Automne, première semaine d'octobre. Je décide de quitter la Sicile où les températures sont encore très chaudes : je pars seul pour une semaine de pêche. Quelle route prendre ? Où tremper mes fils ? Avec quelques rares informations, je décide de tester des eaux sauvages où je n'ai jamais pêché. L’inconnu m’attend. Je n'ai vu que quelques photos de carpes d’environ 8-12 kg sur le net, et pour moi c’est déjà sympa de pouvoir toucher du poisson qui ne connait que très peu de pression de pêche ! Direction l'incroyable lac Gajševsko, situé à l'extrémité de la Slovénie, à quelques encablures des frontières avec la Hongrie et la Croatie. Une fois la licence de pêche achetée via internet, je n’ai que très peu d’informations et c’est là tout l’intérêt.
Perdu au milieu de nulle part
Le seul point urbanisé du coin est une petite ville très paisible nommée "Ljutomer". Cette bourgade est littéralement perdue, le gps ayant même eu du mal à la localiser. Une fois sur les lieux et après de longues heures, j’arrive devant un énorme champ dont on ne voit pas le bout. Quelques fermiers sont présents : j’ai l’impression d’avoir fait un bon dans le passé. Le lac qui m’a poussé à faire ce long voyage est un petit barrage, essentiellement composé de petites criques. Sa surface totale n’excède pas 68 ha. Ce n’est certes pas un très grand lac mais un terrain de jeu fort appréciable. Je ne regrette aucunement d’avoir fait ce long périple.
En arrivant au lac je ne vois strictement rien, car un brouillard épais me perd totalement dans mon orientation. Une fois le campement de base installé, le soleil vient apporter un peu de chaleur et de lumière et je peux enfin profiter de ce qui m'entoure. Houa ! Splendide ! Je sais seulement que le point le plus profond du lac est d'environ 7 mètres sur la zone du barrage. C’est un endroit remarquable avec une petite île sur la gauche, approximativement au milieu du lac. Ce spot est un lieu apprécié de nombreux oiseaux comme les cormorans, hérons et cygnes. Ils y construisent leurs nids dans une totale tranquillité : je ne compte pas déroger à cette règle, je vais donc me faire discret.
Sur ce lac, il n'est pas autorisé d'utiliser le bateau pour pêcher mais j'ai eu tout de même une permission exceptionnelle de le prendre seulement pour vérifier avec l'écho sondeur et réaliser un repérage très minutieux des fonds. Très logiquement je vais focaliser ma pêche sur l’île et les profondeurs, deux spots stratégiques de cet eldorado.
Second repérage aérien : 2 cannes, 2 spots
Il était temps de prendre de la hauteur avec le drone pour voir ce qui se passe sur le lac depuis le ciel. Je repère assez facilement divers spots dont les zones de branches, les herbiers et les nénuphars, mais aussi les plateaux et zones profondes…À première vue, sur les 20 premiers mètres, le fond descend jusqu'à 3 mètres puis il remonte lentement jusqu'à 2 mètres. C’est bien un beau plateau pour ne pas dire une salle à manger !
Tout va se jouer autour de l’île où de nombreux grands herbiers flottent en surface. Je dois lancer mes montages du bord et utilisé le spod : j’évalue la distance de pêche à 90 mètres. Je place mon premier marqueur juste quelques mètres avant le "mur" d'herbiers entre moi et l'île. Pour la seconde canne (comme seulement 2 cannes sont autorisées en Slovénie) je décide d’exploiter un sentier à la sortie des herbiers. C’est sans doute une zone de passage : un grand plateau où je pêcherai uniquement avec un bonhomme de neige. Je commence à amorcer avec le cobra et le spomb, environ 3 kg de billes, de diamètres 20-22 mm sur des parfums que j’affectionne à cette saison (notamment poissons et épices sur mon poste le plus proche). Les eaux sont fraîches et claires : l’hiver approche, j’ai fait un long chemin pour avoir un hiver avant l’heure, j’espère que ça va payer. La température de l'eau est de seulement 9,5 degrés, ça change des températures de mon pays mais en même temps, c’est ce que je souhaitais au-delà de cette quête vers l’inconnu !
Le brouillard slovène
Les premières heures du matin avec le brouillard sont évidemment humides et froides : il ne faut aucunement oublier un bon duvet et l’équipement du baroudeur hivernal. Mais quand enfin le soleil se lève, cela réchauffe les esprits et fait monter de quelques degrés le thermomètre. Je prépare donc mes montages avec cette petite chaleur agréable. J’opte pour des bouillettes de 20mm aux poissons et aux épices et des flottantes en 14 mm : ce sont les armes que j’ai utilisé sur ce lac.
Il est temps de passer aux choses sérieuses. Normalement quand j’approche des eaux inconnues, je m’interroge sans cesse. Quand on ne pêche qu’à deux cannes, on a moins le droit à l’erreur. Ai-je fait les bons choix ? Est-ce que les carpes s’alimentent en ce moment, même si les conditions météos me paraissent parfaites ? Il faut laisser passer un peu de temps pour voir si les stratégies sélectionnées sont les bonnes ! Les heures s'écoulent vite et je profite de chaque instant, le coucher de soleil arrive rapidement. Quel spectacle ! J’en prends plein les yeux et en profite pour sortir mon appareil photo afin d’immortaliser ces instants uniques ! Je prends le cobra et 500 grammes de bouillettes rejoignent la zone. Je choisis de ne pas en mettre davantage : on verra si ces dames décident de bouger une fois que l’obscurité se sera totalement installée. Je reste tout de même confiant, même si l’attente me parait interminable.
