La première des choses est de choisir une destination et de préparer sa session en amont. À chacun ses raisons pour choisir un lac plutôt qu’un autre : son cheptel, sa beauté, sa difficulté, sa réputation… Il y en a des centaines sur le circuit, des plus connus aux plus confidentiels et mystérieux. Bien plus en tout cas qu’on ne pourra en pêcher dans une seule vie. On n’a donc que l’embarras du choix. Une chose est sûre, tous ont une saveur particulière à cette saison, à cause des couleurs typiques que prendra la végétation du début de l’été indien jusqu’à la perte des feuilles pour les caduques et surtout l’appétit retrouvé des poissons. Mes choix sont principalement guidés par deux choses : la géographie (altimétrie et latitude) et la météo, qui conditionnent la température des eaux. Depuis le solstice d’été, les jours ne cessent de diminuer sans que l’on ne s’en aperçoive vraiment. En revanche, après l’équinoxe d’automne (fin septembre), le beau temps commence à laisser place au vent, aux nuages et à la pluie, même si on peut espérer de belles journées jusqu’à la mi-novembre et les premières gelées. Cela a clairement un impact sur les êtres vivants, des végétaux dépendants de la luminosité aux poissons. Comme les températures extérieures baissent, les eaux et notamment celles de surface commencent à se rafraîchir. La nourriture naturelle est encore disponible pour quelques mois et peut l’être assez tard dans la saison selon la latitude. Les carpes savent qu’elles doivent en profiter.
Quels spots ?
Compte tenu du fait que la météo peut littéralement nous clouer sur place, sous des trombes d’eau, dans la tempête ou dans la boue (ou les trois), le choix des postes et de l’équipement – sur lequel je reviendrai –, est une fois de plus primordial. En grands lacs, cela a été dit cent fois, les poissons suivent le vent qui, à l’automne, vient souvent du sud-ouest. Choisir de pêcher la berge battue par le vent est souvent (pour ne pas dire toujours) une très bonne option qui, par ailleurs, offre l’avantage de pêcher dans ses bottes. De toute façon, le temps peut être parfois si tempétueux à cette saison qu’il sera impossible de sortir en bateau. Anticipez ! Les applications météo sont désormais suffisamment fiables pour parier sur l’avenir et choisir le bon poste. S’il n’y a pas de vent, il est toujours appréciable de pouvoir dégrader ses lignes pour pêcher différentes couches d’eau, par exemple 5, 10, 15 et 20 m de profondeur en fonction de la topographie des fonds et d’ajuster en fonction de la survenance des touches. On trouve assez facilement des cartes bathymétriques des principaux lacs.
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Le revers de la médaille, c’est que les grands lacs sont très fréquentés à l’automne. On l’a vu, c’est probablement la meilleure saison pour toucher des gros poissons et en nombre, avec le printemps. La difficulté du printemps, même si l’on peut toujours tirer son épingle du jeu, c’est de caler ses congés longtemps à l’avance en espérant tomber sur la bonne fenêtre d’une météo souvent changeante (en avril, ne te découvre pas d’un fil, les giboulées de mai…) voire d’échapper à la fraie (mai-juin ?). L’automne est à ce titre, je trouve, plus stable et en tout cas plus sûr en matière de résultats. C’est aussi pour cela qu’il y a beaucoup de monde à la pêche, avec en sus les pêcheurs de carnassiers (moins nombreux avant mai là où il existe une période de fermeture). Pour choisir un spot, je fais tout mon possible pour m’isoler des autres carpistes, quitte à aller dans les endroits moins accessibles et, en cela, une embarcation est indispensable. Concernant les pêcheurs de carna, j’ai l’impression que les nouvelles générations sont plus respectueuses ou plus familiarisées aux repères. Même avec la démocratisation des GPS, je vous conseille donc de marquer vos lignes (ou les limites droite et gauche) avec des repères fluo et de rester cordial avec nos frères de l’onde.
Quels appâts ?
