Mathieu Debuchy, pêcheur tout-terrain !

De Jean-Pierre Papin à Joël Bats, footballeurs célèbres, en passant par les rugbymen Raphaël Ibanez ou Julien Malzieu, nous avons toujours aimé aller à la rencontre de grands sportifs manifestant un intérêt sincère pour la pratique de la pêche. Une manière de montrer combien notre loisir préféré est capable de toucher tous les milieux, tous les publics, toutes les classes sociales. Et parmi tous ces très grands champions, le footballeur Mathieu Debuchy n’est certes pas le moins passionné.

Les débuts

Mathieu est né dans le Nord, le 28 juillet 1985, à Fretin, en périphérie de Lille. Mais c’est à Cannes qu’enfant, il fait ses premiers pas de pêcheur, en vacances chez ses grands-parents : «C’était tout simple, se souvient Mathieu. Une canne, un bouchon, et j’attrapais la friture depuis les digues, en bord de mer. » En grandissant, c’est sur les d’étangs de l’Oise qu’il va accrocher très fort sur la pêche de la carpe. Il a alors seize dix-sept ans et est encore stagiaire au centre de formation du Losc, le grand club lillois. «Avec un ami, Alexis, et mon grand frère Grégoire, on s’organisait des sessions avec barbecue, tente et bateau pneumatique, raconte Mathieu. On aimait ça, c’était le délire de se retrouver ensemble, seuls, coupés du foot, à se réveiller la nuit au moindre bip !»

Mais hélas, Mathieu n’a pas la possibilité de réellement persévérer, c’est qu’une carrière de footballeur professionnel s’ouvre devant lui. «J’ai un peu lâché, j’aimais beaucoup ça mais ce n’était pas encore une véritable passion, explique le Nordiste. En plus, à 21 ans, j’ai eu mon premier enfant, j’avais d’autres priorités.» Suivent alors dix saisons à Lille, cinq en Angleterre, l’Euro 2012 et la Coupe du monde 2014 au Brésil… Des années à enchaîner les matches, les entraînements et à engranger quelques beaux trophées. Tout en menant, père de quatre enfants, une vie de famille elle aussi bien remplie ! La carrière de footballeur et la pêche n’étaient pas facilement compatibles mais il y a quelques passerelles…

Rencontres

C’est ainsi que des rencontres près des terrains de foot vont finalement le ramener vers les poissons. Il y a d’abord celle de Samuel N’Diaye, ancien compétiteur street-fishing et bateau, qu’il croise au bord d’une pelouse, il y a six ans. Leurs enfants fréquentent le même club de foot, à Lesquin, et les deux pères en viennent à parler pêche ! Samuel l’a, comme il dit, remis en selle et fait aujourd’hui partie de ses meilleurs amis.

Un vrai compétiteur

«Pendant les vacances, on allait à la pêche, précise Mathieu. Il a une action dans un étang privé dans la Somme et on va souvent jusqu’aux Pays-Bas.» Mathieu se perfectionne aux côtés de Samuel, apprenant les codes, les techniques, les cannes, les leurres. Il découvre la pêche des carnassiers à ses côtés. Le virus est là. Et le poursuit quand, en 2018, il signe chez les Verts (ceux de Saint-Étienne…) Son ami footballeur professionnel, l’attaquant Nolan Roux, grand fan de pêche et lui aussi passé par le Losc et l’ASSE, lui conseille alors les services de Baptiste Ducert, guide de pêche… «Ça a matché tout de suite, raconte Baptiste. Mathieu est un gars très abordable, très avenant, très attachant. Comme dans le foot, il ne lâche jamais !» Mathieu Debuchy sait que, comme un match peut se jouer jusqu’à la 90e minute, on peut faire un poisson sur le dernier lancer. Il n’est jamais démotivé et reste toujours extrêmement concentré. Autre qualité soulignée par Samuel, Mathieu possède un vrai instinct de compétiteur, il veut toujours prendre le dessus sur le poisson et pour ça, envisage toutes les solutions.

Perfectionniste

Sans sa femme et ses enfants, restés dans le Nord durant toute sa période stéphanoise, Mathieu passe alors du temps à la pêche dans la Loire et apprend vite. Il réfléchit beaucoup, comprend les consignes. Il est toujours dans le souci du détail, de la perfection. Comme dans son métier de footballeur, il s’engage à fond. «Ça coupe en fait avec le milieu du foot, c’est même l’opposé, précise-t-il néanmoins. Ça fait du bien de se retrouver seul à la pêche, tranquille, pour se ressourcer, s’évader. » Après un match, s’il y a une possibilité de filer au bord de l’eau, Mathieu fonce, histoire d’oublier, même l’espace d’un instant, une défaite ou un moment difficile. C’est ainsi qu’avec Baptiste, en 2018, sur la Loire, à Saint-Just-Saint-Rambert, Mathieu prend son premier silure. Un poisson pris au vif, combattu du bord et estimé à 1,90m. C’est la révélation : «La pêche du silure est maintenant celle que je préfère, reconnaît le défenseur international. Se faire tracter en float-tube, c’est énorme, impressionnant. J’aime ce combat, cette décharge d’adrénaline ! »

Des projets pêche

Revenu dans le Nord à l’été 2021, il joue aujourd’hui à Valenciennes en Ligue 2 où, âgé de 37 ans, il va sans doute terminer sa belle carrière de footballeur, ayant encore un an de contrat. Mathieu Debuchy pêche un peu moins. Il rattrape le temps perdu avec ses enfants. Mais il nous a avoué qu’il se consacrera à la pêche quand les crampons seront définitivement raccrochés. Il s’essaiera peut-être sur quelques compétitions, achètera très certainement un bateau, ira pêcher en Irlande, en Espagne, en Suède, histoire de courir après de nouveaux records. Après tout, on est un vrai champion ou on ne l’est pas !