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La Loire, aux pays des marnages

Crédit photo Christophe Courtois
Si capricieuse, sauvage et mystérieuse, la belle Loire qui se déverse dans l’océan à Saint Nazaire (44) donne bien du fil à retordre aux pêcheurs de carpes qui osent l’affronter. Nous allons nous intéresser à ce fleuve sur une zone précise où le rythme des marées jouent avec le comportement des poissons. Ce « ruisseau » qui nous hante depuis des décennies cache encore bien des secrets. La nourriture y est tellement abondante que les carpes n’ont aucunement besoin de nos appâts, sans parler des eaux saumâtres qui changent en quelques minutes le comportement d’une faune sauvage. Au travers de cet article, nous allons vous parler d’une approche très spécifique et surtout très rythmée.

Un point sur le marnage

Le marnage est la différence de hauteur d’eau entre la pleine mer et la basse mer. Plus le coefficient de marée sera fort, plus les marnages de la Loire seront importants. La mer remonte depuis l’estuaire jusqu’à plus de 100 kilomètres en amont dans le lit du fleuve. Pour exemple, sur le secteur d’Oudon en Loire Atlantique, les niveaux peuvent varier de deux mètres voire plus lors des gros coefficients. Quand la marée monte, les eaux douces deviennent saumâtres avec l’arrivée de l’eau de mer. Il n’est pas rare d’observer des crevettes nager devant ses cannes ou encore quelques espèces que nous avons plus l’habitude de trouver sur l’étalage d’un poissonnier en bord de mer. Ce particularisme fait réfléchir le pêcheur à chaque sortie qui doit s’adapter mais également choisir le bon poste. En complément de ma petite expérience des lieux et pour attiser l’envie cruelle que j’ai d’y retourner, Hubert, qui pêche la Loire depuis de nombreuses années, nous partage dans cet article une mine d’informations qui vous aideront à faire la différence sur ces eaux si particulières, pour ne pas dire si lunatiques. Par exemple, il lui est arrivé à plusieurs reprises de pêcher par fort coefficient sans avoir la moindre touche pendant plusieurs jours, puis de revenir quinze jours plus tard avec des marnages moindres et d’enchainer les départs, sur le même poste, avec la même approche ! Les carpes s’alimentent différemment et sur des zones spécifiques selon les niveaux, les courants, les variations de températures…


Crédit photo : Christophe Courtois

Lors d’arrivées plus importantes d’eau saumâtre, elles auraient tendance à changer totalement de comportement pour s’alimenter moins ou se fixer sur d’autres nourritures comme les crevettes et invertébrés apportés par les courants puissants venant de l’Océan Atlantique. Pas simple de s’y retrouver avec toutes ces variations, la seule certitude pour mieux comprendre la Loire dans ce secteur, c’est celle qu’on se construit en pratiquant le plus régulièrement possible, en tenant à jour un carnet de pêche pour en tirer les constantes et les variables au fil des saisons.


Crédit photo : Christophe Courtois

Les crues

C’est de mars à avril que le fleuve est le plus capricieux, les crues et les débits sont particulièrement importants, les niveaux au plus haut à cause la fonte des neiges et des perturbations qui tombent sur le bassin versant, notamment sur le centre de la France. Les habitués ont tendance à déserter les berges à cette période. Lors des fortes crues, on ne saurait trop vous conseiller de ne pas la pêcher, à moins de trouver des zones de calme où le poisson est réfugié. En 2016, lors d’une crue qui a duré plus de trois semaines, de nombreux poissons se sont ainsi retrouvés piégés dans les champs à la décrue, situation dans laquelle il faut prévenir les instances de pêche locales ou encore la Fédération de pêche du département afin de voir comment il est possible de sauver quelques têtes. En cas de crue, ne prenez aucun risque, tomber dans la Loire pourrait être fatal.

En avant pour de nouvelles contrées
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Quand y pêcher ?

