Le feeder, une technique aussi pour les gros poissons !

Texte et photos de Lilian Haristoy.

La pêche au feeder est souvent connue pour cibler les poissons de taille moyenne comme de grosses brèmes ou des carpeaux, ou les plus petits comme les gardons.
Benjamin Moufflet, lui ne cible que de gros poissons combatifs avec cette technique. Il pêche exclusivement en riviere et cherche principalement le barbeau, une approche particulière qui promet des combats solides. Nous l’avons suivi lors d’une session sur l’Ardour.

Originaire du Sud-Ouest à Hagetmau, Benjamin pêche dans des cours d’eau comme les gaves ou l’Adour, des rivières puissantes et capricieuses qui ne sont pas évidentes à aborder.

Benjamin est technicien rivière dans un syndicat de bassin versant dans la région, il connaît donc parfaitement ces milieux très changeants que sont les cours d’eau du secteur.

Son approche est toujours réfléchie, il sait s’adapter aux conditions car dans cette région les débits peuvent évoluer rapidement lorsque le temps est à la pluie. 

Le choix du spot :

Sur cette session Benjamin est parti en prospection dans un secteur qu’il pêche peu, la partie basse de l’Adour, zone sous l’influence des marées. Dans cette recherche des barbeaux il apprécie de changer de spots et prospecter afin de mieux cerner le territoire de cette espèce et débusquer de gros poissons. 

Benjamin a choisi un affluent du fleuve qu’il pêchera durant la marée montante avec de petits coefficient, ce qui va faciliter la pêche car le courant sera moins puissant. Sur les conseils d’un pêcheur local, il va s’installer sur un poste où le fond est composé de graviers sur une partie du spot. Les barbeaux aiment le substrat minéral dans lequel ils trouvent des corbicules, gammares ou écrevisses. La mise en place au milieu des roseaux est sommaire mais suffisante pour poser deux cannes et passer quelques heures le temps d’une marée. 

Un matériel adapté:

Pour chercher les barbeaux Benjamin utilise du matériel proche de celui d’un carpiste car ces poissons sont vraiment puissants lorsqu’ils atteignent des tailles conséquentes et pèsent plusieurs kilos. C’est un poisson qui vit dans le courant, souvent collé au fond, et la forme de son corps, fuselée, trahit son aptitude à lutter contre les éléments. Les cannes utilisées font 12 pieds pour une puissance de 2,25lbs, des moulinets débrayables garnis de nylon en 30 centièmes. 


Pour le montage, un bas de ligne en fluorocarbone de 30 centièmes d’une longueur d’environ un mètre terminé par un hameçon d’une taille adapté à l’esche en l’occurence un pellet sur cheveux. Une cage feeder Guru Gripper de 28 a 113gr en fonction des conditions de pêche fixé sur la ligne par un micro lead clip. Le montage est assez classique, inspiré des montages de la pêche moderne de la carpe. Un micro lead clip sur le corps de ligne, un émerillon pour accueillir le bas de ligne et permettre un auto ferrage du poisson. 

Une amorce spécifique:

Pour ce qui est de l’amorce et des appâts utilisés, Benjamin a ses petites recettes et astuces. Le barbeau a une tendance plutôt carnassière donc Benjamin lui propose des appâts assez protéinés à base de pellets. Le mix destiné à garnir la cage est donc composé de pellets de différentes tailles, 3, 5 et 8mm ce qui permet une dissolution décalée et différentes couleurs pour avoir des contrastes sur le fond. Les « bonbons rouges », les asticots rouges, vont rajouter un appât carné et une couleur contrasté de plus. Ces asticots sont morts car vivant ils attirent trop de petits poissons blancs qui n’est pas le cible recherchée par Benjamin.

« La composition de l’amorce qui sera incorporée dans la cage varie en fonction des espèces recherchées. Benjamin a privilégié les grosses particules comme le maïs grain et les pellets mais a mis également du chenevis et asticots pour maximiser l’attractivité de son amorce. Ce mélange correspond a son approche du barbeau. Pour les poissons blancs l’amorce sera composé en majorité de farines diverses avec des asticots par exemple. Plus les particules sont fines plus cela attire les petits poissons blancs. L’astuce de benjamin est d’intégrer a son mix des asticots morts pour ne pas attirer trop de petits poissons blancs mais de rajouter tout de même un appât carné à son mélange. Chaque pêcheur a ses astuces et spécialités en fonction des secteurs de pêche et des poissons recherchés. Lilian Haristo »

A cette potion magique, Benjamin ajoute du maïs et du chènevi grains qui est une petite particule dont tous les poissons raffolent et qui s’insère bien dans les interstices du fond de la rivière. Incorporer du chènevis a pour but de fixer plus longtemps les poissons sur le spot car ils vont chercher ces petites graines cachées dans la moindre anfractuosité du fond. 

La touche finale, Benjamin fini ce mix avec un stick mix de chez Mainline à base de farine de poisson pour bien booster l’ensemble. Une fois la recette terminée la pêche peut commencer en eschant un pellet sur le cheveu de l’hameçon.

En place pour une pêche au feeder :


Le rythme des lancers est d’environ toutes les 15 à 20 min en fonction de l’activité des poissons. Ce rythme de lancer aura pour but d’alimenter le spot en amorce, mais aussi de créer de l’activité et du bruit sur le fond ce qui attire les poissons fouisseurs comme le barbeau. 

Une session de quelques heures sur un nouveau spot est un challenge pour Benjamin mais la prospection est un choix de stratégie qui demande des efforts et parfois faire un bredouille pour tout remettre en question. Tout le sel de la pêche se trouve dans cette façon de voir la pêche. Les deux cannes sont posées sur les détecteurs, un montage sur le lit de gravier à droite et l’autre dans la veine d’eau proche de la berge en face. 

Le premier départ ne tarde pas, la canne dans la veine d’eau démarre, au ferrage Benjamin sent le poisson dans un obstacle et casse. Un départ très puissant et un poids assez lourd au bout, sûrement une carpe. Le montage refait, il est reposé au même endroit. 


A peine quelques minutes après deuxième départ sur la même canne. Un combat très puissant, Benjamin bride le poisson comme il peut avec un corps de ligne en 30 centièmes, c’est sûr c’est un poisson massif. Le combat dure un peu mais l’épuisette accueille enfin ce superbe poisson, une carpe commune d’environ 10kg.

Benjamin est très content car il a réussi à venir à bout de ce poisson et il est de belle taille. Mais toujours pas de barbeau, le doute s’installe sur la pertinence du spot pour prendre cette espèce…


Enfin ! A peine une heure après le début de la session la canne de droite, celle sur le lit de gravier, démarre timidement, Benjamin prend contact rapidement et met au sec un joli barbeau.

Très heureux de cette prise après avoir douté et avoir fait le choix de pêcher une zone inconnue, Benjamin est ravi du résultat. Mais il n’est pas au bout de ses surprises.


Peu après, un autre départ, encore une belle carpe dans le filet. Seulement un barbeau au terme de cette session mais cela permet à Benjamin de valider ce spot.

Avec plusieurs départs en très peu de temps et malheureusement plusieurs casses sur des carpes la session est positive, mais il faudra à l’avenir adapter les bas de ligne pour éviter les casses.

Benjamin a trouvé une nouvelle zone de pêche qui pourra peut-être donner de jolis barbeaux dans l’avenir, mais surtout… un excellent spot à carpes ! 

Retrouvez le sommaire du numéro 958 : https://peche-poissons.com/actualites/magazines/n958-couverture-sommaire-editorial/

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