Les structures artificielles construites par l’homme sont souvent colonisées par les perches. Ports, pontons, épis, digues et surtout piles de pont retiennent ce petit carnassier qui y trouve refuge et nourriture. Les piles constituent un poste de choix, aussi bien en lac de barrage qu’en rivière et fleuve. C’est tellement vrai que certains pêcheurs, voire des compétiteurs de circuits carnassiers, ne prospectent que ces murs porteurs durant leur session sur l’eau. Elles sont d’autant plus fréquentées en hiver, lorsque les herbiers ont disparu et que les zébrées se regroupent dans les zones profondes.
Un pont, des piles
La pile de pont, qu’elle soit en pleine eau, dans le lit principal ou sur les bordures, plus proche des rives, est composée de plusieurs postes, de chasse et de repos. Il faut donc tourner autour tranquillement et décortiquer l’endroit pour en tirer le meilleur. Gardez en tête que sur un pont il y a toujours des piles meilleures que d’autres. Le courant, la profondeur, la proximité d’un haut-fond ou d’un herbier en été peuvent expliquer cette localisation des poissons, mais il est important de les pêcher les unes après les autres afin de trouver celle qui recèle les percidés.
Plusieurs postes
Ces différents postes doivent être abordés avec des techniques particulières. Débutons par l’amont. Il est bon de positionner son embarcation à bonne distance, entre 20 et 25 m juste en face du nez de pile. Si vous bloquez l’embarcation à l’aide d’un poids, tenez compte de la longueur de corde qui va vous rapprocher de la structure. Il en va de même avec les moteurs électriques, si vous arrivez par l’amont, le bateau va tourner afin de mettre la proue et le moteur avant face au courant, ce qui peut vous faire perdre cinq à sept mètres. Une fois stabilisé, vous pourrez pêcher la partie amont de la pile, là où se tiennent souvent de grosses perches en chasse. Un crankbait, de 4 à 7 cm suivant la taille supposée des poissons en activité, sera lancé de part et d’autre du nez de la pile afin de venir lécher, voire heurter, l’édifice. Débutez avec des modèles de poissons nageurs peu plongeants et augmentez la profondeur au fil des lancers. Vous pouvez aussi utiliser un leurre souple, dans les mêmes tailles, sur une tête plombée de 5 à 7 g et laisser plus ou moins descendre le leurre dans la couche d’eau au fur et à mesure de votre prospection. En plein été, un passage avec un stickbait ou un popper peut rapporter de belles surprises !
La fosse aval
Une fois l’avant bien prospecté, éloignez le bateau du poste et contournez-le en passant assez loin. Positionnez-vous à l’aval, avec les mêmes indications concernant le placement du bateau. Vous pouvez utiliser les mêmes leurres, durs et souples, pour pêcher ce secteur. Un ou deux lancers plus appuyés permettent de frôler le flanc de la pile à mi-eau. Cette partie est excellente lorsqu’elle comporte un décroché au milieu ou si la pile est creuse, comptant plusieurs poteaux, aussi bien en ciment qu’en métal. Vous pourrez ensuite changer de leurre et passer au plomb palette, au jigging rap, aux jigs métalliques et au drop shot pour tenter des poissons calés dans la partie profonde, située très souvent juste en aval du pied de la pile. Les courants et tourbillons, lors des crues notamment, creusent le lit de la rivière ou du fleuve à cet endroit et forment une fosse abritée du courant principal servant souvent de refuge aux poissons en hiver.
Doucement sur les flancs
Il est temps de remonter les flancs de la pile de pont. La plupart des structures comportent deux niveaux. Les colonnes, rondes ou plates, reposent sur un raidisseur, ou longrine, qui permet de répartir le poids du pont sur les fondations. Cette zone n’est souvent pas très large et dépasse peu de la pile visible hors de l’eau. En dessous se trouve la semelle, plus large. En fonction de la température de l’eau, de la saison, du courant, les poissons peuvent aussi bien se tenir sur le premier étage de la longrine que plus profondément, le long de la semelle. Ces postes peuvent être prospectés à l’aide de leurres lourds et insistants qui vont finir par énerver les perches : jigs métalliques, plomb palette, jigging rap et drop shot sont donc les techniques les plus indiquées. Faites tourner la boîte de leurres, en alternant les couleurs, le petit percidé est parfois tatillon et ne réagit qu’à certaines couleurs ou vibrations ! Je vous invite à être patient et à ne pas survoler la zone. Prenez votre temps et explorez méthodiquement la structure. Il faut parfois présenter le leurre au ras de la cache pour provoquer la touche.
Alternez les techniques
Il est parfois difficile de stabiliser le bateau équipé d’un moteur électrique avant en raison des courants formés par cet obstacle. Les interférences créées par le tablier du pont peuvent tromper le GPS du moteur qui se déplace parfois de façon aléatoire. La pêche en étant ancré permet de prendre son temps pour prospecter chaque recoin de la pile. Positionnez-vous en amont de l’ouvrage pour pêcher le nez de pile puis contournez la structure en passant assez loin et ancrez-vous à son aval. Insistez au ras de la semelle aval et ensuite remontez les flancs de cette fondation de part et d’autre de la pile. La position du soleil peut parfois jouer un rôle fondamental, les poissons se calant à l’ombre pour plus de discrétion.