Débuter la pêche du sandre (2/2) : trouver les meilleurs spots et prendre ses premiers poissons

Ne partez pas à l’inconnu le long de la rivière et n’effectuez pas vos premiers lancers au hasard. Vous devez comprendre où stationnent les sandres avant de commencer à cibler les meilleurs postes. Qu’il s’agisse d’une grande rivière ou d’un canal dans une grande ville, passons en revue les postes les plus prometteurs.

Les spots

Je me rappelle très bien la première fois que j’ai pêché ce type d’endroits. L’impressionnante masse d’eau, les gros bateaux qui se croisent en permanence rendent compliquée l’approche des postes. Heureusement, j’étais accompagné par un pêcheur expérimenté qui m’a alors donné de bons conseils pour trouver les hot spots dans ce genre de cours d’eau. Ne vous laissez pas impressionner par l’importante masse d’eau mais regardez tout simplement la zone juste devant vous et la manière dont se comporte l’eau. Le courant et les structures sont ici déterminants. Les sandres aiment se tenir dans les spots où ils peuvent facilement trouver des proies sans avoir à nager en dépensant une énergie folle dans le courant. Prenez quelques secondes pour regarder le courant avant de lancer. Les berges des grandes rivières sont souvent protégées par des épis rocheux. Ces grandes barrières cassent les courants et provoquent une zone favorable aux chasses des poissons prédateurs. Souvent, un courant annexe au courant principal se crée entre les pointes de ces épis rocheux. Où se tiennent les sandres dans cette zone ? Eh bien, pour être honnête, ils peuvent être un peu partout, mais il y a quelques postes clés qu’il ne faut surtout pas oublier car ils rapportent régulièrement des prises. Le courant se déplace en cercle depuis la veine principale entre les deux épis. Il va venir buter sur l’épi en aval de votre position et va creuser une petite fosse au pied des rochers. C’est un excellent poste où il faut effectuer quelques lancers, car les sandres s’y tiennent en profondeur en l’attente des proies qui dérivent dans le courant. Attention cependant, car il est facile de s’accrocher rapidement au fond sur ce type de poste. Nous reviendrons plus tard sur les conseils pour ne pas s’accrocher et pour se décrocher facilement. Pour l’instant, continuons notre analyse des postes. Le courant poursuit son chemin dans la zone sablonneuse entre les deux épis et se ralentit dans le milieu pour créer une bosse un peu moins profonde. Le sommet de cette zone à proximité du courant principal est également favorable à la tenue des sandres qui y trouvent l’opportunité de déguster quelques proies sans dépenser d’énergie. Effectuez toujours quelques lancers dans cette zone ! Ce courant heurte à nouveau les roches avant de retrouver la veine d’eau principale. Cela crée une « grosse lessiveuse » où se situe certainement la zone la plus profonde du secteur. C’est bien entendu un excellent poste sur lequel il faut aussi effectuer quelques lancers car les petites proies en perdition dans « la lessiveuse » déclenchent l’appétit des sandres. En réalité, sur cette structure, toutes les zones sont susceptibles de contenir du poisson et quelques lancers de sécurité pour balayer au hasard la zone ne seront pas superflus. Je vous ai dit que nous étions principalement axés sur les leurres souples mais j’ai la volonté de vous donner des conseils généralistes pour capturer des poissons. En voici un tout indiqué pour cette zone. Prenez un crankbait à longue bavette et lancez-le au-delà de la butte sablonneuse entre les deux épis. Tapez le fond avec ce leurre. Moulinez en linéaire afin que le crankbait heurte régulièrement le fond, vous aurez souvent quelques touches supplémentaires grâce à cela.

Les autres hot spots

Sur la rivière, les autres postes sont constitués par les irrégularités sur la berge comme les péniches, les ports ou les connexions avec les darses. Tous les spots où il existe une différence entre le courant principal et ses abords sont également dignes d’intérêt pour la tenue des sandres. Chez vous, n’hésitez pas à faire des recherches sur des cartes telles que Google Maps pour trouver les postes les plus intéressants. Le canal est un cours d’eau artificiel créé par l’homme, ce qui le rend complètement différent d’une classique rivière. Ici, je recherche la moindre irrégularité dans la structure droite et monotone, où un sandre peut se tenir embusqué dans l’attente d’une proie. Un petit débord sur un quai, une sortie de buse, des palplanches ou les ponts sont bien entendu des postes à privilégier. Les sandres adorent les dessous de ponts car ils aiment être dans l’obscurité, leurs yeux sont conçus pour cela. Dès que vous trouvez un pont, tentez quelques lancers dessous. Parfois, les prédateurs n’hésitent pas à se tenir tout contre les empierrements et, dans ce cas, une pêche verticale, juste sous vos pieds, peut être terriblement efficace. Mais nous aborderons la technique un peu plus tard.

