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Un omble très rare : le Kundza, le léopard du Kamtchatka

Je ne vous ai pas encore parlé du kundza (souvent écrit kundja en français), cet incroyable salmonidé qui est endémique seulement de la mer d’Okhotsk et de quelques rivières de l’Extrême-Orient russe, du Kamtchatka et du Japon. Cette petite répartition en fait un des plus rares et donc un des plus beaux coups de ligne lorsque l’on voyage sur ces destinations lointaines. Il s’agit encore une fois d’une variété d’omble et non pas de truite. Gros plan sur le léopard des rivières de l’Extrême-Orient russe.

La mer d’Okhotsk d’où vient ce superbe poisson est donc une mer de l’océan Pacifique, située entre la péninsule du Kamtchatka à l’est, les îles Kouriles au sud-est, l’île de Hokkaido à l’extrême sud, l’île de Sakhaline à l’ouest et une longue côte de la Sibérie orientale au nord comprenant les îles Chantar et la péninsule du Kamtchatka au nord-est. C’est ici que vit Salvelinus leucomaenis, l’omble à taches blanches ou points blancs en français et plus souvent appelé Kundza. Étant tout de même un poisson endémique de l’océan Pacifique, il est surprenant d’ailleurs de ne pas le retrouver en Alaska ou sur les îles Aléoutiennes qui s’étendent presque jusqu’à la péninsule du Kamtchatka. Nommé également « iwana » au Japon, il existe à la fois des formes sédentaires et d’autres anadromes de ce poisson. La forme enclavée en eau douce atteint rarement plus de 35 cm de longueur et préfère les cours d’eau froids et bien oxygénés. C’est l’un des salmonidés préférés des moucheurs japonais. Le kundza migrateur profite, lui, de la profusion de nourriture marine de la mer d’Okhotsk pour arriver à une taille moyenne d’environ 60 à 70 cm avant de remonter se reproduire en rivière. Le plus grand spécimen capturé mesurait 120 cm et était âgé d’environ neuf ans.

Alexis nous présente un kundza exceptionnel, un mâle ayant déjà pas mal de rivières, sa robe s’est colorée de brun jaune, une merveille de la nature.
Crédit photo : Herlé Hamon

Une espèce très peu connue et trop peu étudiée

Nous avons malheureusement très peu d’informations sur cette espèce qui n’a quasiment pas été étudiée. Nous savons qu’il réside non loin des côtes de la mer d’Okhotsk qui serait sa zone de grossissement et qu’il se nourrit de poissons fourrages ainsi que de crevettes et autres petits crustacés. Cela lui permet d’atteindre rapidement une taille respectable. Ensuite, il remonte se reproduire dans les cours d’eau se jetant dans cette mer et ses alentours. Les plus petits spécimens anadromes que j’ai pris faisaient environ 50 centimètres et devaient avoir passé moins de deux saisons en eau salée. Les plus gros frôlaient le mètre ! Il semble donc que cet omble puisse accomplir plusieurs voyages estivaux pour se reproduire au contraire des saumons pacifiques mais à l’instar des steelheads ou encore des saumons atlantiques. Il n’y a par exemple qu’un seul record IGFA « toutes techniques » qui date de 2006, un poisson de presque 8 kilogrammes pris en Sibérie Orientale et c’est tout… Cela est assez rare pour être signalé à l’heure où certains pêcheurs sont pris de « recordite aiguë » et où l’on voit fleurir les homologations de « gobies cendrés » d’un côté ou « de marlin sur ligne de 4 livres » de l’autre… Sans commentaire… Nous parlons donc d’une rareté halieutique en effet, excepté au Japon où la variété sédentaire ainsi que ses sous-espèces sont régulièrement pêchées à la mouche, notamment dans les ruisseaux et rivières de l’île d’Hokkaido.

Le kundza se bat très bien, il ne faut pas oublier que l’espèce anadrome remonte directement de la mer et possède la puissance et l’endurance des poissons marins.
Crédit photo : Herlé Hamon

Un poisson isolé surtout en Sibérie orientale et au Kamtchatka

La plupart des autres cours d’eau pour capturer les gros sujets anadromes sont perdus au fin fond de la Sibérie ou du Kamtchatka. Cela implique donc une logistique très compliquée pour atteindre les zones favorables ! Bien souvent, il faut prendre l’hélicoptère pour atterrir dans des contrées particulièrement sauvages et reculées et cela a un coût élevé en plus de la difficulté d’organisation au fin fond de la Russie. Ensuite, le kundza remonte à partir du mois d’août seulement, pas dans toutes les rivières loin de là et en nombre beaucoup plus restreint que les saumons pacifiques ou les dolly varden dont nous avons parlé auparavant. La plupart du temps nos streamers sont interceptés par les autres espèces avant de tomber sur un kundza en chasse. En effet, autant la variété sédentaire peut se prendre en sèche ou en nymphe dans les ruisseaux japonais, autant les spécimens anadromes deviennent presque exclusivement piscivores ! J’ai eu l’opportunité de le pêcher en Sibérie Orientale et également au Kamtchatka et on peut considérer les poissons de plus de soixante-dix centimètres comme de rares trophées. Lors de mon dernier séjour au Kamtchatka dans une rivière où normalement remontent les kundzas nous en avons pris un seul pour le groupe dans la semaine alors que nous prenions de nombreuses truites arcs-en-ciel, saumons silver et dolly varden chaque jour…

Gros plan sur ce magnifique salmonidé et sa robe unique le faisant vraiment ressembler à un fauve de rivière
Crédit photo : Herlé Hamon

Gros kundzas, grands streamers !