Avant l’été, il est possible de trouver les carpes qui se rassemblent pour frayer. L’avant frai peut être une période propice à de bons résultats. C’est aussi la période où la nourriture naturelle devient très abondante, notamment à proximité des zones d’herbiers qui sont à privilégier.

Pendant la période estivale, les marnages sont plus faibles. Quand les coefficients sont supérieurs à 85, il faut compter sept à huit heures pour que le fleuve descende à son niveau le plus bas, puis trois à quatre heures pour qu’il remonte à son maximum. L’été les eaux sont souvent claires et il est ainsi possible de localiser les poissons. Il faut prospecter, tester et surtout ne pas hésiter à changer de poste. Dans les zones où il n’y a pas de courant et peu de profondeur, les adeptes de la plongée peuvent allez fouiner afin de voir ce qu’il se passe de l’autre côté du miroir.

La période préférée pour notre cher Hubert, qui la pratique depuis plus de 20 ans, est assurément l’automne. Les eaux se refroidissent, les blancs sont moins actifs, et les carpes s’aliment en quantité afin de faire leurs réserves pour l’hiver, comme un peu partout en France. Avec le courant, il est possible de capturer des carpes toute l’année, pour la simple est bonne raison qu’elles doivent s’alimenter continuellement pour prendre des forces. A vrai dire, les périodes de léthargie sont rares sur ce type d’eau courante.

Joli doublé de communes sauvages
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Les secteurs en pêche de nuit

On dit que la Loire est un des derniers grands fleuves sauvages. Ce qui est certain, c’est que dans le département de la Loire Atlantique elle n’est pas toujours facilement accessible, surtout en voiture. Si vous êtes équipé d’un bon bateau et d’un moteur thermique puissant, il est préférable de partir d’une mise à l’eau. Vouloir s’approcher au maximum de la Loire en bravant les bancs de sable est une très mauvaise idée : vous risquez d’y laisser votre véhicule et pire encore, de le voir dériver dans le courant une fois que le niveau sera remonté.

Une commune typique de la Loire
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Pour autant, sur les parcours de nuit quelques chemins carrossables sont praticables et permettent de poser la voiture pas très loin du poste. Pour y acheminer le matériel, il est conseillé d’avoir une brouette et/ou de venir light. Entre Anetz et Oudon en Loire Atlantique, l’AAPPMA de l’ablette oudonnaise a ouvert la pêche de nuit en totalité sur les baux de la Loire qu’elle gère. Il y a également un autre parcours en rive droite géré par l’AAPPMA de l’amicale des Pêcheurs Anceniens. Même si ce n’est pas ouvert toute l’année (tout de même du 1er mai au dernier week-end du mois de novembre), c’est une très belle avancée pour le département afin d’y valoriser la pêche et de satisfaire les carpistes qui aiment se confronter à ce fleuve sauvage. Pour connaitre tous les parcours de nuit sur la Loire dans le 44, nous vous invitons à visiter la carte interactive présente sur le site de la Fédération de pêche. Voici le lien : https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=10Dbogy7ORXzEKfv3H4o1trF66oFZIu-8

Il y a aussi quelques belles miroirs
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Les spots

La Loire est large sur cette zone, avec de nombreux épis qui ralentissent considérablement les courants en bordure et qui aident à former des bancs de sable ainsi que des trous. Ces zones sont très intéressantes, les obstacles et la nourriture naturelle s’y déposant, les carpes s’y tiennent ou viennent s’y nourrir. Certaines rives enrochées où les courants sont soutenus sont également de très bonnes zones à prospecter. Ici il faut oublier le syndrome de la berge d’en face, c’est juste impossible. De toute façon, les poissons passent à vos pieds.

