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Périple en Patagonie argentine (Part. 1)

La Patagonie fait partie des derniers territoires sauvages de la planète. Parcourue d’innombrables rivières dévalant la cordillère des Andes et peuplées de truites, elle constitue un formidable territoire pour la pêche à la mouche. De retour de la région de Neuquén en Argentine, Marc Delacoste, nous livre ses impressions.

Fin décembre, j’ai reçu une proposition digne de Don Corleone, de celle qu’on ne peut pas refuser. Mais à la différence de celle du Parrain, celle-là faisait très envie puisqu’il s’agissait ni plus, ni moins, d’aller pêcher deux semaines en Patagonie argentine ! Comment dire non ? Début mars, je suis donc parti en compagnie de l’équipe DHD Laïka et du talentueux Thomas Bounoure, avec comme mission de faire un film sur la pêche en Patagonie argentine, en ciblant deux régions de cet immense territoire, celles de Neuquén au nord et du Chubut au centre.

Le Rio Calefu s’écoule dans une vallée un peu encaissée occupée par une magnifique forêt primaire.
Crédit photo : Marc Delacoste

Des rivières réputées

Le sud de la région de Neuquén est magnifique, constellé d’immenses lacs aux eaux limpides bordés de forêts primaires et comprend plusieurs rivières de premier ordre. Nous en avons pêché trois parmi les plus réputées, les Rio Calefu, Chimehuin et Malléo (prononcer Machéo). Coulant des eaux claires et présentant des profils parfaits pour la pêche à la mouche avec de belles alternances de courants ponctués de quelques profonds prometteurs, ces rivières s’écoulent dans des vallées préservées et des cadres souvent splendides. La palme revient au Rio Malléo et à sa vallée aride aux nombreuses nuances ocre, où une végétation buissonnante éparse et des crêtes aux reliefs sculptés par le vent créent un décor digne de l’Ouest américain. Ces rivières abritent de belles populations de truites farios mais aussi d’arcs-en-ciel sauvages, très gobeuses et à la défense aérienne. La taille moyenne avoisine les 40 cm, les belles dépassant les 50 cm et les grosses la barre des 60 cm. La pêche en sèche y est excellente. Les imitations d’insectes terrestres fonctionnent très bien, notamment présentées au ras des frondaisons où s’embusquent souvent les plus belles truites, particulièrement sur le Chimehuin, aux berges riches en végétation. Lorsqu’elles sont refusées, une imitation de trichoptère en poil de chevreuil ou un parachute sur hameçon n° 16 sont souvent la solution. Si la pêche en sèche se révèle très efficace sur ces rivières, la pêche en nymphe l’est aussi, au fil ou plus souvent à l’indicateur pour pêcher à distance. Sans oublier la nymphe à vue, particulièrement sur les quelques bordures profondes où se postent volontiers de belles truites. Quant au streamer, moins « sexy », il permet toutefois de toucher les plus beaux poissons.

La Patagonie

On associe généralement la Patagonie à la « Terre de feu ». S’il est vrai que cette région hostile balayée par des vents violents est emblématique de la Patagonie, celle-ci est en fait bien plus étendue puisqu’elle comprend toute l’extrémité méridionale du continent sud-américain, sur plus de 2 000 km, intégrant les parties sud du Chili et de l’Argentine. Cette immense région présente une grande diversité de conditions entre le nord et le sud et ses deux versants des Andes, mais se caractérise par une faible densité de population et un environnement encore très préservé.
 

Le Rio Chimehuin coule des eaux limpides dans un lit bordé d’arbustes formant des frondaisons très appréciées des truites.
Crédit photo : Marc Delacoste

L’essentiel, une bonne présentation

D’une manière générale, la pêche ne présente pas un haut niveau de difficulté, sans être trop simple non plus. Si la présentation est bonne, sans dragage et dans la bonne veine d’eau, l’essentiel est fait. Reste que, comme toujours, les truites peuvent se montrer très joueuses ou plus sélectives selon les jours. Une boîte à mouches présentant un minimum de diversité est donc nécessaire, sans tomber dans l’excès bien sûr. Elles prennent bien des artificielles assez volumineuses (hameçon 10 à 12), qui permettent de ne pas pêcher trop fin ; une pointe en 16/100 suffit souvent, mais il faut parfois descendre en 14 voire moins par eaux très basses ou lorsque les truites sont fixées sur de très petites mouches, ce qui est loin d’être la norme, arc et fario se montrant généralement très opportunistes sur leurs proies. Les arcs-en-ciel représentent la majorité des captures. Ce qui ne veut pas dire que cela reflète le peuplement des rivières. Mais entre une activité supérieure et une capturabilité plus importante, les arcs animent la pêche plus souvent qu’à leur tour. Comment s’en plaindre quand on a goûté à leur tropisme pour s’alimenter en surface et à leur défense aérienne ? La Patagonie donne ainsi l’occasion de mesurer le bonheur de rivières peuplées d’arcs-en-ciel sauvages et de ce que cette espèce peut apporter en matière d’action et de plaisir de pêche.

