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À la découverte de l'Yonne

Qui pourrait imaginer, en voyant ce ruisseau qui se fraye un chemin parmi les prairies et les forêts du Haut Morvan, que l’Yonne, affluent impétueux de la Seine, a longtemps menacé Paris à travers ses crues aussi soudaines que dévastatrices ? De nombreux barrages, Pannecière, Les Settons, Chaumeçon, l’ont assagi, elle et ses principaux affluents morvandiaux, tels La Cure, le Chalaud ou l’Oussière, entre autres. Mais elle n’en reste pas moins un terrain de jeu pour les moucheurs tout au long de son parcours de première catégorie, de sa source jusqu’à l’aval de Corbigny, dans le département de la Nièvre.

L’Yonne naît au cœur du Morvan au Mont Préneley à 730 mètres d’altitude. De sa source jusqu’à la hauteur du réservoir du Chatelet, l’Yonne n’est qu’un gros ruisseau parmi d’autres. Après sa confluence avec le ruisseau de la Proie qui alimente le lac, elle prend un peu de volume, mais ne devient pas encore un terrain de jeu « idyllique » pour les moucheurs. Serpentant entre bois et prairies, il lui faut attendre les alentours du Pont Charrot pour offrir quelques possibilités aux virtuoses de la 6P6. Mais ce n’est qu’au niveau du pont de Salorges, sur la D37, que la rivière devient vraiment intéressante pour la pêche à la mouche. Un peu élargie, elle demeure une rivière d’eau vive pour la nymphe au fil et la noyée. Ses berges relativement encombrées rendent les waders indispensables si l’on veut tirer parti des possibilités offertes par les nombreux postes pas toujours bien marqués. Néanmoins, au niveau de la pisciculture de Corancy une succession de plats plus ou moins courants permet une pratique de la sèche plus systématique, jusqu’à son embouchure au lac de Pannecière. Mis à part les abords immédiats de la pisciculture, l’usage des waders reste nécessaire. Cette première partie de l’Yonne est essentiellement peuplée de truites, petits poissons nerveux issus exclusivement d’une reproduction naturelle en amont de la première pisciculture , celle de Vermenoux. En aval de celle-ci, des poissons « surdensitaires » se mêlent aux premières et à d’autres poissons remontés du lac : chevesnes, sandres, perches et quelques rares grosses truites. Cette partie en amont du lac de Pannecière est gérée par l’AAPPMA de Chateau-Chinon, la maille de la truite y est fixée à 20 centimètres, alors qu’elle est à 25 centimètres à l’aval.

Les secteurs de première catégorie de l’Yonne sont passionnants à découvrir
Crédit photo : Marc Sourdot

En aval du lac de Pannecière

La pêche est autorisée à partir de 50 mètres en aval du bassin de compensation qui fait suite au barrage de Pannecière. À partir d’ici, l’Yonne prend son véritable profil de rivière à salmonidés alternant courants vifs et calmes plus profonds, biotopes favorables à la présence d’une belle population d’ombres et de truites. La D944 puis la D126 permettent un accès facile à la rivière, même s’il faut parfois s’engager et traverser, avec précaution, des prairies. La pêche du bord y est parfois possible, mais mieux vaut s’équiper de bons waders qui permettent d’accéder aux nombreux postes. Si cette rivière n’est jamais large dans cette partie en première catégorie, elle est toujours plus ou moins encombrée : troncs immergés, arbres en surplomb, branches basses qui demandent rapidité et précision pour attaquer les gobages aperçus. De l’aval du barrage jusqu’aux environs de Montreuillon, l’Yonne présente ce même profil adapté aussi bien à la sèche qu’à la noyée ou à la nymphe au fil, mais jamais à longue distance.

Le lac de Pannecière par eaux basses.
Crédit photo : Marc Sourdot

Le parcours no-kill

Sur environ 1 km à l’amont du village de Montreuillon, depuis le lieu-dit « Les Chaumes » jusqu’à la séparation de la rivière en deux bras, à l’entrée du village, se trouve le parcours no-kill initié à l’instigation de l’AAPPMA de Corbigny qui gère cette partie de la rivière. Réservé à la pêche à la mouche, ardillon écrasé et remise à l’eau obligatoire des poissons font de ce parcours une réserve de fait pour toute la rivière. La pêche est loin d’y être facile et il faut s’assurer qu’un confrère ne vous a pas précédé trop récemment avant de vous y engager. On peut alors choisir de descendre en noyée cette partie qui s’y prête bien et la remonter en sèche ou en nymphe au fil, après avoir laissé reposer le coup.

Le parcours no-kill est fameux pour la pêche de l’ombre.
Crédit photo : Marc Sourdot

D’une façon générale la nymphe à vue y est difficilement praticable : la couleur de l’eau et des fonds ne nous aide pas souvent. Là où c’est possible, il faut bien avouer que les ombres y réagissent de belle façon… tout comme en noyée d’ailleurs ! Car ce parcours, si court soit-il, a beaucoup participé à la réhabilitation de l’ombre sur cette rivière et lui a redonné un attrait certain pour des pêcheurs parfois venus de loin. Saluons au passage le travail de l’AAPPMA « L’Anguille de Corbigny » qui, outre ce parcours no-kill, a mis la partie aval du barrage de Pannecière en gestion patrimoniale, comme l’a fait l’AAPPMA « La Truite Morvandelle » de Château-Chinon pour la partie la plus amont de l’Yonne.