Pour trouver les bons spots, il faut prospecter, se balader le long de la Loire, muni de lunettes polarisantes et d’une paire de bottes. Les gros rochers, les arbres immergés ou de bordure, les virages, les bordures enrochées, les zones où l’alimentation est abondante (escargots d’eau, anodontes, corbicules) sont des valeurs sûres. Trouver un bon spot peut parfois demander plusieurs heures, la Loire est vaste et surtout très large sur cette partie. Il est préférable de bien chercher avant de s’installer. Parfois il ne faudra que quelques minutes pour localiser les carpes, surtout quand elles s’alimentent sur les bancs de corbicules ou encore quand elles trainent dans les herbiers ou les obstacles de bordures. Ici peut-être plus qu’ailleurs, le maitre mot de la réussite sera l’observation et la localisation des poissons.

Dépose d’un montage au pied des cailloux sur la bordure, dans le sable où les corbicules sont présentes
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Certains pratiquent la pêche en bateau, mais encore une fois, il est conseillé de bien connaitre la Loire afin de ne pas se retrouver échoué sur un banc de sable ou se retourner sur une tête d’épis immergé. Cette approche reste à mes yeux la meilleure, elle permet d’être mobile et de pêcher plusieurs postes lors d’une session. Pour les plus baroudeurs, un clin d’œil à quelques connaissances, une approche en canoé pendant l’été s’avère également un bon moyen d’accéder à certaines zones vierges. Pour cette dernière approche, il faut avoir des bras et une bonne dose de niaque !

Au-dessous de Nantes (vers Donges) et à revenir vers l’estuaire, nous arrivons sur la zone maritime, où il n’y a plus besoin de carte de pêche. La règlementation est la même que pour pêcher en mer, donc il est possible de pratiquer sa passion de nuit. Attention cependant, ces zones sont dangereuses, vaseuses, les bateaux y sont nombreux et les courants violents.

Les communes sont majoritaires
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Le cheptel

Les poissons de mer comme les mulets, les plies, les bars et bien d’autres espèces remontent la Loire. Cela n’est pas dérangeant pour la pêche sauf si vous pêchez à la graine, ce qui a pour effet d’attirer les mulets et par la même occasion son prédateur, le silure, qui est également très présent. Il y a de nombreux blancs, des brème et du barbeau. Quant aux carpes, les communes sont majoritaires avec quelques belles miroirs dans le lot. Il y nage également quelques cuirs, pour le plus grand plaisir des pêcheurs qui connaissent bien les lieux, car certaines de ces belles carpes trainent sur les mêmes secteurs.

Elles s’alimentent également la nuit
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La sécurité avant tout

On les voit les touristes qui viennent à quai et partir avec leur bateau. La plupart du temps, ils laissent leur véhicule en bas du quai, sans même penser que le niveau sera deux mètres plus haut quelques heures après. On ne le dira jamais assez, ne laissez pas vos véhicules sur les bords du fleuve. Même pendant la période de sècheresse l’été dernier, la Loire se remplissait lors des gros coefficients. C’est un peu comme en période de crue où l’on s’installe sur le sable paisiblement, sans penser que le niveau va brusquement monter. Lors de votre installation, il faudra bien penser à se mettre au sec et surtout regarder les coefficients afin d’anticiper et éviter la catastrophe. Nous ne pouvons que vous conseilliez de bien reculer votre campement, il serait dommage qu’en pleine nuit vous soyez dans l’obligation de déménager.

Même si ce cliché est flou, on peut admirer une belle commune de ce fleuve
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Même vous disposez d’un bateau de type zodiac équipé d’un moteur électrique, du type de ceux qu’on utilise en lac, ne vous aventurez pas dans les courants. Sur certains postes, des zones calmes se forment au milieux des épis, rendant la dépose possible en pneumatique selon les saisons. N’oubliez pas votre gilet de sauvetage !

