1 Il est partout
Le chevesne peut se targuer d’être présent sur l’ensemble de notre territoire, disponible à tous, quels que soient les milieux que vous fréquentez. Il occupe les eaux courantes ou calmes, les fleuves et grands lacs, aussi bien que les ruisseaux ou les étangs. Il fréquente également les zones aval de la première catégorie où il côtoie les truites et vairons régulièrement. Ses bonnes capacités de reproduction assurent un beau cheptel permanent. Il peut même être abondant voire dominant sur certains secteurs qui lui conviennent particulièrement. Et il est bien rare de tomber sur un site exempt de tout chevesne. Pourquoi ne pas en profiter ?
2 Il est superbe
Certains pêcheurs, y compris au coup, considèrent le chevesne comme une sorte de sous-poisson, ne lui trouvant que peu d’intérêt, qu’il s’agisse de sa pêche ou de son apparence. Pourtant, quand on l’observe de près, il devient évident qu’il n’a rien à envier à d’autres, pourtant plus prestigieux. Le corps, aussi trapu que fuselé, respire la puissance. La robe, qui peut aller de l’argenté brillant au doré sombre selon les milieux, est mise en valeur par de larges nageoires puissantes. Ajoutons à cela, avec des yeux bien ronds et des lèvres charnues, une vraie bonne tête ! Le chevesne peut en outre se révéler être un adversaire redoutable et puissant, d’autant qu’il peut dépasser les soixante centimètres pour un poids de deux à trois kilos.
3 Il est toujours actif
Le chevesne reste actif toute l’année, y compris pendant les pires journées d’hiver ou sous le soleil écrasant d’août. C’est la seule espèce que l’on peut rechercher n’importe quand avec de vraies chances de succès. Il ne migre pas ou très peu. L’habitude qu’il a de marauder en surface le rend facilement identifiable et, quand on en voit un… c’est qu’il y en a d’autres ! Moins grégaire que le gardon ou la perche, il navigue néanmoins en groupes plus ou moins nombreux selon la taille moyenne des individus.
4 Toujours dispo !
En première et seconde catégories, le chevesne est pêchable toute l’année car il se trouve toujours un parcours accessible en période de fermeture. On le prend aux leurres jusqu’à la fermeture du brochet puis en première catégorie dès l’ouverture de la truite. De février jusqu’à la mi-mars, en seconde catégorie, sa pêche peut se pratiquer aux appâts naturels sur l’ensemble du réseau. Une belle alternative pour les pêcheurs aux leurres pour lesquels le chevesne est le seul poisson pêchable plus de dix mois sur douze.
5 Il est opportuniste
Le chevesne est le poisson opportuniste par excellence. Il est parfaitement omnivore, capable d’ingurgiter à peu près n’importe quoi. Ce trait de caractère ouvre un énorme arsenal de techniques utilisables pour sa capture. On peut aborder sa pêche avec ses techniques favorites habituelles mais aussi adapter plus finement celles-ci afin d’optimiser les chances de réussite. Profiter d’une crue ou d’une hausse des niveaux pour ressortir nos bons vieux vers de terre, par exemple, n’a rien de dégradant et peut s’avérer une excellente idée. Aux beaux jours, savoir profiter des éclosions en dépoussiérant une soie peu utilisée par ailleurs apportera à coup sûr quelques bonnes surprises tant ce poisson est passé maître dans l’exploration de la surface.
6 C'est un excellent sparring-partner
Le chevesne est le poisson idéal pour s’entraîner ou se perfectionner. Plus abondant et moins sollicité que la truite, on peut le rechercher au toc, en dérive naturelle, à la mouche quand les salmonidés font défaut ou sont inactifs. En première catégorie, quand un pêcheur est passé devant nous, les chevesnes restent accessibles au contraire des truites et évitent la sortie stérile. C’est un sparring-partner parfait pour tester de nouveaux leurres ou de nouvelles techniques dont on ne sait rien encore, permettant d’assurer quelques captures à proximité de chez soi pour se faire la main. C’est un truc incomparable pour s’imprégner d’un minimum de confiance dans de nouveaux leurres avant d’aborder des poissons plus difficiles. Ma devise quand j’essaye une nouveauté, c’est : « Si le chevesne y croit, tout le monde y croira ! »
7 Il est malin
Croire que la pêche du chevesne est facile voire simpliste est une erreur. Sans doute pour compenser son omniprésence, le chevesne développe en fait une méfiance farouche et permanente, rarement mise en défaut, sauf à l’occasion de quelques moments ponctuels de folie collective. Ce poisson dispose d’une bonne vue. Le plus souvent calé près de la surface, il sera le premier à vous repérer. Dans ces conditions, passez votre chemin car vous vous lasserez avant lui. Le premier impératif, c’est de faire preuve de discrétion, dans votre approche et dans vos montages : impacts bruyants, sillages en surface, présentations non maîtrisées sont rédhibitoires. La prise d’un gros cloue souvent le bec du groupe.
8 C'est un beau combattant
Le chevesne ne gratifie pas de chandelles extravagantes mais sa défense est remarquable, au point qu’à partir d’une trentaine de centimètres, coups de tête et départs en force font penser à une truite ou à une belle perche. Une fois contrés, le rythme ralentit rapidement mais, paradoxalement, c’est souvent là que l’on perd le plus de poissons. La défense devient lourde et dure assez longtemps, le danger venant de la capacité du chevesne à profiter de toutes les opportunités pour vous fausser compagnie. La moindre veine de courant ou branche noyée sera exploitée.
9 Il oblige à s'adapter
Il n’est pas possible d’aborder la pêche du chevesne d’une manière un peu trop standardisée comme c’est souvent le cas pour d’autres poissons. Pas question de longer une rive en effectuant des lancer-ramenés mécaniques. Dans un premier temps, l’idéal est de bien localiser les chevesnes actifs ce qui est assez facile. Selon leur activité, on peut alors définir la façon optimale d’aborder leur pêche. Cette façon de procéder oblige souvent à modifier, affiner ses montages au bord de l’eau et à choisir le meilleur angle d’attaque. En présence de plusieurs poissons, on peut établir un ordre logique de captures afin que le premier piqué ne sème pas la panique dans tout le groupe.
10 Sa pêche est ludique
Votre capacité à adapter votre technique en fonction des conditions de pêche, de manière régulière, rend la pêche ludique. Il est amusant de ramasser des cerises ou des mûres pour les présenter au chevesne qui en est friand. Un hameçon simple esché d’une cerise comme unique montage et vous voilà parti en maraude. Autre exemple : il y a quelques années, nous subissions une invasion de pyrale du buis, un papillon dévastateur venu du Moyen-Orient. Les quantités astronomiques de ces insectes blancs (il semblait neiger au mois d’août…) ont eu pour conséquence que les chevesnes se focalisaient sur cette espèce, attaquant sans discernement tout ce qui était blanc et se posait à la surface. Cela m’a valu quelques sorties mémorables, chaque lancer rapportant un poisson, quel que soit le leurre, du moment qu’il avait la bonne taille et qu’il était blanc de blanc !