Chaudement habillé, le couple commence la fastidieuse préparation du matériel. L’organisation est bien réglée et les gestes sont précis… il est évident que ces deux-là ont déjà cumulé de nombreuses heures sur l’eau. Chacun gonfle sa monture, choisit ses cannes et sélectionne les leurres sous un timide rayon de soleil. Ils ont leur technique favorite : drop-shot double pour Fred et micro-leurre souple pour Lisiane. Nous sommes au bord de l’étang du Merle, à côté de Saint-Saulge dans la Nièvre. Ce plan d’eau est réputé pour sa belle population de zébrées. Je les ai mis au défi de réaliser une belle bourriche de perche.
Deux techniques différentes
S’ils forment un couple uni par ailleurs, en matière de pêche les Dubois affichent un comportement résolument différent. Fred remplit fébrilement de pleins sacs de leurres provenant d’un stock pléthorique, alors que Lisiane, toujours détendue, se contente d’une petite sélection habituelle qui tient dans deux boîtes. « Je suis généralement fidèle aux leurres Delalande, il n’y a pas d’explication particulière si ce n’est que c’est avec eux que j’ai commencé la pêche. Voilà ! » explique-t-elle !
Je reste proche de la jeune femme qui se positionne sur une petite pointe séparant deux anses. Le fond est sablonneux et peu profond. Notre pêcheuse sort sa boîte et pioche une tête plombée rose de 3 g à laquelle elle associe un petit Sandra jaune citron. Les raisons de ce choix ? « Parce que c’est mignon ! » répond-elle avec un sourire satisfait. Les premiers lancers se font en direction du large et Lisiane ramène doucement son montage vers le bord en le laissant soigneusement traîner près du fond. Quelques tours de manivelle plus tard, c’est la touche et un premier poisson vient vers le float tube en défendant chèrement sa peau. Nous pensons tous les deux à une jolie perche et c’est en fait un beau rotengle qui se présente. Visiblement, vu la taille de la bouchée proposée, il avait vraiment faim ! Pendant ce temps, Fred ratisse le fond en râlant de manière régulière. Venant de lui, c’est bon signe, c’est qu’il cherche vraiment et quand il cherche, en général, il trouve.
Des doublés
Quelques minutes plus tard, un « Ahhh » satisfait indique la première touche masculine ! Je le vois batailler avec un poisson et, pendant que je prends quelques images de la scène, il opère un deuxième ferrage en direct au travers de l’objectif. « Outre le fait que le double drop-shot est efficace, il permet de réaliser régulièrement des doublés », m’indique-t-il, confiant désormais dans la suite des événements. Le vent se lève et, contrairement à la pluie qui n’a d’importance que pour le confort, il peut devenir franchement gênant en float tube.
Pensant avoir trouvé la pêche du jour, Fred et Lili décident de se rapprocher du bord afin de parfaire leur matériel et leurs montages avant d’être contraints de le faire dans des conditions plus sévères. « Le principe général du double drop-shot est de positionner en bas du montage un leurre un peu volumineux qui symbolisera le prédateur qui chasse la petite proie située au-dessus. Cela rend les perches agressives ! Soit elles sanctionnent le concurrent, soit elles lui chipent sa proie… ou les deux ! » m’explique Fred en éclatant de rire.
Ça se passe au fond
Les préparatifs sont terminés et le couple part en guerre pour de bon sous des rafales de vent de plus en plus violentes qui en calmeraient plus d’un. Que ce soit pour Lili ou pour Fred, le contrôle de la ligne est problématique. Et le positionnement des float tubes est parfaitement aléatoire. Pour autant les touches se succèdent et il n’est pas rare de voir notre couple pendu en même temps, d’autant plus que Fred accumule les doublés ! En ce qui concerne les animations, Lili laisse descendre son leurre au fond, donne deux ou trois tours de manivelle et le laisse regagner le sol où elle le maintient immobile de trois à cinq secondes : toutes les touches ont lieu à ce moment-là. Fred, en revanche, ramène son montage de manière lente et régulière, sans animation particulière, mais en maintenant continuellement le contact avec le substrat. La touche survient majoritairement sur le leurre du bas et c’est souvent pendant les combats qu’un autre poisson se pique sur celui du haut.
La bourriche se remplit
Toutes les perches capturées sont « calibrées », pas une plus petite ou plus grosse dans le lot ! Il semblerait que nous n’ayons affaire qu’à une seule classe d’âge… pour le moins étonnant ! La pêche se fait sur tout le pourtour du plan d’eau et, sitôt que le banc visé semble s’épuiser, notre couple se déplace rapidement afin de trouver des troupes neuves susceptibles de venir compléter une bourriche déjà surprenante. Les amoureux ont déjà largement gagné le défi, subi le froid, le vent et la pluie, et pourtant, impossible de les arrêter. Même Lili s’y colle en me lançant des : « Attends, je suis sûre qu’il y a quelques poissons à prendre par-là », toutes les dix minutes… Je menace de les abandonner lâchement avant la photo finale et de filer boire une bière au chaud ! Ce dernier argument fait rapidement céder les dernières résistances de Fred et Lisiane, qui m’indique que pour elle ce sera un thé chaud ! Nos deux courageux pêcheurs échouent enfin leur float-tube sur le bord et exhibent fièrement le résultat de leur après-midi ! une magnifique bourriche de perches que nous ne décomptons pas afin de limiter les manipulations. Le sourire sur leur visage en dit long, c’est bon de partager une passion !
Leur matériel
FRÉDÉRIC
- Float tube : Barooder Illex
- Canne : Pepper Finesse Puppeteer S210L 3,5-7 g Illex
- Canne : Pepper Finesse Symphony S230L 3-20 g Illex
- Moulinet : THG 1500 et 2500 Gunki
- Tresse : 8/100 Savage Gear
- Flurocarbone : 17 et 20/100 Savage Gear
LISIANE
- Float tube : Attack 160 Sparrow
- Canne : Pepper Akoya Pearl S210L 3,5-10 g Illex
- Canne : Finesse Game S245MH 5-25 g Gunki
- Moulinet : THG 1500 Gunki
- Tresse : 8/100 Savage Gear
- Flurocarbone : 17 et 20/100 Savage Gear