Ce poisson est donc un prédateur et les gros sujets réagissent surtout à de grands streamers articulés. Les couleurs efficaces pour les saumons pacifiques c’est-à-dire chamarrées comme le rose, orange, violet… peuvent marcher. Cependant, je dois mes deux plus gros sujets, faisant plus de quatre-vingt-dix centimètres tout de même, à une grande mouche argentée à tête rouge qui imite plutôt une petite truite arc-en-ciel ou un saumoneau blessé par exemple. Le matériel à utiliser doit être le même que pour la pêche des silver, une 9 ou 10 pieds pour soie de 8 est un bon compromis. Une soie flottante à pointe plongeante est idéale pour faire évoluer ce genre de streamer. Les combos du genre Versi Tip ou Quad Tip permettant de changer facilement la tête de la soie pour passer par exemple d’une intermédiaire sur un radier à une plongeante rapide dans un gouffre profond sont tout indiqués. Les fins de pool voire les bras morts sont des postes de choix pour les gros kundzas qui chassent à l’affût un peu à l’instar du taïmen en Mongolie.

Dominique ramène un joli kundza pris dans un bras secondaire de la Yama River en Sibérie. Celui-ci a succombé à un gros streamer articulé en lapin rose
Crédit photo : Herlé Hamon

Une robe digne des plus beaux félins !

Son incroyable robe, variant du beige au brun jaune suivant le temps passé en eau douce, est constellée de véritables taches blanches sur les flancs et d’un dos vermiculé comme celui d’un omble de fontaine. Cela contraste avec son ventre blanc et lui donne vraiment une allure de fauve de rivière avec cette parure digne d’un léopard ou d’une panthère des neiges ! Sa gueule est largement fendue et un peu aplatie ce qui montre encore son appartenance à la famille des prédateurs. Il se montre assez agressif et ses touches ne sont pas très subtiles ! Il attaque violemment les streamers et livre de beaux combats tout en puissance. Son corps cylindrique et musclé lui permet de prendre le courant et de lutter longuement. C’est un super adversaire au bout d’une canne à mouche.

Les zones calmes sont des postes de choix pour les gros kundzas, surtout lorsque vous avez des caches et des embâcles comme du bois mort.
Crédit photo : Herlé Hamon

Un vértiable prédateur

Je me rappelle un séjour sur la Yama river en Sibérie où j’ai eu la chance de capturer plusieurs kundzas anadromes de bonne taille. La plupart de ces poissons étaient postés dans des bras secondaires de la rivière parfois même proches de gros embâcles de bois. Cela prouve encore une fois leur comportement carnassier et le fait qu’ils se nourrissent en rivière à la différence des saumons. Ils sont opportunistes et ne laissent pas passer une belle bouchée. C’est pourquoi les grandes mouches de plus d’une douzaine de centimètres sont les plus efficaces. Au Kamtchatka, j’en ai pris également de plus modestes sur ce qui semblait être des zones de frayères pour les saumons. Les kundzas étaient juste derrière comme le font les grosses truites arcs-en-ciel qui se gavent des œufs libérés par les femelles. Je pense que nos léopards de rivière avaient ici les mêmes intentions ! Cependant, aucun de ces poissons ne dépassait la soixantaine de centimètres, les plus gros sujets semblant préférer les proies plus dodues ! Ce poisson me fascine je dois dire, sa beauté d’abord, ensuite le fait qu’il puisse atteindre plus d’un mètre de long et enfin son aire de répartition dans une des régions les plus sauvages et préservées au monde. Comme je l’ai évoqué ci-dessus, mon dernier séjour au Kamtchatka sur l’Icha River a été un échec dans la quête de ce léopard aquatique. Je pense déjà à une nouvelle expédition estivale pour croiser le fer avec cet incroyable poisson. Ce qui est certain c’est que ce sera au fin fond de la Russie, au pays des ours dans un environnement préservé qui nous ramène à nos origines et nous rapproche de notre mère à tous, la Nature avec un grand N !

Mon ami Bertrand avec un superbe spécimen pris sur une gravière occupée par des saumons pacifiques. Encore une fois, une mouche argentée à tête rouge a déclenché l’attaque.
Crédit photo : Herlé Hamon

 

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