Julien Katzenfort fait partie de ces guides de pêche toujours souriant et ultra-polyvalent. Il est capable de capturer une belle truite au toc dans un petit ruisseau de montagne, de tromper un ombre en nymphe à vue dans les eaux claires d’une belle rivière, de leurrer de jolis sandres dans un lac de barrage aux leurres souples ou encore, comme c’est le cas aujourd’hui, de traquer les brochets dans les eaux peu profondes d’une tourbière.
Une belle tourbière
Il est accompagné de Céline, une souriante et charmante jeune pêcheuse. Elle est nouvellement arrivée dans la région. Travaillant dans le tourisme, elle a fait appel aux compétences de Julien pour connaître le patrimoine halieutique du territoire et travailler à sa mise en valeur. Notre lieu de pêche, les étangs de Roudeix, à cheval entre Cantal et Puy-de-Dôme au cœur de l’Artense, est charmant, on se croirait en Suède. Julien nous explique que nous sommes sur une ancienne « sagne », nom local pour désigner une prairie humide tourbeuse. Ces étangs de tourbière sont bien représentés dans la région et peuvent offrir de très belles surprises.
Le peuplement piscicole de base est constitué de rotengles, de gardons, de tanches et de carpes. Les principaux carnassiers sont les brochets et les perches. Il y a quelques sandres de grandes tailles et une toute petite population résiduelle de black-bass rescapés d’une tentative d’acclimatation. Les perches sont globalement petites et présentes en grande quantité, servant de fourrage aux brochets. Ces derniers ne grossissent pas énormément compte tenu de l’acidité de l’eau et de la rudesse du climat. Certains hivers, les étangs restent gelés pendant trois mois. Il est alors possible de pêcher le carnassier sous la glace comme dans les pays nordiques. Au fil des saisons, ce lieu offre une belle palette de plaisirs. Les deux étangs sont entourés de petites mares peu profondes riches en batraciens : grenouilles vertes, rousses et tritons. De la fin de l’hiver au début du printemps, la période des amours des batraciens bat son plein, et les brochets viennent chasser en surface ces petites friandises. Pour le pêcheur, il y a des moments exceptionnels à vivre. Certains jours, les brochets sont furieux, et le passage d’une « frog » ou d’un leurre imitant un batracien déclenche des attaques puissantes à la surface de l’eau.
Entre Écosse et Suède
Je suis subjugué par le décor, on se croirait dans une peinture flamande de Jérôme Bosch : la lumière est magnifique et seuls quelques rayons de soleil traversent le ciel chargé. Pas un souffle de vent, les nuages se reflètent à la surface du lac, c’est féérique. Nous nous approchons de quelques pas pour percer les mystères de ce miroir. Sans surprise avec ce sol tourbeux, l’eau est couleur vieil or, comme un bon single malt ou l’eau d’un lac écossais. Julien nous annonce la couleur : « Ici, les brochets sont des bijoux ! Leur robe n’a rien à envier à celle de leurs cousins écossais. Adeptes du camouflage parfait, ils arborent des couleurs très contrastées passant du jaune pâle à l’orange clair avec des taches vert-brun à marron foncé. » Côté météo, même si l’ambiance est très belle, on sait que pour la pêche ce n’est pas terrible. Il fait très chaud pour un mois de juin, trop chaud ! Cela fait quelques jours que nous sommes dans la région, et la pêche est très difficile. Comme dans tout l’Hexagone, les niveaux d’eau sont très bas pour la saison, et les températures particulièrement élevées. Sur le lac, notre guide nous annonce un manque de 30 cm d’eau et une température en surface qui dépasse déjà les 20°C. Julien nous a prévenus, le potentiel de ce beau lac est énorme avec une très belle population de brochets… mais les conditions sont désastreuses et les poissons risquent d’être calés : la pêche va être difficile.