Un guide est indispensable sur le Rio Limay qui est une rivière hors norme.
Crédit photo : Marc Delacoste

Le rio Limay, rivière hors norme

À côté de ces rivières aux profils et gabarits « classiques » qui donnent le sentiment d’évoluer dans un cadre familier, paysage mis à part, nous avons également pêché une rivière hors norme : le Rio Limay. Large de 100 à 200 m, elle bouscule toutes nos références. Pas facile de trouver ses repères dans une telle immensité. Mais le jeu en vaut la chandelle, car l’intérêt du Limay, c’est la taille de ses farios, proportionnelle à la sienne. Le Limay constitue le parcours à truites trophées de la région, produisant de très grosses farios chaque saison. Mais il est prudent de se faire aider pour bien aborder cette gigantesque rivière. L’utilisation de barques (de superbes « drift boat » actionnés à la rame) est recommandée pour deux raisons. Tout d’abord pour bien prospecter les veines d’eau puissantes dans lesquelles ces grosses farios se postent souvent, qui font régulièrement 3 à 4 m de profondeur et sont parcourues par des courants très marqués. Du bord, on ne prospecte que leurs bordures et cela prend un temps infini. La seconde raison est la mobilité. Une barque permet en effet de parcourir un linéaire important au cours d’une descente journalière et de pêcher de nombreux secteurs, chose impossible à pied. Mais on ne pêche pas toujours embarqué. Dans de nombreux cas, la barque dépose les pêcheurs au bord des courants prometteurs, qu’on prospecte en wading avant d’embarquer pour atteindre le suivant, situé quelques centaines de mètres plus en aval.

Les truites d’Argentine

Comme tous les salmonidés de l’hémisphère Sud, les truites d’Argentine ont été introduites il y a plus d’un siècle par les colons européens et leurs descendants pour la pêche à la mouche. Elles ont trouvé dans les lacs et rivières affluant de la cordillère des Andes des conditions très favorables et s’y sont formidablement acclimatées, développant de belles populations sauvages. Sauvages donc, mais pas natives. Qu’importe, elles sont magnifiques, très gobeuses et combatives à souhait. Outre les truites fario et arc-en-ciel présentes quasiment partout, on trouve aussi des ombles de fontaines dans certains secteurs.

Superbe fario du Rio Limay.
Crédit photo : Marc Delacoste

Grosses mouches incitatives

J’ai aimé la diversité des situations de pêche offerte par le Rio Limay. Le streamer reste la technique reine pour les grosses farios. Avec des soies très plongeantes pour pêcher les veines d’eau profondes depuis la barque, mais aussi avec une soie flottante pour ratisser les têtes de courant où ces grosses truites se postent volontiers dès que l’eau se réchauffe. Toutefois, la pêche du Limay ne se résume pas à ça et la pêche en surface y est également efficace. Elle est souvent pratiquée avec de grosses incitatives de surface comme la « Tchernobyl ant » ou la « Gypsy king » en taille 2 à 8, imitant de grosses sauterelles, nombreuses sur les berges des rivières argentines et qui peuvent être utilisées en dérive inerte le long des bordures ou en les faisant draguer en travers des courants. Elles peuvent alors déclencher des gobages explosifs, qui sont autant de décharges d’adrénaline ! Mais on peut aussi pratiquer en surface de façon plus conventionnelle, notamment le long de certaines berges ou dans de gros remous dans lesquels les truites, généralement des arcs-en-ciel, peuvent se concentrer pour gober.

Les arcs-en-ciel du Rio Limay prennent bien la mouche et livrent une bagarre acharnée et souvent aérienne
Crédit photo : Marc Delacoste

Montez deux cannes

J’ai encore le souvenir d’un de ces remous où une quarantaine de belles truites étaient postées 10 cm sous la surface et gobaient frénétiquement les éphémères qui passaient. Magique… mais pas facile, car la présentation et la dérive devaient être impeccables pour que la mouche soit délicatement aspirée, ce qui n’est jamais simple dans un gros remous aux courants changeants, qui plus est avec du vent. Mais la réussite n’en fut que plus gratifiante ! Enfin, on peut également pêcher en nymphe, particulièrement à l’indicateur pour prospecter les radiers et têtes de courant. Face à cette diversité de conditions, il est judicieux de disposer de deux cannes montées : une canne de puissance 7 pour pêcher en soie plongeante au streamer et une autre en soie 6 pour pêcher en surface, capable de lancer de grosses mouches mais aussi de faire face au vent, très présent ici. Le Rio Limay n’est pas une rivière facile à aborder, mais il offre une véritable expérience et peut permettre de prendre la truite d’une vie. Finalement, cette région d’Argentine recèle des rivières somptueuses pouvant produire une formidable qualité de pêche lorsque les conditions sont réunies, en sèche le plus souvent, avec des truites 100 % sauvages et très « joueuses ». On peut y vivre des journées exceptionnelles, qui plus est à une période où la pêche est fermée chez nous du fait de l’inversion des saisons, ce qui n’est pas le moindre de ses atouts… La suite de ce périple en Patagonie argentine dans un prochain article...

Adrien (DHD Laïka) et une Perca Trucha du Rio Limay, espèce endémique de la Patagonie
Crédit photo : Marc Delacoste

Pour y aller

L’agence DHD Laïka connaît parfaitement cette destination, vers laquelle elle propose différents types de séjours, permettant notamment de pêcher plusieurs rivières. Contact : 0142893364 ou www.dhdlaika.com

Formalité : passeport valide 3 mois après la date d’entrée pour un séjour de moins de 90 jours.
Monnaie : le peso argentin.
Saison de pêche : du 1er novembre et 1er mai.
Permis de pêche par province, à la journée, la semaine ou l’année. Compte tenu des difficultés d’accès et des très nombreuses propriétés privées bordant les rivières, le recours à un guide est fortement recommandé.
Matériel conseillé :
•canne de 9’5 pour la pêche en sèche ou en nymphe dans les rivières « classiques »;
•canne de 9’à 9’6 # 7 pour la pêche au streamer avec soie plongeante;
•canne 9’6 d’action fast pour la pêche en surface et au streamer avec soie flottante sur le Rio Limay ;
•moulinets avec un frein correct et au moins 80 m de backing;
•semelles en feutres interdites.
 

Difficile de pêcher le Rio Limay sans barque, notamment pour couvrir plus de terrain de prospecter plus de postes
Crédit photo : Marc Delacoste

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