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Aspe : à la conquête de l'hexagone

Nos lecteurs ont aidé Julien à répertorier l'aspe en France. Ici, Grégory Leroy, avec une capture de la Meuse.

Crédit photo La Pêche et les poissons
Julien Mathien a enquêté auprès des professionnels et des pêcheurs de loisir afin de mettre à jour la carte de sa répartition sur le territoire. Il nous livre ici les résultats de ses recherches.

Il en a fait du chemin depuis 1989, année où la capture du premier aspe par un pêcheur sportif fut répertoriée sur le Rhin supérieur, au niveau du barrage de Gambsheim. Après avoir colonisé tout l’est du territoire, ce poisson est apparu sur le bassin de la Loire à la fin des années 2000, puis sur celui du Rhône, de la Seine et même de la Garonne. D’ici quelques années, tous les pêcheurs français pourront traquer cet incroyable poisson à deux pas de chez eux !

Signé Antoine Buron, dans l’Allier
Crédit photo : La Pêche et les poissons

Le Rhin, berceau français

C’est évidemment dans le Grand Est qu’il est le plus présent, car c’est ici que tout a commencé il y a plus de trente ans. Aujourd’hui, on le retrouve sur quasiment tous les cours d’eau de seconde catégorie reliés au Rhin. Il occupe l’intégralité du cours français du fleuve et de son vieux cours, mais aussi l’Ill, la principale rivière d’Alsace jusqu’à hauteur de Mulhouse. Il a rejoint la Moselle allemande à Coblence, où elle se jette dans le Rhin. On le trouve désormais de la frontière belge à Neuves-Maisons sur la Moselle française, mais aussi sur les derniers kilomètres de ses principaux affluents comme la Meurthe, la Sarre, la Seille et l’Orne. Il est également présent en Meuse française, qu’il a pu rejoindre grâce à son delta commun avec le Rhin ; sa présence est confirmée de la frontière belge jusqu’à Pouilly-sur-Meuse. L’aspe a également colonisé les cours d’eau connectés de plus petit gabarit comme la Zorn, la Blind, la Moder, la Bruche ou la Zinsel du Nord, et il navigue dans les principaux canaux du Grand Est, comme le canal de Neuf-Brisach, celui de Colmar, de la Bruche, le grand canal d’Alsace, celui de Widensolen et, enfin, le canal du Rhône au Rhin qui lui offre une route toute tracée pour rejoindre le sud de la France.

Bruno Walter sur le Rhin.
Crédit photo : La Pêche et les poissons

Une longue route

C’est par le canal du Rhône au Rhin et le Doubs, qui relie le Rhin à la Saône, que l’aspe a progressivement rejoint le bassin du Rhône de manière naturelle. Ce canal est étroit et la fréquence d’ouverture des portes est moins régulière que sur les grands réseaux, ce qui a ralenti sa progression. C’est pourquoi son apparition sur le Rhône est récente. Son expansion a d’ailleurs certainement été favorisée par la main de l’homme au cœur de Lyon, où sa population semble exploser plus rapidement qu’en amont. Aujourd’hui, sa présence est avérée en Saône, de la confluence jusqu’à Heuilley-sur-Saône, et sur ses principaux affluents, comme la Seille jusqu’à Louhans ou encore l’Azergues jusqu’au barrage des Chères. Sur le Rhône, les pêcheurs ont signalé des captures du nord de Lyon jusqu’à Valence.

Thomas Herault dans la Vienne 
Crédit photo : La Pêche et les poissons

La Loire, paradis de l'aspe

Son apparition sur la Loire remonte à la fin des années 2000, suite à des empoissonnements de gardons baltes dans lesquels se cachaient des alevins. L’aspe apprécie la configuration du fleuve encore sauvage, dont le courant et les faibles profondeurs lui offrent un terrain de jeu idéal et propice à sa reproduction. Sa population a explosé et il est désormais présent de Nantes à Roanne, où il a même passé les infranchissables barrages de Villerest et de Grangent. Les principaux affluents ont également été colonisés massivement. On le trouve ainsi sur le Cher jusqu’à Saint-Julien-sur-Cher, sur l’Allier jusqu’à Issoire, sur la Vienne jusqu’à l’Isle-Jourdain, sur l’Indre jusqu’à Rigny-Ussé ainsi que sur la Sarthe, la Mayenne et le Loir au-delà des frontières du Maine-et-Loire. On le trouve également sur les cours d’eau connectés de plus petit gabarit où il remonte plus ou moins en amont si la configuration lui convient. Sa présence est confirmée sur le Beuvron, le Louet, l’Èvre, l’Erdre, le Thouet ou encore la Sèvre nantaise.

Charles Chesneau dans la Loire, en Indre-et-Loire
Crédit photo : La Pêche et les poissons

La Seine et la Marne

Le bassin de la Seine est connecté à celui du Rhin grâce au canal de la Marne au Rhin. Ainsi, l’aspe a pu rejoindre la Seine de manière naturelle après une longue route étroite et canalisée. Sa présence est logiquement récente, mais ces dernières années la population explose au nord de la capitale, et ce, bien plus rapidement qu’en amont. De fait, comme sur le Rhône, l’homme a certainement joué un rôle pour favoriser son expansion. L’aspe est aujourd’hui présent du port de Rouen à l’écluse d’Évry. On le trouve également sur la Marne, de la confluence à la jonction avec le canal de la Marne au Rhin, sur la Saulx jusqu’à Vitry en Perthois et même dans le lac du Der.

Antoine Sellier sur la Seine
Crédit photo : La Pêche et les poissons

Apparition confirmée sur la Garonne

C’est la dernière information en date : la présence de l’aspe a été confirmée sur le fleuve Dordogne qui partage son estuaire avec la Garonne. Il n’a pas pu arriver de manière naturelle et donc l’homme est certainement responsable de cette extension de son territoire. Plusieurs captures, encore anecdotiques, ont été enregistrées au niveau de Bergerac, ainsi que sur la Vézère, la Dronne et l’Isle, des affluents proches. Il faudra encore quelques années pour que la population s’y stabilise et que les pêcheurs puissent le rechercher spécifiquement, mais si l’aspe réussit à rejoindre la Garonne, il y trouvera du courant et des radiers particulièrement favorables à une expansion rapide et massive. Affaire à suivre.

Jean-Marie Auduc sur l’Allier.
Crédit photo : La Pêche et les poissons

Ici et là

De nombreuses captures sont signalées partout en France et ces signalements n’ont pour seules explications que des empoissonnements accidentels ou volontaires de la main de l’homme. On trouve notamment des aspes dans le canal de Roubaix sur le bief de Leers, dans de nombreuses gravières du Grand Est où il semble s’acclimater sans problème en eaux closes, ou encore sur le fleuve Vilaine, entre Rennes et Guipry-Messac

 

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