LE BGFCF FÊTE SES SOIXANTE ANS

Par Pierre Affre

Créé en novembre 1965, le « Big Game Fishing Club France » vient d’avoir soixante ans. A notre connaissance c’est le plus ancien Club de Pêche de France encore en activité.

Fondé à l’initiative de Pierre Clostermann (voir son portrait dans ce numéro) et d’un petit groupe d’amis pêcheurs sportifs : Charles Ritz, Claude Estier de Boislambert, Guy Réal del Sarte, Georges Pouquet, Henri de Genevray et quelques autres, le « Big Game Fishing Club France » (et non pas de France ndlr), a essentiellement pour but de ce côté-ci de l’Atlantique, d’imposer à ses futurs membres une éthique de la pêche sportive plutôt anglo-saxonne que latine.

Respect de l’adversaire, ici le poisson, qui comme l’avait déjà précisé Hemingway est celui des deux qui a l’hameçon piqué dans la bouche, et que cela devrait être un avantage suffisant pour que le pêcheur, s’il veut être fier de sa capture, quel que soit son poids, obéisse à partir du ferrage à des règles de sportivité contraignantes, qui laissent au poisson toutes les chances de s’échapper, soit en cassant la ligne, soit en se décrochant.


Beaucoup l’ignorent mais Charles Ritz, avant-guerre pêchait le « tout-gros » avec Hemingway et Lerner

Reprenant les règlements de l’IGFA (International Game Fish Association)créée en 1939 par Michel Lerner et dont Hemingway fut le premier vice-Président, le BGFCF entend bien relayer en France et au-delà en Europe, les principes et l’éthique d’une pêche vraiment sportive ainsi que la défense et la conservation des grands poissons.

A la mort d’Hemingway en 1961, Pierre Clostermann le remplacera au Conseil d’administration de la prestigieuse organisation. Autre membre fondateur du BGFCF, Charles Ritz et peu de Français le savent, ne pêchait pas qu’à la mouche, mais grand ami de Lerner et d’Hemingway, fut dès avant la guerre, un des premiers pêcheurs de « Tout-gros » (voir photo ci dessus).

En 1947 c’est lui qui organisa la venue en Bretagne dans la Baie de Trébeurden, des Lerner mari et femme pour y capturer sportivement les grands thons rouges qui tous les ans venaient festoyer dans les immenses bancs de sardines, qui se rassemblaient à proximité immédiate des côtes bretonnes.

L’expédition « Lerner » du 1er au 10 septembre fut un franc succès, puisqu’en une semaine une dizaine d’énormes thons rouge (entre 180 et 310 kg) furent capturés sportivement, dont un de 296 kg par madame Lerner (voir photo ci dessous) qui restera longtemps le record du monde féminin dans sa catégorie.

Helen Lerner avec son thon rouge record du monde pris en 1947 à Trébeurden.

Malheureusement à partir du milieu des années cinquante, la pêche commerciale industrielle des thons géants et le refroidissement des eaux de surface (de quelques petits dixièmes de degrés, du au phénomène connu sous le nom d’Oscillation thermique multi-décennale des eaux de l’Atlantique nord), entrainant la raréfaction du plancton et donc des sardines, allaient sonner le glas de la pêche sportive des grands thons en Bretagne.

Actuellement, en fait depuis une dizaine d’années maintenant, cette « oscillation thermique » qui est constituée d’une succession de cycles de 60 à 80 ans, est de nouveau entrée dans une période de réchauffement, et le plancton, les maquereaux sinon les sardines, abondant de nouveau près de nos côtes, les thons géants pesant de 150 à plus de 300 kg sont de nouveau de retour en Vendée, comme en Bretagne et d’ailleurs tout du long de la Manche, jusqu’au Pas-de Calais et au-delà en Mer du Nord.

De nombreux membres du BGFCF peuvent en témoigner, en dépit des difficultés et tracasseries administratives de leur pêche sportive ou récréative.

Nos membres ne peuvent que se réjouir du retour des grands thons sur les côtes françaises, même si depuis la fin du siècle dernier ils sont de moins en moins nombreux faute de combattants, y compris dans les eaux tropicales africaines à pêcher les « Tout-Gros ».

A l’inverse, surtout parmi les plus jeunes et nouveaux venus au Club, tant en France en eau douce (truites et carnassiers) qu’en estuaire (bar), ou à l’étranger sur les flats tropicaux, voire dans les eaux bleues, la pêche à la mouche est en plein essor au sein du BGFCF.

Que ce soit pour les tarpons, bonefish, voire permits, de nombreux membres sont devenus des spécialistes et ne manqueront pas de vous tuyauter sur les meilleures techniques ou les meilleures destinations.

Plusieurs de nos membres sont rentrés il y a peu de temps du Maroc où ils ont pris à la mouche ou en conventionnel beaucoup de marlins blancs.

Lors du dîner de gala de 1990, Pierre Clostermann remet à Michel Delaunay le prix pour son marlin de plus de 1000 livres…

A ce jour un peu plus de 1500 pêcheurs ont adhéré à notre association. Parmi eux de grands pêcheurs de réputation mondiale, hommes politiques, écrivains, artistes, sportifs, industriels français et étrangers. En 2015 à l’occasion de son cinquantenaire, l’IGFA classait le BGFCF dans les dix clubs internationaux qui ont le plus influencé le développement de la pêche sportive à l’échelle mondiale ainsi que contribuer à la sauvegarde et la conservation des grands poissons marins.

A la suite de Pierre Clostermann, il faut ici citer Sacha Tolstoï comme Président emblématique qui au travers de nombreux voyages et une fois par an, de l’organisation d’une soirée de gala qui réunissait jusqu’à 800 personnes, a fait rayonner le Club dans le monde entier.

Dans leur sillage, Georges Pouquet, Marcel Prot, Michel Marchandise hélas disparu trop tôt, Philippe Goichon et aujourd’hui Marc Werquin, ont assuré ou assure pour le dernier cité, la présidence du BGFCF qui entre l’engouement qui ne se dément pas pour la pêche à la mouche et le retour des « tout-gros » sur nos côtes, devraient permettre au Club de continuer à promouvoir l’éthique de la vraie pêche sportive que Pierre Clostermann, lui avait assignée il y a soixante ans.

Pour tous renseignements et Inscription : www.bgfcf.org

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