Le Cantal est surtout connu pour ses truites sauvages. Il faut dire qu’avec 6 300 kilomètres de cours d’eau de première catégorie, la belle mouchetée est le poisson roi ici ! Julien nous avait guidés il y a quelques années et nous avions pu, grâce à sa connaissance de la pêche au toc, capturer de magnifiques farios aux superbes robes. Mais il ne faut pas oublier les lacs de barrages dans ce beau département (comme les étangs de Roudeix, découverts avec Julien). Avec 2 500 hectares de retenues hydroélectriques où vivent et prospèrent sandres, brochets et perches, c’est un formidable terrain de jeu pour les pêcheurs. « Ce que j’aime dans notre région, c’est qu’il est possible de pêcher dans de nombreux lieux sauvages et nous avons un choix presque illimité ! » Julien n’est pas chauvin, mais presque… on le comprend.
Tout doucement
La technique du jour sera le poisson mort manié, mais pas sur la monture « classique » car nous allons aujourd’hui pêcher en verticale, une pêche lente, et nous voulons présenter notre poisson mort bien à l’horizontale par rapport au fond. Cette monture, fabriquée par Vario, permet de présenter l’appât ou le leurre avec une inclinaison de 30° par rapport au fond quand on le pose, imitant ainsi un poisson en train de fouiller. Par contre, à l’arrêt entre deux eaux, elle se tient bien à l’horizontale comme un poisson vivant, à la différence des montures articulées en tête, type Drachkovitch, prévues pour être animées en lancer ramener.
Il est possible de positionner de différentes façons le poisson sur la monture. Soit un positionnement vertical, comme sur une monture classique de type Drachkovitch, soit en le positionnant à plat par rapport à l’agrafe. Cette fixation, la préférée de Julien, permet au poisson de se poser à plat sur le fond comme un poisson mort et lors des déplacements son corps ondule davantage, créant de fortes vibrations.
Ça plane pour lui
Deux types d’animations sont possibles. La première est dynamique, en dents de scie ou au contraire une animation minimaliste en laissant évoluer le poisson mort de façon linéaire. Pour Julien, la première donne rarement de bons résultats. Les sandres ont évolué au fil des années et semblent aujourd’hui préférer les présentations assez lentes et surtout planantes. Une monture fixe est alors supérieure. En approche du poste au moteur électrique, c’est tout en délicatesse que Julien positionne le bateau dans une anse bordée de falaises rocheuses. Pour notre guide, si la monture et l’animation sont des éléments déterminants pour le succès de la pêche du sandre en barrage, il y en a un autre essentiel, c’est la connaissance des tenues des poissons et de leurs périodes d’activité. Certains postes sont fameux le matin au lever du jour, d’autres en milieu de journée, d’autres le soir. Quelques-uns, même s’ils semblent prometteurs, ne donnent jamais une touche !
Le bon poids
Nous pêchons entre cinq et dix mètres de profondeur. Le choix du grammage des têtes plombées se fait suivant la règle classique d’un gramme par mètre. Julien me présente son animation favorite. Elle consiste en une série de tirées de moyenne à faible amplitude, suivie d’un relâché, tresse parfaitement tendue, canne accompagnant lentement la monture jusqu’au fond sans jamais laisser de mou pour percevoir la moindre touche et pouvoir ferrer rapidement. N’ayant jamais testé cette méthode auparavant, je mets à profit ma première sortie pour l’expérimenter sous l’œil du guide. Essai vite transformé, puisque je capture rapidement un brochet non maillé mais très énergique.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Julien ouvre le bal avec la capture du premier sandre de la journée, un beau poisson qui n’a pas résisté à cette fameuse monture idéale pour la pêche en linéaire ou en verticale. Le temps de peaufiner le positionnement de la canne ainsi que l’accompagnement de l’appât et j’enregistre ma première touche. Véritable révélation, cette technique rend rapidement accro. Vite, je remonte un poisson mort sur l’épingle !
Le montage en détail : une monture polyvalente
La monture est un modèle de chez Vario, petite entreprise installée en Aveyron que nous avons présenté dans notre dossier du mois de novembre 2023. La monture est constituée d’une tête football ou demi-football en plomb, coulée sur une épingle. On peut armer la monture avec une ou deux empiles, donc un ou deux hameçons. Pour le sandre, Julien utilise deux hameçons (VMC n°8 et 10), un placé derrière la tête et un second sur l’arrière du poisson. Pour le brochet, il fixe un seul triple plus fort de fer. Les empiles sont démontables ce qui permet de les adapter à la taille des poissons morts utilisés comme appâts. Généralement, il choisit des gardons d’une dizaine de centimètres pour les sandres. Quand il recherche les brochets, Julien préfère des appâts un peu plus grands pour offrir une plus grosse bouchée (entre 12 et 15 centimètres). Les avançons de ces montures sont réglables, il suffit de les enrouler plus ou moins autour de l’œillet de fixation de la monture.