Un extraterrestre dans la place
C'est une nuit froide avec la pleine lune qui rayonne sur mon campement, le ciel est clair et étoilé. Je me glisse dans le sac de couchage pour un repos que j’espère court. Mais la nuit se passe sans aucune activité. Je me réveille d’un coup mais pas pour un départ. Un vieux pêcheur vient se prendre avec sa longue barque dans mes fils. Ce n’est rien de grave. C’est hilarant de voir ces pêcheurs vétérans nous regarder comme des extraterrestres avec tout notre matériel dernière génération. Après un bon café salvateur, je commence à préparer mon matériel afin de changer mes billes sur mes 2 cheveux, et là, Biiiiip !!!! Première course matinale histoire de se mettre en forme. La canne de droite est celle qui a enregistré une touche. Le poisson file sans surprise dans les herbiers. Les carpes slovènes sont manifestement très dynamiques et bagarreuses. Je parviens lentement à la combattre puis à la mettre dans l’épuisette. Une belle carpe commune ouvre le bal. Certes pas un gros fish, mais le smile est là ! Après quelques photos, elle donne un coup de queue et retourne d’où elle vient. Je repose mes deux montages dans la foulée avec un léger vent du nord qui vient en ma direction. Il est 14h et ça décolle de nouveau, mais cette fois-ci sur l’autre canne. Au top ! Mes deux spots sont pêchant. C’est une belle miroir de toute beauté. Ici l’hiver commence à venir, les poissons rentrent en activité, et je suis là, prêt à les accueillir…
La baromètre délire !
Le vent s’est renforcé et amène avec lui la pluie et les basses pressions jusque dans l'après-midi. Peu à peu les nuages et l'obscurité tombent. Je m’endors et mon sommeil est écourté per une touche. Je me lève, déboussolé, je ne vois rien ! Il y a un brouillard épais : je me laisse donc guider par le bruit de mon détecteur. Je trouve enfin ma canne, puis s’enchaine un combat fort sympathique et une commune de fou arrive au filet. Je distingue un bloc en or à la surface, GOT IT !
Je pèse ce fish de 16.3 kg et file me changer afin de faire une petite séance dans l’eau, j’installe tout le matériel, prépare mon plus beau sourire, attends la prise de vue, et op, biiiiiiiip, ça redémarre ! Heureusement, je n’ai que deux cannes. Dès le premier coup de canne, je sens que ce poisson est différent, il utilise son poids pour aller dans les herbiers, difficile de le contrôler. Après quelques secondes, il décide de prendre le large comme s’il voulait traverser le lac. L’adrénaline monte, le big smile est sur mon visage comme un gamin devant un magasin de bonbons. Je regarde le poisson arrivé dans l’épuisette, les yeux pétillants. La pesée annonce 19.800kg de bonheur, je suis comblé !
Il est temps d’apporter une conclusion avant mon retour
Par la suite j’enchaine plusieurs départs et chaque poisson est vierge de piqure. J’étais là quand il le fallait, ce lac m’a offert des instants que je ne suis pas prêt d’oublier et je vous souhaite, si un jour vous y aller, de vivre ces mêmes instants. Il faut parfois aller vers l’inconnu, on ne vit qu’une fois. Pendant cette session mémorable de 6 jours, je n’ai utilisé que 7 à 8 kg de bouillettes, en rappelant régulièrement. Si vous êtes prêt à partir pour une destination de l'Europe de l'Est, et que vous êtes à la recherche de véritables sensations sans pour autant espérer une 30kg, voici un réel défi ! C'est un endroit magnifique pour passer une semaine. Il est clair qu’il doit y avoir de belles surprises, mais pour cela il faut y aller !
La valeur de l’argent en Slovénie
L’argent utilisé est l’euro, ce qui est fort appréciable pour nous Français. Le coût de la vie en Slovénie est 30 % moins élevé qu'en France. Un repas au restaurant par exemple coûte 44% moins cher, une bière est 56% moins élevée, 44 % de moins pour un paquet de cigarette. Le matériel de pêche est également moins cher : entre 8 et 34% moins élevé qu’en France. Tout cela s’explique : le salaire moyen d’un travailleur stovaïne est de 976 euros par mois, soit deux fois moins que sur notre territoire. Comme bien d’autres pays de l’est, il est donc possible de limiter les frais une fois sur place.
Informations et tarifs
90 euros les 5 nuits
2 cannes
Le bateau n’est pas autorisé, mais les pêches sont facilement praticable depuis la berge
http://www.ribiskekarte.si/fr/rd-ljutomer/nakup/193
ATTENTION ! En hiver, avant de procéder à l'achat d’une carte de pêche, veuillez-vous renseigner si le lac n’est pas gelé, où sinon vous pourrez au pire faire du patin à glace !
Paris - Lac de Gajševsko Jezero
- Temps 12h51 dont 12h07 sur autoroute 13h04 dont 12 mn d'impact trafic pour un départ à 15h59
- Distance 1366 km dont 1332 km sur autoroute
- Coût estimé 176,10 € dont péage 43,10 €
- Carburant 109,10 €
- Vignette 23,90 €