Grosses truites au toc : bien gérer les combats

La pêche au toc n’est pas forcément la technique la plus réputée pour son efficacité sur les grosses truites. Pourtant, à condition de mettre en œuvre une stratégie adaptée et de choisir les bons parcours, elle peut se révéler très performante auprès des belles farios. C’est une pêche difficile, qui nécessite une approche adaptée et une bonne dose de ténacité. Les sensations et les émotions ressenties dès le ferrage d’une grosse truite sont incomparables et addictives. Le combat n’est jamais gagné avec ce matériel léger et sensible. La longueur de la canne, sa puissance relativement modeste et la finesse de la ligne utilisée rendent le combat incertain. C’est précisément de cette partie, pendant laquelle toutes sortes d’émotions nous traversent, dont il va être question. Il est impératif d’adopter une attitude et des comportements adaptés pour maximiser nos chances de sortir « vainqueur » de cette phase ultime.

Un coup de pression

Le combat avec une grosse truite est avant tout une histoire de pression. Celle qu’elle nous met immédiatement après le ferrage, ligne hyper tendue et canne pliée à bloc ! Lors de cette première phase, il faut rester calme et garder son sang-froid. Puis celle qu’il faut lui mettre en retour, constamment, pour ne jamais lui laisser de répit et la forcer à nager en permanence afin de la fatiguer. Premier point important, la canne doit être tenue avec le bon angle pour travailler sur le maximum de longueur. Trop haute, elle ne travaille que sur la pointe, la partie la moins puissante. Trop basse, elle ne plie pas assez et sollicite beaucoup le fil, sans apporter de sécurité avec sa souplesse. Une position proche de 50-60° est généralement la bonne.

Contrer les rushs

Il faut savoir changer régulièrement l’axe de la canne pour déstabiliser et déséquilibrer le poisson. Parfois vertical, parfois horizontal, vers l’aval ou vers l’amont selon les réactions et la position de la truite, ces changements réguliers la forcent à se rééquilibrer en permanence et l’empêchent de garder une position de confort, ce qui la fatigue plus rapidement. Après le ferrage, la truite peut avoir plusieurs réactions qu’il faut bien gérer. Elle peut sauter, ce qui est toujours un spectacle formidable, mais aussi une phase très risquée ! Il ne faut surtout pas oublier d’abaisser sa canne et de relâcher légèrement la pression pendant les sauts, sans quoi casses et décrochages sont souvent au rendez-vous, nous laissant émerveillés… mais totalement frustrés. La truite, surtout les plus grosses, s’engage souvent dans des rushs puissants. Il est important de ne pas la laisser trop s’éloigner et de rester au contact, quitte à la suivre, pour gérer au mieux ses réactions et détecter les obstacles éventuels. Il faut tout faire pour rester en aval de la truite afin qu’elle ait à lutter à la fois contre notre pression mais aussi contre le courant. Il faut donc réagir rapidement pour se replacer au gré de ses réactions et ne surtout pas rester planté sur place à subir.

Éviter les obstacles

Il est important d’utiliser au mieux le terrain et d’éviter ses pièges. Tous les obstacles, rochers, bois morts, sont des dangers potentiels dont il faut éloigner le salmonidé, en désaxant la canne s’il s’en approche. Malgré tous nos efforts, il arrive que la truite utilise les blocs rocheux pour s’y caler ou s’enfiler dessous. Si c’est le cas, tentez de vous approcher et exercez une pression en sens inverse pour la forcer à s’en éloigner. Si elle se cale sous un rocher et qu’il est proche, tapez dessus avec le pied pour qu’elle ressorte. Les rapides sont un autre danger potentiel que la truite sait très bien utiliser ! Faites tout votre possible afin qu’elle ne puisse pas s’y engager. Sinon, il faut la suivre et courir pour rester au contact ! En revanche, s’il existe une zone calme, tentez d’y amener votre prise et maintenez-la dans ce secteur. Sans l’aide du courant, elle se fatigue plus vite. Tout cela implique d’avoir une bonne vision d’ensemble de la zone et, dès les premiers instants du combat, de la balayer du regard pour repérer les pièges éventuels mais aussi les secteurs propres sans courant où il faudra tenter de l’amener.

Terminez le combat

Vient ensuite le moment où la truite commence à faiblir et où vous allez penser conclure. Là aussi, un repérage est nécessaire pour choisir la zone la plus propice. Cette dernière phase est toujours risquée. Combien de truites sont perdues dans les tout derniers instants, par l’impatience et une pression excessive ? Le bon endroit pour achever le combat doit être propre, dans l’eau bien sûr pour éviter tout obstacle que pourrait utiliser la truite, mais aussi dans l’air pour limiter toute gêne pour la canne. Attention aux branches dans lesquelles se prend le fil au dernier instant ! L’épuisette est le meilleur moyen de finir sereinement. Il faut savoir patienter que la truite y pénètre « seule » et ne surtout pas la poursuivre avec le tamis. Une fois l’endroit adéquat choisi, positionnez-vous puis maintenez la pression sur la truite jusqu’à ce qu’elle se couche et glisse vers vous, jusque dans l’épuisette. Cette dernière doit évidemment être bien dimensionnée, ce qui signifie un tamis large et un filet assez profond, peu importe la longueur du manche. Il est toujours préférable de faire rentrer la truite la tête la première dans l’épuisette. Une fois que l’avant du poisson est au-dessus du cadre, poussez légèrement en levant pour faire rentrer le reste. Épuiseter un gros poisson par l’arrière est toujours délicat. Une fois que la truite est dans l’épuisette, évitez de trop la soulever et laissez-la dans l’eau. Surtout si, comme c’est préférable avec les poissons trophées, vous comptez la relâcher. 

Une plage en pente douce

Si vous devez échouer votre capture, repérez une berge en pente douce et sans obstacle, sur laquelle vous ferez doucement glisser le poisson une fois qu’il est sur le flanc. Échouer en reculant permet de garder la canne en position optimale, ce qui me paraît toujours préférable. Une fois la truite partiellement échouée, il ne reste plus qu’à la rejoindre en maintenant la ligne tenue afin qu’elle ne reparte pas. Attention aux berges très progressives, où elle pèse de tout son poids en n’étant plus soutenue par l’eau à partir d’une certaine profondeur. Il faut bien gérer la pression car le risque de casse est plus élevé. Garder les idées claires et la tête froide est le plus difficile lorsque la canne est brutalement pliée à bloc, que le fil siffle et que le frein du moulinet crisse. C’est pourtant indispensable pour gérer les différentes séquences du combat et finir par mettre au sec une magnifique truite dont vous vous souviendrez certainement très longtemps.