En action maintenant

Maintenant que vous savez où lancer, parlons un peu de la manière dont il faut s’y prendre pour qu’un sandre avale, au sens propre, un morceau de plastique qu’il prend pour une proie réelle. Votre leurre est monté sur sa tête plombée et relié à votre bas de ligne, prêt à pêcher. Prenez le temps de visualiser le comportement de votre leurre en action. Cela vous donne une idée de la manière de le récupérer afin que son efficacité soit optimisée lorsque vous moulinez la ligne. Les leurres à bavette caudale (paddle tail) ont une nage frénétique alors que les leurres finesses glissent seulement dans l’eau sans trop d’actions, en dehors des animations verticales. Faites votre premier lancer avec la tête plombée la plus lourde en votre possession (15 à 20 g). Envoyez-la dans une zone peu courante. Ces premiers lancers servent à comprendre le fonctionnement du leurre et notamment à bien assimiler les contacts avec le fond. Faites votre lancer et laissez le leurre filer vers le fond en maintenant la tension sur la ligne. Ce dernier détail est important car si la ligne est détendue, le leurre sera facilement poussé entre deux rochers par le courant et sera coincé au fond. Nous laissons donc la canne scion pointé vers le haut, en position 10 heures. Restez attentif à votre scion ainsi qu’à votre ligne et gardez votre index sur le blank de la canne. Quand le leurre touchera le fond, vous allez percevoir une légère tape au bout du scion et la tension de la ligne va faiblir. À ce moment, moulinez deux à trois tours rapidement en gardant la canne dans la même position. Cela va faire décoller le leurre depuis le fond. Lorsque vous arrêtez de mouliner, le leurre va faire le chemin inverse, coulant par son propre poids. Il va nager naturellement, de la même manière qu’il s’animait un peu plus tôt, lorsque vous testiez son action sous votre canne. C’est à ce moment que vous obtiendrez le plus de touches. Il faut donc recommencer à chaque fois que le leurre cogne le fond en espérant que la touche se produise ! Plus la tête plombée est lourde, plus elle va couler vite. Tout cela est très logique. Il faut ensuite baisser le grammage de votre tête plombée en gardant tout de même un bon contact avec le fond. Si vous n’avez aucune idée de l’endroit où se trouve votre leurre souple dans la colonne d’eau, ou si vous avez déjà touché le fond sans vous en rendre compte, votre tête plombée est probablement trop légère. Choisissez la tête plombée qui vous permet de prendre contact avec le fond et de pêcher en toute confiance dans la technique en étant certain de pêcher au bon endroit. Utilisez le courant pour que l’animation du leurre dure plus longtemps ! Lorsque vous pêchez à contre-courant, le leurre est poussé et porté, la récupération peut ainsi être plus lente. Dans ce type de configuration, une tête plombée un peu plus lourde qu’à l’accoutumée peut être nécessaire pour avoir un meilleur contact avec le fond… Un leurre souple plus profilé pour fendre le courant peut également faire l’affaire. À l’inverse, lorsque le courant pousse le leurre, la récupération doit être plus rapide. La pêche verticale est une technique à connaître pour prospecter efficacement les zones urbaines disposant de structures linéaires et monoformes. Et vous n’avez pas besoin de bateau… Les sandres se positionnent en effet souvent à vos pieds, dans les couches d’eau profondes. Laissez simplement descendre votre leurre à l’aplomb de la pointe de la canne et marchez lentement le long de la berge. Pas besoin d’animation brutale de la pointe de la canne ! Vous connaissez maintenant le fonctionnement de vos leurres souples et ce simple déplacement suffit à les mettre en action. Maintenez votre leurre juste au-dessus du fond et commencez à marcher. Il faut de temps en temps reprendre contact avec le fond, pour être sûr d’être à la bonne profondeur. La touche que vous pouvez obtenir peut également être provoquée par un gros rocher…

Préservez vos leurres souples

Lorsque vous pêchez en rivière et en canal, votre leurre va souvent s’accrocher au fond. On ne peut malheureusement pas l’éviter. Mais très souvent, il vous sera possible de le récupérer avec les deux astuces suivantes. Elles vont vous faire gagner du temps et de l’argent.

La technique de la catapulte

Vous sentez que votre leurre est accroché au fond. Cela ne sert à rien de tirer fort dans un premier temps. Pointez votre canne en direction du point d’accrochage et tendez votre ligne avec une forte tension. Avec votre main, ajoutez de la tension puis laissez la ligne filer rapidement entre vos doigts. En raison du choc répercuté par la tresse jusqu’à votre leurre, il se peut que ce dernier parvienne à se soustraire aux enrochements. Cette manœuvre va vous permettre de sauver pas mal de leurres.

