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Daurades grises au tenya : retardez vos ferrages

La daurade grise, avec son allure tranquille, est un poisson sympathique. Elle est commune sur certains secteurs et permet de réaliser de jolis paniers. Nous accompagnons Gaël Rognant, guide de pêche professionnel, pour une pêche ludique : le tenya, une technique japonaise encore assez récente chez nous.

Nous retrouvons Gaël Rognant au port de Crozon. Toujours partant et de bonne humeur, il est de ces pêcheurs avec qui sortir est toujours un plaisir. Maîtrisant un grand nombre de techniques, il est aussi à l’aise en mer qu’en eau douce, capable de pêcher des lieus aux shads depuis un semi-rigide, ou des perches aux spinners dans un petit étang. Ce jour-là, nous retrouvons notre ami pour la recherche de la daurade grise. Il ne faut que quelques minutes de navigation pour trouver le premier poste.

Il ne faut que quelques minutes de navigation pour trouver le premier poste.
Crédit photo : Erwan Balança

Rayures et teintes de bleu

La daurade grise (Spondyliosoma cantharus) est un joli sparidé à la robe variée. Si un spécimen vivant a une robe argentée, cette dernière devient grise une fois mort. Ce poisson possède des barres verticales sombres, plus ou moins marquées, parfois très discrètes. La coloration de la daurade variera avec son état de stress ou de peur, comme pour beaucoup de poissons.

Notez les reflets bleus sur ce joli spécimen.
Crédit photo : Erwan Balança

Le flanc est marqué de bandes discontinues horizontales de couleur jaune. Chez les plus gros individus, de belles teintes de bleu sont visibles sur la tête et le corps. La daurade grise possède une petite tête et une petite bouche. Cette dernière est garnie de nombreuses petites dents, mais la daurade grise ne possède pas, comme sa cousine royale, de fortes molaires. Elle fait partie des espèces de poissons hermaphrodytes protogones : elle change de sexe au cours de sa vie. Elle est d’abord femelle puis devient mâle au bout de sa huitième année. Les premières pontes ont lieu au printemps et la fraie se poursuit en été, selon les régions. Les œufs sont délicatement déposés dans un nid préparé par le mâle, qui se chargera ensuite de les surveiller jusqu’à l’éclosion. Les larves pélagiques se nourrissent de zooplancton. Il faudra plusieurs années avant qu’elles deviennent des poissons de grande taille, le maximum chez la daurade grise étant d’une soixantaine de centimètres.

Pour Gaël, le poste idéal est un fond plat de maërl, ou un mélange de maërl et de sable, situé à proximité d’une tête de roche.
Crédit photo : Erwan Balança

Cherchez les zones sablonneuses

Vivant près de la côte, on peut la trouver sur les fonds rocheux et les substrats sableux. On la découvrira aussi dans les fonds couverts d’algues, qu’elle consomme à l’occasion. Elle se nourrit aussi de crustacés, de mollusques et de petits poissons. Durant l’hiver les adultes vont au large pour atteindre des fonds importants et des eaux aux températures plus clémentes. Au printemps, quand celles de l’air et de l’eau remontent, les daurades sont de retour sur les côtes. Cette migration saisonnière est aussi associée à la période de ponte. Pour le pêcheur à soutenir, c’est une aubaine. Les poissons sont introuvables en hiver, mais à la belle période, la daurade grise vient très près des côtes et la pêche pourra commencer en avril ou en mai. Elle vit sur des fonds mixtes où alternent différents environnements offrant l’intégralité du spectre alimentaire. Notre sparidé raffole des zones sablonneuses à proximité de plateaux rocheux. Dans ce type de biotope, ce poisson omnivore, qui se nourrit de crustacés et de divers petits poissons, trouvera un repas varié. Pour le rechercher, Gaël utilise les cartes SHOM (le service hydrographique et océanographique de la Marine). Le SHOM est un service de l’État ayant pour mission de connaître et de décrire l’environnement physique marin. Il produit des cartes d’une grande précision. Gaël va privilégier les fonds de maërl, constitués d’accumulations d’algues riches en calcaire, qui sont d’une très grande richesse et sont fréquentés par de nombreuses espèces. Pour éviter d’accrocher le montage, il privilégiera des zones plates car la technique, lorsque l’on pêche au tenya, consiste à gratter le fond. 

