’une idée ou d’une opportunité. En fonction du lieu, du terrain, j’imagine une trame. L’intrigue, l’ambiance, la miniature… Il faut être organisé, mais adaptable : la pêche reste un facteur imprévisible. Le but, c’est de capter l’attention tout en restant vrai.

LPLP : Tu es souvent seul à tout gérer : comment fais-tu ?

Bar d’Écume :  Au début, c’était très compliqué. GoPro, caméra, drone, sac à dos, des tournages de plusieurs jours, parfois sans pêche. Ça m’a usé. En 2023, j’ai commencé à collaborer avec d’autres créateurs, puis en fin d’année, j’ai frôlé le burn-out. Ma compagne m’a poussé à recruter. J’ai reçu 25 candidatures en quelques jours. Mon choix s’est porté sur Alexandre Brendel, un passionné d’images et de pêche. Depuis un an, il m’épaule sur toute la partie technique. Moi je me concentre sur la narration.

LPLP :Tu t’imposes un rythme de publication ?

Bar d’Écume : Oui, il y a une régularité à tenir. Pour les abonnés, mais aussi pour les partenariats, qui nous  imposent un volume annuel.

Bar d'Écume en famille au bord de l'eau
Bar d’Écume en barque

Créer du lien, au-delà de l’écran

LPLP : Quel retour d’abonné t’a le plus marqué ?

Bar d’Écume : Les familles qui regardent ensemble mes vidéos le soir. Ça recrée du lien autour de la nature. C’est ce genre de message qui donne tout son sens à mon travail.

LPLP : Tu ressens une pression à faire toujours mieux ?

Bar d’Écume : Évidemment. Il faut surprendre, se renouveler. On est dans une ère où l’on se lasse vite. Mon plus grand défi, c’est de durer.

LPLP : YouTube, vie perso… comment tu jongles ?

Bar d’Écume : C’est compliqué. Les deux premières années, j’ai tout sacrifié. J’étais mal organisé, j’ai négligé ma vie sociale et familiale. Depuis, j’ai revu mon fonctionnement. Ce n’est pas encore parfait, mais je fais de vrais efforts pour préserver du temps avec mes proches.

Youtube, outil ou dérive

LPLP : Quel regard portes-tu sur l’évolution de la pêche aujourd’hui ?

Bar d’Écume : L’image de la pêche a changé. On est passé d’une pratique passive à une approche active, technique, visuelle. Les jeunes s’y intéressent, en partie grâce aux réseaux. Mais ça entraîne aussi une dérive matérialiste : le pêcheur est jugé sur son matos, pas son expérience. Il y a beaucoup de mimétisme.

LPLP : YouTube peut-il rendre la pêche plus accessible ?

Bar d’Écume : Oui, s’il est utilisé avec sincérité. Mon but est de rendre la pêche compréhensible, accessible, vivante. Beaucoup de gens m’ont écrit pour dire qu’ils s’étaient (re)mis à pêcher grâce à mes vidéos.

LPLP : Des YouTubeurs que tu admires ?

Bar d’Écume : Cyril Chauquet, qui a vraiment démocratisé la pêche. Et Sébastien Spring, l’un des pionniers.

Et maintenant ?

LPLP : Un conseil pour ceux qui veulent se lancer ? 

Bar d’Écume : Faites-le par passion. Et soyez vous-même.

LPLP : Un projet à venir ?

Bar d’Écume : Un tournage en Amazonie, en immersion dans une tribu indigène. On les suit dans leurs traditions, pêche et chasse à l’arc, avec une approche culturelle. L’idée est de confronter traditions et pêches modernes. Un vrai reportage prévu pour la fin d’année.

LPLP : Et si tu devais choisir entre mer et eau douce ?

Bar d’Écume : Cruel dilemme… mais je choisis l’eau douce. C’est là que tout a commencé, et la perche reste mon espèce favorite.

« La chance, c’est quand la préparation rencontre l’opportunité. »
Un adage qui colle parfaitement à Bar d’Écume, dont le succès repose sur une passion sincère, un travail acharné… et quelques beaux poissons

Retrouvez toutes les vidéos de Bar d’Ecume sur sa chaine Youtube : https://www.youtube.com/@bardecume

Retrouvez cette interview dans le n° 957 de La Pêche et les Poissons

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