La technique du parachute

Si vous pêchez depuis un épi avec un courant assez important, vous disposez d’une autre option dans le cas où votre première tentative de décrochage aurait échoué. Rappelez-vous que cela ne peut marcher que s’il y a un fort courant dans la veine d’eau prospectée. Ouvrez l’anse de panier de votre moulinet et laissez la ligne filer dans le courant sur quelques mètres. L’idée directrice est tout simplement de tirer sur la ligne dans un axe différent. Et puisque le courant emporte la ligne vers l’aval en formant une belle boucle dans l’eau, vous n’avez plus qu’à effectuer plusieurs grands ferrages avec la ligne plutôt détendue. On peut ainsi espérer libérer le leurre des rochers et le récupérer sans dommage.

Le vent

Malheureusement, le vent est rarement notre allié pour ce style de pêche. Les rafales de vent qui poussent votre ligne rendent la pêche bien difficile, même pour les experts, et ne permettent pas de ressentir correctement le comportement du leurre. Le premier conseil à retenir est de pêcher, si possible, avec le vent derrière soi. Avoir le vent complètement face à soi n’est pas non plus inconcevable. Changez de poste pour avoir la direction du vent la plus favorable, ce qui vous permettra vraisemblablement de toujours garder le contact avec votre leurre en action de pêche. Le vent de travers est vraiment à éviter car votre ligne prendra une grande courbe, ce qui rendra impossible la perception du leurre. Si le vent est très fort, il est préférable de rester chez vous ou de pêcher dans des endroits très protégés. La pêche verticale contre les murs avec une lourde tête plombée est alors une option à ne pas négliger.

Les conditions météorologiques

Les pêcheurs racontent beaucoup de choses à propos des conditions météorologiques. Mais pour être franc, j’ai pris du poisson dans toutes les conditions. Quelles sont cependant les plus favorables ? J’apprécie le temps sombre et un ciel nuageux car cela semble favoriser l’activité des sandres, ils ont alors une grande propension à se nourrir. Cela fonctionne-t-il constamment ? Non, bien sûr. C’est pourquoi vous pouvez prendre votre matériel et partir pêcher par tout temps. Les très fortes températures d’été ne rendent pas les carnassiers très actifs, mais le fort courant des fleuves leur offre malgré tout d’intéressantes perspectives de prédation. Vous ne saurez jamais si vous ne tentez pas l’expérience.

La touche

Enfin, terminons par ce qui est le plus important certainement dans l’apprentissage de la pêche du sandre : la touche que l’on attend avec impatience et pour laquelle on a déployé des trésors de technicité. Pour moi, c’est le moment le plus excitant dans la pêche. Vous avez fait votre maximum pour tromper un poisson et faire en sorte qu’il morde votre leurre et là, oui, cela a marché. Comment ressent-on la touche ? La plupart des touches de sandres sont violentes et agressives. Elles interviendront le plus souvent au moment où votre leurre glisse vers le fond sous son propre poids. Soyez toujours prêts à ferrer énergiquement;! Une rapide tape sur la pointe de la canne indique qu’un sandre a pris votre leurre souple dans sa gueule. Il avalera complètement le leurre mais il va aussitôt comprendre que ce n’est pas une proie réelle. C’est le moment de ferrer ! Vous devez réagir rapidement car une seconde de retard a presque toujours pour conséquence de rater le poisson. Gardez toujours votre canne dans une position qui permet un ferrage immédiat. Parfois, les sandres flânent au-dessus du fond et votre leurre va atterrir tout près d’un poisson qui va directement se déplacer dessus. Restez toujours concentré lorsque vous laissez votre leurre gagner le fond après votre lancer et gardez toujours le contact. Cela vous permettra de capturer de nombreux poissons, et ce tout au long de votre vie de pêcheur. Les touches les plus étranges sont celles qui interviennent lorsque les sandres ramassent le leurre une fois qu’il a touché le fond. Ne vous inquiétez pas, cela n’arrive pas si souvent. Vous sentez un certain poids au moment de faire redécoller votre leurre, vous pensez que vous avez accroché des herbes sur le fond ? Soudain, cette herbe vous donne un puissant coup de tête. Ferrez aussitôt, car les herbes ne donnent pas de coups de tête ! Vous avez probablement un beau sandre au bout de la ligne. Vous avez maintenant votre sandre au bout de votre ligne et, nous vous le souhaitons, vous le ramenez tranquillement jusqu’à la berge. « Ça y est, j’en ai pris un ! » Cette émotion me gagne aujourd’hui encore à chaque capture et je suis sûr qu’il en restera ainsi jusqu’à la fin de ma vie. La pêche n’est qu’émotions et elle nous permet d’oublier toutes les difficultés de notre quotidien. Alors j’espère que cette approche, pas à pas, vous aidera dans la capture de votre premier sandre et vous permettra par la suite d’afficher très souvent un large sourire.