Le matériel

Soyons clairs, pour les pêcheurs qui aiment la finesse, il va falloir changer vos habitudes. Il faut du costaud, de la tête de ligne en 60 centièmes voire plus sur une belle longueur (minimum 6 mètres pour éviter les frottements avec les rochers et autres obstacles), un corps de ligne très résistant comme de la tresse, des hameçons forts de fer avec un bas de ligne renforcé ou encore un nylon de gros diamètre. Certes, c’est une pêche de bourrin mais il faut savoir s’adapter dans les deux sens. Sur certaines zones il est possible de pêcher avec un rod pod, sur d’autres avec des piques parfois même des tripods.

Pour le bivouac, un simple hamac peut faire l’affaire sur de nombreuses zones, il y a de nombreux arbres. Sinon un brolly est un très bon compromis, voire un biwy sur certains postes.

La plupart du temps, la pêche se fait à moins de 100 mètres. Si vous pêchez dans les épis, il sera même possible de poser vos montages à pied par marée basse, d’amorcer par la même occasion et de contrôler les grouinages sur les spots au moins une fois par jour.

Pour les cannes, certains postes sauvages avec des arbres obligent le pêcheur à avoir des cannes courtes. Après il est tout à fait possible de trouver des lieux où vous pouvez pratiquer avec des cannes de 12 ou 13 pieds. Eviter les cannes trop souples, il est conseillé d’avoir de la réserve dans le blank car vous n’êtes pas à l’abri qu’une carpe rejoigne un gros courant ou décide d’aller se réfugier dans des obstacles, ou pire encore, qu’un gros silure souhaite jouer de longues minutes avec vous. Quelques bestiaux dépassent allégrement les 2.50 mètres.

Côté montage le spinner rig y est aussi efficace que partout ailleurs, il faut juste prendre des hameçons forts de fer et allonger un peu les bas de ligne (30 à 40 cm). Pour le lestage, sur les zones où il y a peu de courant, un plomb cube ou grippa de 100 à 150 grammes est suffisant. Par contre dès que les courants sont plus puissants, un cassant avec une pierre de 300 à 500 grammes est indispensable. Cette méthode au cassant est idéale pour pêcher en bordure au pied des enrochements.

Amorçage à marée basse
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Amorçage

Par expérience, évitez de pêcher à la graine, vous l’avez déjà compris. Cette technique attire les blancs dans un premier temps, puis les glanes qui viennent chasser puis nettoyer les postes. Nous ne pouvons que vous conseiller de pêcher à la bouillette, voire à la noix tigrée. Pour faire simple, deux kilos de bouillettes et cela deux jours avant votre venue est suffisant. Si vous avez localisé les carpes, pas besoin d’en mettre plus, un ALT peut avoir tendance à faire venir d’autres poissons… Evitez également le pellet, à moins que vous aimiez les bips à répétition. Lors de l’amorçage préalable, n’hésitez à en mettre sur une zone assez large, puis le jour J, une à deux poignées maximum par canne. S’il y a du courant, pensez à amorcer bien en amont de vos spots. Pas besoin de chercher à les nourrir, ni de miser sur un fort taux de protéines, les carpes ont largement ce qu’il faut au fond de l’eau. Juste de quoi leur donner un petit avant-gout avant de déposer vos montages.

Ça devrait tenir !
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Pour conclure

Il y aurait encore surement beaucoup à dire. Nous avons essayé d’aller à l’essentiel dans ces quelques pages et de vous donner envie d’aborder la Loire là où les marnages rythmeront vos journées. Je remercie Hubert qui m’a apporté de nombreuses informations complémentaires, lui qui connait les lieux comme ça poche. La Loire se mérite, elle est lunatique puisque vivant au rythme des marées, mais elle sait aussi récompenser les plus motivés. Nous n’avons pas parlé de poids, la moyenne n’est pas forcément bien haute mais nous le savons, il y nage quelques très beaux spécimens…

 

Infos pratiques :

 

 

 

  • La Fédération de pêche de Loire Atlantique :

11, rue de la Bavière
Zone Erdre Active - ZAC de la Bérangerais
44240 LA CHAPELLE SUR ERDRE

Tél : 02 40 73 62 42

https://www.federationpeche44.fr/

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