Notre guide installe un tenya orange sur sa ligne, une couleur qui plaît bien aux grises
Crédit photo : Erwan Balança

Tenya et crevette

Le tenya est une technique japonaise, mixant leurre et appât, utilisé depuis quelques années en France. Il est d’une efficacité redoutable et il permet de capturer de nombreuses espèces : sparidés, daurades, grondins, maquereaux, roussettes… Gaël utilise régulièrement cette technique en rade de Brest ; il a ainsi capturé une quarantaine d’espèces différentes. Les cannes sont déjà montées et ce dernier nous tend un paquet de crevettes très appétissantes. Ce n’est pas pour la dégustation, mais pour escher les hameçons. Les deux appâts préférés de Gaël sont la crevette et le calamar. Il profite des grandes marées pour capturer des crevettes grises et roses et une fois cuites, il les congèle dans des sacs en plastique. Ainsi, il n’a pas le souci de s’approvisionner avant la sortie : il lui suffit de sortir un sac quelques heures avant le départ à la pêche. Et si tous les appâts n’ont pas été utilisés, ils retournent au congélateur dans l’attente d’une prochaine partie de pêche. La première dérive commence, et comme nous l’avait annoncé notre pêcheur, le premier poisson ne se fait pas attendre ! Gaël remonte un magnifique rouget grondin, impressionnant avec ses larges nageoires pectorales écartées. Cette première prise est de toute beauté.

À peine piquée, cette daurade est tout de même arrivée à l’épuisette.
Crédit photo : Erwan Balança

Savoir retarder le ferrage

Nous n’avons pas attendu la fin de la première dérive pour voir notre ami remonter le premier poisson. Comme nous l’explique Gaël, si les daurades sont présentes, si la dérive est lente et que l’on prospecte avec précision, la touche ne se fait pas attendre ! La technique est assez simple : il faut laisser descendre le montage le plus possible à l’aplomb du bateau et garder le contact avec le fond. Comme souvent, avec ce type de pêche, l’important est de bien garder le contact sans trop brider la ligne. Nous loupons les premières touches en raison de nos ferrages : nous sommes trop rapides. Il nous faut donc oublier nos réflexes de pêcheur aux leurres, mais ce n’est pas si simple ! Ici nous sommes plus proches d’une pêche classique aux appâts : quand on perçoit la touche, il faut rendre la main et attendre de bien sentir le poids du poisson pour enfin ferrer fermement. Nous nous répétons, comme un mantra, « ne pas ferrer, ne pas ferrer ». Une nouvelle touche se présente à nous rapidement et nous attendons quelques dizaines de secondes avant de ferrer, et cette fois, le poisson est pris. À notre tour, nous remontons une belle prise : une grosse daurade avec de magnifiques tons bleus. La pêche peut commencer.

Si vous retardez votre ferrage, le succès sera au rendez-vous !
Crédit photo : Erwan Balança

Le matériel

Il existe des cannes prévues spécialement pour la pêche au tenya, mais Gaël utilise avec succès une canne destinée à la pêche aux leurres ayant une pointe sensible et souple. Les leurres : pour pouvoir répondre à toutes les situations, il faut avoir plusieurs grammages dans sa boîte. Le leurre doit être le plus possible à l’aplomb du bateau, et en fonction de la profondeur, du courant, du sens de la dérive, il va falloir adapter le poids du montage. La couleur favorite de Gaël est l’orange et certains tons sombres.

 

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