Eaux teintées : boostez vos streamers pour pêcher le brochet

La pêche à la mouche est certainement la seule pratique qui, quel que soit le poisson recherché, ne parie que sur la stimulation d’un seul sens : la vue. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle est aussi plus souvent aléatoire, dépendant beaucoup des conditions de pêche du jour.

S'adapter

Malgré son excellent système de ligne latérale, qui lui permet de déceler une présence de nourriture quelles que soient les conditions de luminosité, le brochet préfère néanmoins très nettement les eaux claires pour mieux cibler ses assauts. Cette préférence marquée l’est aussi de nombreuses espèces carnassières de nos eaux douces. Dans les cas de figure au cours desquels la turbidité de l’eau s’intensifie, l’attractivité d’un streamer est très largement prise en défaut et nombreuses sont ses qualités qui, dans de telles conditions, deviendraient presque des défauts. On est immanquablement contraints d’adapter ses choix et ses montages, notamment en amplifiant certains traits de caractère. Avant tout, il est important de veiller à ce que l’imitation génère un maximum de perturbations dans l’eau. Si l’exercice est d’une simplicité enfantine pour un pêcheur aux leurres, il l’est beaucoup moins à la mouche.

Effet popper

En l’absence de bavette, l’augmentation de la taille et de la superficie de la tête du streamer est un élément de départ important. Ainsi, moins profilé et plus résistant à la récupération, le streamer aura la capacité de déplacer un volume d’eau un peu plus important. De nombreux moyens sont à la disposition du monteur pour y parvenir de façon simple. Le premier est de modéliser une tête large, plate et ronde, après le travail des fibres, à l’image du mythique Buford ou d’un façonnage à partir de bucktail. Une autre option consiste à créer la tête en utilisant une large gaine tressée ce qui donne un rendu pour le moins original. Plusieurs matériaux prêts à monter, dont toute l’action est basée sur le brassage de l’eau – pike tail, dragon tail, wiggle tail, palette, etc. – sont utilisables ici.

Faire du bruit 

Mais on le sait, l’attractivité de certains leurres, dans des conditions de visibilité faible, vient des bruits qu’ils émettent, en général d’assez haute fréquence. La solution, ce sont bien sûr les rattles. Ces discrètes petites capsules de verre ou de plastique contenant plusieurs billes, en général métalliques, peuvent en effet « sonoriser » efficacement un streamer. Les plus petites tailles s’intègrent facilement au montage, sans impacter ni l’équilibre, ni le poids, ni la nage du streamer. Le choix du rattle devra être adapté en fonction de la taille du streamer, mais aussi du son qu’il émet. En temps normal, je pars du principe que les ondes à haute fréquence déclenchent le plus souvent des attaques par agressivité. Par eaux sales, il facilite simplement la localisation d’un streamer par ailleurs discret. Certains distributeurs proposent des modèles de rattle en plastique dont la forme est pensée pour faciliter leur fixation sur la hampe de l’hameçon. Les modèles en verre, avec leur forme très particulière, sont à intégrer différemment sachant que leur fragilité n’aide pas vraiment… Mieux vaut donc les protéger en les insérant dans une gaine. Personnellement, j’opte pour des tronçons de mylar que je ligature de part et d’autre.

Les coloris

Dernier détail important qui peut apporter un plus en eau trouble : le coloris. Dans de telles conditions, la pénétration de la lumière est faible. Tous les streamers sont plus ou moins perçus comme une sorte d’ombre grise par les carnassiers. Inutile donc de chercher de savantes associations de couleurs. L’idée est plutôt d’imaginer le contraste maximum, faisant le mieux ressortir l’imitation dans le décor. Parfois, il faudra passer par les fluos, parfois par des modèles entièrement blancs ou noirs ! N’ayez crainte, on finit toujours par trouver !