Début difficile
Nous commençons en peignant minutieusement tous les postes bien dessinés sur les bordures. Les zones peu profondes sont prospectées aux leurres de surface et les plus encombrées avec des modèles montés en texan. Nous pêchons tous les trois avec des techniques différentes, nous changeons régulièrement de leurres, nous varions les animations tantôt rapides et sèches, tantôt lentes et souples. L’idée est de faire tourner un maximum de possibilités pour essayer de trouver ce qui décidera un brochet à sortir de son apathie. Quels que soient le leurre et sa présentation, les résultats sont identiques : rien ou presque. Quelques suivis timides mais aucune vraie attaque. Les rares poissons « presque » actifs se tiennent sans surprise dans les zones d’ombre et se contentent de suivre sans mordre. Ils sortent rapidement pour bousculer les leurres mais sans les engamer. Impossible de concrétiser une prise ! La matinée passe, aucune capture, et il fait de plus en plus chaud. Les conditions nous laissent peu d’espoirs pour la suite. Nous décidons de faire une pause. Julien et Cécile ont tout prévu, et le repas sur le bateau est un bon moment de gastronomie de la région ! Un demi saint-nectaire, quelques charcuteries locales et une tasse de café. Ces victuailles nous remontent un peu le moral. Nous nous remettons en action. Julien loupe un lancer, le leurre atterrit à quelques mètres devant le bateau. Il le ramène rapidement et stoppe sa récupération pour rectifier la trajectoire de notre embarcation qui se dirige vers un arbre immergé. Avant que le leurre ne touche le fond, il est stoppé net et une puissante traction tend la ligne. Julien est surpris et il n’a pas le temps de ferrer. L’attaque inattendue de ce brochet était aussi violente qu’imprévisible. Enfin, la première touche de la journée !
Une piste
À la pêche, une touche, même si elle est loupée, est souvent un pas pour avancer dans la compréhension de l’état d’esprit des poissons. C’est un premier indice, une source d’information, mais ensuite il faut être capable de savoir le déchiffrer. Alors, évidemment, ça cogite dans la tête de notre ami. Il essaye d’analyser ce qui vient de se passer et il nous propose un plan de bataille : « Il faut un leurre qui attire l’attention du poisson, voire un leurre qui l’énerve, capable d’évoluer à grande vitesse en envoyant beaucoup de signaux. On va essayer un jerk, car le leurre doit être capable lors des arrêts de papillonner doucement en restant dans le champ de vision des poissons. » Julien donne à Céline un modèle aux flancs argent qui rassemble toutes ces qualités. Le but du jeu : lancer proche des structures, animer rapidement, voire sèchement, puis opérer de très longues pauses, bannière semi-tendue en espérant déclencher une touche franche. Le résultat ne se fait pas attendre ! Les brochets réagissent sur cette nouvelle présentation. Ce ne sont pas encore des attaques parfaites, car les poissons rechignent à prendre le leurre dans la gueule, mais la pêche est devenue plus excitante. Après plusieurs touches avortées, Céline ferre un poisson très correct en bord de gueule, mais suffisamment piqué pour enfin être monté au bateau. Les deux amis sont aux anges, sourire aux lèvres. À la pêche, tout peut changer rapidement !
Notre guide
Julien propose des prestations de guidage à la mouche aux streamers ou aux leurres, en bateau ou float-tube, aux locataires des chalets et plus ponctuellement au grand public. Julien Katzenfort Moniteur
guide de pêche
2 rue de Marchassou
15270 Champs-sur-Tarentaine-Marchal
Tél.: 06 48 67 17 64
Site : www.sancyguidagepeche.fr
Un superbe hébergement
Les chalets lacustres de Roudeix offrent de belles possibilités d’hébergement et de pêche toute l’année. Mouche aux streamers et pêche de surface de fin avril à début juin, puis texan dans les obstacles, pêche en verticale sur la partie la plus profonde du lac qui a une population intéressante de sandres. Il y a un bon peuplement de truites et saumons de fontaine (lâchés). Les carpes peuvent aller jusqu’à 18 kg. Et en hiver, lorsque le lac est pris par la glace, c’est l’occasion de découvrir la pêche au trou depuis les chalets (prêt de tarière et de cannes).
Site : https://chalets-lacustres-roudeix.com/
Réservation : contact@chalets-lacustres-roudeix.com