Il est profilé comme une torpille et possède une robe assez unique avec plusieurs nuances de vert, de gris et d’argenté barrées de grandes lignes noires. Cela lui offre un camouflage apparemment très efficace pour chasser les différents types de poissons fourrage dont il est friand. Il est le seul et unique représentant des Nematistiidae et son nom scientifique est Nematistius pectoralis. Ce poisson peut atteindre des tailles impressionnantes jusqu’à plus d’un mètre cinquante. Le record IGFA de l’espèce en toutes catégories est de 51,7 kg, alors qu’à la mouche il est d’un peu plus de 28 kg tout de même. Il est impossible de différencier le sexe du poisson de visu et, d’après une étude réalisée au Mexique de 2007 à 2017, le Rooster Fish semble vivre environ 8 ans. Avec une croissance extrêmement rapide de plus de 70 cm la première année, puis environ 10 cm/an, les années suivantes.
Sur les côtes du Pacifique
Il se rencontre dans l’est de l’océan Pacifique, du golfe de Californie notamment au Mexique jusqu’au Pérou et au large de l’Équateur y compris autour des îles Galápagos. C’est une espèce côtière, qui aime chasser dans les vagues, que ce soit sur les fonds sablonneux de la Basse Californie aux côtes du Panama de la Colombie ou du Costa Rica. Comme je l’ai dit, sa principale particularité est ses nageoires dorsales distinctives qui restent normalement rétractées dans un sillon profond le long du dos du poisson, mais lorsqu’il se met en chasse, les nageoires se dressent comme un étendard. Ces épines dorsales sont rayées d’une alternance de bandes sombres et claires et la base inférieure des nageoires est verte. C’est donc un prédateur de petits poissons qui, lorsqu’il attaque ses proies, lève sa crête et fend la surface de l’eau. Il est alors facilement reconnaissable et l’on peut faire la différence entre une chasse de carangue et de Pez gallo même si ces deux espèces sont parfois ensemble !
Une fois piqué, il garde sa crête levée et saute souvent à plusieurs reprises en début de combat pour se décrocher. Contrairement aux carangues, sa bouche est assez fragile et il n’est pas possible de le brider trop fortement sous peine de le décrocher. Il faut préalablement régler son frein et donc le laisser faire son rush ce qui n’est pas désagréable lorsque le moulinet chante ! Il ne va pas chercher les roches ou à se mettre « au trou » et la plupart du temps il se capture sur des zones sablonneuses dénuées d’obstacles. J’ai eu la chance de le pêcher sur plusieurs destinations qui sont réputées comme les meilleures pour cette espèce. Tout d’abord la côte Pacifique du Costa Rica, du Panama et de la Colombie. Présent sur les côtes de ces trois pays, le Rooster Fish se traque ici surtout au leurre voire au vif !
Un véritable défi à la mouche
Il y a plusieurs raisons à cela, la première est qu’il est rare de tomber sur de grands bancs de poissons coq en chasse. Il serait beaucoup trop fastidieux de peigner l’eau toute la journée à la mouche. Dans ces pays, lorsque vous dites à vos guides que vous voulez prendre un Pez Gallo au fouet, au mieux vous avez le droit à une grimace au pire il vous dit que vous n’avez aucune chance… Il n’y en a pas partout, il se déplace très vite, il n’attaque pas immédiatement et en plus se décroche assez facilement lorsque l’on pêche au streamer. Un ensemble en soie de dix avec une soie flottante ou mieux flottante à pointe intermédiaire est bien adapté. En gros, pour avoir une petite chance de capture, votre guide va devoir « teaser » c’est-à-dire pêcher l’eau au lancer toute la journée avec un leurre non armé, le plus souvent un Stick Bait, dans l’espoir de faire suivre quelques coqs pour que l’on puisse leur présenter notre mouche et avoir une petite chance d’en accrocher un ! En effet, même « Teasé » il n’est pas facile à faire mordre ! Notre Rooster Fish a donc la fâcheuse ten dance à suivre longtemps avant de se décider à mordre. Il n’est pas rare de voir sa crête zigzagante derrière notre streamer suivre jusqu’au bateau et disparaître ensuite… Pour traquer ce poisson, il faut donc être un bon lanceur. À moins de vingt mètres du bateau, il est rare de prendre un coq à la mouche. Comme en plus il est très rapide, la meilleure animation reste le « Rolly Polly » canne coincée sous le bras et on ramène à fond !
« Teasing » voire « Chumming » !
Certains guides utilisent d’autres techniques pour attirer et exciter les coqs, comme on le fait avec les poissons à rostre sailfish ou marlins. Ils traînent lentement des vifs non armés derrière le bateau, le plus souvent des chinchards voire des mulets. Lorsqu’ils enregistrent une attaque ou voient surgir les nageoires d’un rooster, ils ramènent le vif et c’est à nous de jouer. En général, les guides qui se sont spécialisés dans la pêche au fouet ont en plus un vivier rempli de sardines vivantes qui sont régulièrement lancées autour de l’embarcation pour créer une frénésie chez les poissons coq qui de viennent alors beaucoup moins regardant sur les mouches ! Nous nous éloignons un peu de l’esprit de la pêche en sèche, me direz-vous et je ne peux pas vous contredire ! Cependant, ces techniques restent de loin les plus efficaces pour avoir une réelle chance de succès au fouet. Il existe tout de même une destination où il est possible de capturer un beau pez Gallo du bord à la mouche. Il s’agit de la péninsule de Basse Californie au Mexique et des plages de la mer de Cortez. Cette mer est le plus souvent très calme et riche en poissons fourrages que suivent les coqs qui les acculent sur le bord pour les attaquer plus facilement.
Superbe mer de Cortez
Vous avez peut-être déjà vu des films là-dessus sur YouTube ou d’autres plateformes internet : de gros Rooster, parfois de plus de 30 kg, explosant des boules de sardines à quelques mètres de la plage. De beaux pêcheurs américains bronzés et les pieds nus courant sur la grève tout en lançant leurs streamers, le tout suivi d’un combat dantesque et d’une remise à l’eau avec congratulations bruyantes avant de remonter dans leurs buggies ou sur leurs quads flambant neufs à la poursuite d’autres aventures… « Amazing » ! En pratique, vous vous baladez sur d’immenses plages dans des paysages désertiques magnifiques, vous voyez bien de temps en temps un poisson coq qui passe mais trop loin ou trop vite pour que vous puissiez l’atteindre ! Vous courrez pourtant et transpirez comme une belle tranche de lard dans une poêle à frire mais vous êtes toujours en retard ! Vous avez pourtant tenté le tout pour le tout et fini par enliser la voiture de location sur une dune perdue au milieu de nulle part ! Bien évidemment, toutes ressemblances avec des personnes ayant existé seraient purement fortuites…
Bref, ce que je veux dire c’est que cette traque à pied, depuis la plage n’est pas gagnée d’avance même si elle reste possible ! Le poisson coq reste un véritable challenge à la mouche, mais son incroyable allure et sa beauté en fond un coup de ligne mémorable. Je retournerai sur les rives de la mer Cortez, mieux préparé et renseigné que la dernière fois, car ce splendide poisson mérite le voyage. La Péninsule de Basse Californie est certainement le meilleur endroit pour leurrer un Pez Gallo au fouet et un combiné entre quelques jours du bord et les autres en bateaux vous offre une réelle chance de réaliser votre rêve !