En sèche, nymphe ou noyée, les truites de l’Yonne demandent un petit temps d’adaptation pour réussir à les séduire
Crédit photo : Marc Sourdot

En aval de Montreuillon

Sans beaucoup s’élargir, la rivière devient plus calme et la pêche peut s’en trouver facilitée, mais les accès ne sont pas toujours évidents et mieux vaut se faire accompagner d’un ami ou d’un guide connaissant bien les coups ! Quelques kilomètres en aval de l’aqueduc de Montreuillon, un parcours intéressant fait alterner prairies et forêts, ce qui permet de jouer avec l’ensoleillement et de trouver toujours une partie plus ou moins ombragée. De plus les insectes terrestres : hannetons, sauterelles ou autres s’ajoutent à nos modèles traditionnels. On y a le choix entre noyée, sèche et nymphe au fil sur des poissons qui semblent « connaître la musique ». Les waders y sont indispensables, et un minimum de discrétion permet de s’approcher à bonne distance des poissons en activité : approche indispensable dans une rivière encombrée qui ne permet pas les lancers « longue distance ».

Un joli spot de pêche juste au pied du Château.
Crédit photo : Marc Sourdot

Au pied du château

Un peu plus en aval, à hauteur du village de Marcilly, au pied même du château, un parcours plus dégagé permet de pratiquer dans un décor de choix : l’histoire vient se mêler au présent pour pimenter notre sortie ! La pêche y est plus facile, plus « classique » : les faux-lancers, en sèche, retrouvent leurs fonctions ! Et cette partie est l’une des rares portions de la rivière où peut se pratiquer la nymphe à vue… pour les yeux les plus perçants ! On peut choisir ses armes : sèche, nymphe ou noyée, sans être gêné par l’étroitesse de la rivière ou des frondaisons retombantes. Du pont qui enjambe l’Yonne, avant de commencer à pêcher, on peut observer l’activité des insectes et, parfois, des poissons. Ce pool du château est, pour moi, l’un des plus agréables, et des plus productifs. Son profil n’est certes pas caractéristique de cette rivière, mais les facilités qu’il offre nous changent un peu des difficultés des autres parcours ! À partir de là, l’Yonne s’élargit un peu et garde le même profil jusqu’à sa rencontre avec l’Anguison, cet affluent qui traverse Corbigny avant de rejoindre l’Yonne, là où s’arrête la première catégorie. En aval, en seconde catégorie donc, quelques ombres peuvent être présents, aux dires de certains. Je ne l’ai pas vérifié, mais ce peut être une possibilité intéressante lors de la fermeture en première catégorie.

Les ombres réagissent de belle façon en nymphe tout comme en noyée d’ailleurs !
Crédit photo : Marc Sourdot

Savoir l'apprivoiser

D’une façon générale, l’Yonne n’est pas une rivière facile : elle ne se donne pas au premier venu, à la première sortie. Il faut savoir l’apprivoiser, découvrir les coups qui pêchent selon le niveau, trouver la tactique à adopter dans un environnement souvent boisé et adapter cette tactique aux comportements changeants des poissons. Un matériel adapté : canne courte et ligne décentrée, waders, facilite grandement les premières sorties. De plus, le niveau de cette rivière est dépendant des lâchers du barrage de Pannecière qui régule le débit de la Seine plus en aval et celui du canal du Nivernais à travers la dérivation de « la Rigole d’Yonne ». Ce qui fait que ce niveau varie au fil des saisons avec toutefois un débit réservé d’un mètre cube deux cents. Rivière relativement difficile pour les moucheurs, mais tellement attachante quand on commence à comprendre ses hôtes : ombres et truites aux ruses parfois déroutantes !

Découvrir l’Yonne pour succomber au charme de ses jolies truites
Crédit photo : Marc Sourdot

renseignements

Cette partie de l’Yonne est située dans un environnement de longue tradition touristique. Château-Chinon en amont, avec son musée du Septennat, et Corbigny en aval avec son abbaye peuvent servir de villes étapes pour faciliter l’approche de cette rivière. Chambres d’hôte, hôtels, gîtes, et restaurants sont suffisamment nombreux pour satisfaire la clientèle des pêcheurs. Pour aller plus loin : www.nievre-tourisme.com/decouvrez-la-nievre/patrimoine/balades-en-ville/chateau-chinon-capitale-du-morvan et www.cartesfrance.fr/carte-france-ville/58083_Corbigny.html

Le barrage du lac-réservoir de Pannecière, comme les autres ouvrages des lacs du Morvan, dépend de l’EPTB - établissement public territorial de bassin - « Seine grands lacs », qui gère le stockage de l’eau et sa restitution, donc son débit. Il en assure un suivi et un contrôle permanent pour le meilleur usage de tous les bénéficiaires. Le site : https://www.seinegrandslacs.fr/sites/default/files/media/downloads/sgl_plaquette_panneciere

La Nièvre fait partie du groupement réciprocitaire EHGO. L’Yonne est donc accessible à tous pêcheurs ayant acquitté la « cotisation pêche milieu aquatique ». Le nombre de poissons pouvant être gardé est bien sûr limité et la maille des truites peut varier selon les secteurs. Nombreux sont les affluents de l’Yonne, en cette partie amont, riches en truites « autochtones ». Les deux AAPPMA, « L’Anguille de Corbigny » et « La Truite Morvandelle » de Château-Chinon, s’efforçant de favoriser une gestion patrimoniale de la ressource. Renseignements par mail : fede.peche58@gmail.com.

L’Yonne serpente devant le château de Marcilly
Crédit photo : Marc Sourdot

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