Comme pour les autres saisons, on a toujours deux options : être mobile et pêcher au spot, pour un poisson, ou être plus statique et essayer d’amorcer plus ou moins lourdement. Cette seconde option peut permettre de réels cartons. En effet, pour se préparer à l’hiver, comme le veut la formule consacrée, les carpes sont censées faire le plein de protéine et de gras. Les graines ne sont donc pas particulièrement indiquées, même si elles prendront toujours des carpes. À cette saison, privilégiez plutôt les bouillettes dites « de qualité », à base de farines de poisson. En cela, la réglementation qui impose désormais d’indiquer la composition des billes (farines et pourcentages) sur les paquets vous sera utile. Ne vous prenez tout de même pas trop le chou avec la composition des appâts, les carpes prendront ce que vous leur servirez. En revanche, ayez ce qu’il faut sous la main. Si vous pêchez à l’assiette, de façon itinérante, il sera difficile de faire avec moins de 250 à 500 g par canne (et par touche). Si vous faites un amorçage de zone, sur l’équivalent d’un terrain de tennis ou un demi-terrain de foot, il vous faudra beaucoup plus de bouillettes. Tabler sur 5 à 10 kg par jour est là encore un minimum. Cela représente un coût qui s’anticipe, soit en roulant soi-même ses appâts, soit en passant des commandes groupées avec des potes pour avoir des tarifs dégressifs, soit en profitant des promotions et des prix Salons (on arrive à trouver des bouillettes à 5 ou 6 euros le kilo). Si 9 fois sur 10 il m’en reste, je préfère en emmener trop et en ramener que de venir à en manquer et passer à côté de la pêche.
Montages
Aucun montage alambiqué ou particulier ne me semble plus adapté qu’un autre en automne. Prenez celui qui a votre préférence, mais ne lésinez pas sur la solidité. Depuis plusieurs dizaines d’années que je pêche en lac, et ce, quelle que soit la saison, je reste fidèle aux pioches (Gamakatsu LS5275F en taille 2) pour la qualité de leur pointe et de leur piquant. D’aucuns disent que ces hameçons tricotent. Oui, selon la façon dont ils sont montés. Pour éviter cela, il faut faire des bas de lignes relativement courts (moins de 20 cm), avec une plombée de pré-piquage proche de l’œillet, afin qu’ils piquent en bordure de lèvre. Très souvent, j’esche une flottante, car je pêche plus les lacs de barrage de la terre du milieu que les réservoirs de l’Est, c’est-à-dire sur des fonds rocailleux. Je wrappe la flottante avec de la gaine thermo pour ne pas pêcher à la goutte d’eau, à cause des écrevisses, actives dans le Sud-Ouest jusqu’en novembre (Pareloup, Salagou…). Peut-être d‘ailleurs aurez-vous comme moi constaté que les attaques d’écrevisses sont souvent un signe précurseur de la présence de (grosses) carpes ?
Logistique et sécurité
Un point plus important que celui des montages est la logistique vestimentaire, l’abri et le couchage. Il faut s’accorder un minimum de confort pour ne pas abandonner face aux éléments. Je vous conseille très vivement d’investir dans une bonne veste de pluie. Prenez ce qu’il y a de mieux dans votre budget (comptez entre 100 et 160 €), vous ne le regretterez pas. Rester au sec change la vie en automne. Votre abri doit aussi résister aux trombes d’eau et au vent. À ce sujet, évitez chaque fois que possible de vous installer sous les grands arbres. Un bon bed, un duvet épais et une couverture étanche compléteront l’équipement. Personnellement, je n’ai jamais ressenti le besoin d’utiliser de chauffage, mais là encore cela dépend de la région dans laquelle vous irez. Investissez éventuellement dans une surtoile, ou au pire, mettez un petit coup de réchaud pour éliminer la condensation. Enfin, prenez quelques secondes pour enfiler votre gilet de sauvetage avant de partir en bateau. Un bon truc consiste à le laisser dans le bateau, dans un sac étanche si c’est un modèle à déclenchement automatique.
Y'a plus de saisons
J’ai dépeint des conditions météo peu engageantes, mais autant être préparé au pire. En fait, depuis quelques années, les saisons semblent moins marquées que par le passé. Les automnes ressemblent de plus en plus à l’été et les hivers sont bien moins marqués. On bat régulièrement des records de chaleur et les carpes ne cessent de grossir ici et là. Profitez-en, préparez vos sorties pour cet automne.