L’aire de répartition géographique naturelle de l’oscar, également connu chez les pêcheurs sous le nom d’acará ou d’acará-açu, car il est ainsi désigné au Brésil, est plutôt vaste. On le trouve dans les bassins du fleuve Amazone et du rio Negro, dans celui de l’Orénoque mais aussi dans celui des fleuves Paraná et rio Paraguay. Les pays concernés sont le Brésil, la Bolivie, la Colombie, le Pérou, le Venezuela et la Guyane française (bassins de l’Oyapock et de l’Approuague) où on l’appelle Krombiérouj en créole. Il est également signalé en Argentine, à la limite de sa zone native. Des introductions accidentelles ou volontaires font qu’on le signale plus ou moins localement en de nombreuses parties du monde comme aux États-Unis (Floride), en Afrique (Côte d’Ivoire), en Asie à Singapour ou à Hong Kong, aux Antilles à Porto Rico ou même en Océanie à Guam et à Hawaï. Si on veut vraiment se donner le maximum de chance pour découvrir l’oscar dans sa zone native, il semble que ce soit en Bolivie qu’il est le plus commun.
Un des plus grands cichlidés
S’il dépasse rarement 25 cm lorsqu’il est captif en aquarium, l’oscar peut atteindre 45 cm en milieu naturel. Il pèse alors environ 3 livres. La silhouette générale est plutôt ronde, le corps est aplati latéralement. La tête est massive, sans écaille sur le pré-opercule. Elle est fendue par une gueule de grande taille, orientée vers le haut. La mâchoire inférieure est légèrement proéminente. Les nageoires pectorales sont très longues. La caudale est très arrondie. Le rapprochement des nageoires dorsale, anale et caudale, en forme circulaire d’éventail, fait penser au tripletail (Lobotes surinamensis), un autre poisson carnassier tropical qui fréquente, lui, les eaux saumâtres. Le coloris des flancs varie du brun au noir avec de superbes auréoles orange vif ou rouge vermillon. Un ocelle noir très marqué et cerclé de rouge orangé et de noir est présent à la base de la caudale. Il est la clé d’identification principale de l’espèce et rehausse encore son élégance. Il est à l’origine de son nom scientifique Astronotus ocellatus. Certaines théories avancent que l’ocelle centré sur le pédoncule caudal cherche à mimer la tête de l’oscar pour réduire les morsures de piranhas sur les nageoires postérieures.
Écologie et comportement des oscars
Pendant de nombreuses semaines, les jeunes oscars ne présentent pas le fameux ocelle ou il est très peu visible. Leurs flancs, plutôt sombres, sont simplement striés de fasciatures plus claires ce qui fait de ces juvéniles de fort jolis poissons. En prenant de l’âge, l’ocelle est de plus en plus marqué et les fasciatures disparaissent au profit des taches et des marbrures rouge orangé. L’oscar est un poisson de pleine eau qui aime vivre en petits groupes puis se mettre en couple pendant la période de reproduction. Le dimorphisme sexuel est très peu marqué et il est souvent nécessaire de pratiquer la « retournette » si on veut distinguer mâle et femelle. La maturité sexuelle est atteinte dès la taille de 12 cm. La ponte est déposée sur substrat (pierres ou bois) après qu’il a été nettoyé par les futurs parents. Le couple garde et protège les œufs puis les alevins. L’oscar est un prédateur opportuniste omnivore qui se nourrit principalement de petits poissons mais aussi d’insectes, de crustacés ou d’invertébrés. Si la nourriture carnée vient à manquer, il peut avaler des végétaux comme des fruits ou des baies. À noter que l’oscar s’adapte facilement à la captivité. En aquarium, il devient rapidement un animal « familier » et vient, très vite, manger docilement dans la main de celui qui le nourrit régulièrement.
Pêcher les oscars
La très vaste aire de répartition de l’oscar implique sa grande adaptabilité. Il peut occuper différents types de biotopes ; il est donc très difficile de le rechercher spécifiquement puisqu’il est à la fois « partout et nulle part ». Ainsi, je dois avouer que lors de mes nombreux séjours de pêches en Amazonie, je l’ai presque toujours pris « par hasard » en recherchant d’autres espèces. Une chose est certaine, c’est que, malgré son corps trapu et musculeux, l’oscar n’est pas un poisson de courant. Il apprécie au contraire les eaux très calmes abritant d’importantes structures comme du bois immergé. Si celles-ci sont érigées dans une certaine verticalité c’est encore mieux car les oscars aiment se tenir entre deux eaux. Typiquement on le trouvera le long de berges boisées et en forêt inondée où il se cache pour chasser à l’affût. C’est pour cette raison que les pontons de bois constituent des spots où on le retrouve régulièrement et où on peut donc le cibler si on veut absolument pêcher un oscar. C’est clairement en Bolivie, dans la province du Beni, que j’ai pris le plus d’oscars. C’était en pêchant très tôt le matin ou tard le soir, lorsque la luminosité est faible car nous recherchions alors les bentons (Hoplias malabaricus, un petit cousin de l’aïmara), sur des secteurs très peu profonds, très encombrés de bois immergé (bordure de forêt) et aux eaux très claires.
Les oscars qui portent le très joli nom de palometa real dans cette partie du monde étaient particulièrement réceptifs aux petits jerkbaits BKS K-Ten Tackle House rouge et blanc de 90 mm. Une fois accroché à la ligne, l’oscar se défend avec une vigueur très surprenante. Il développe la même force qu’un black-bass deux ou trois fois plus gros et certains pêcheurs considèrent qu’il est, proportionnellement à sa taille, un des carnassiers les plus puissants d’Amazonie. Une chose est certaine, c’est un vrai plaisir de le rechercher au lancer avec un matériel léger ou à la mouche car il est très attiré par les streamers volumineux. L’oscar s’est tellement bien adapté aux canaux et petits lacs de Floride que tous les derniers records IGFA proviennent de cette région du monde. Le dernier en date a été établi sur les Pasadena lakes dans l’extrême Sud-Ouest de la Floride. C’était le 30 juillet 1999 avec un oscar de 38 cm pesant 1,580 kg capturé avec un petit poisson nageur. Record à battre : à vos cannes !