Mal de mer : COMMENT L’ÉVITER ?

Par Bill François

Si vous lisez notre rubrique Nautisme avec tristesse, en vous disant que le monde du bateau vous sera toujours fermé, car vous souffrez du mal de mer, cet article est fait pour vous…

Beaucoup d’entre nous sont pêcheurs en eau douce par choix, mais je sais que nombre d’entre nous aimeraient bien s’aventurer en mer, mais ne le peuvent pas. On a souvent honte de l’avouer, manquant de l’autodérision de Renaud lorsque l’on « vomit son quatre heures et son minuit aussi »… mais soyons francs, bien des pêcheurs sont incapables de mettre les pieds sur un bateau, à cause du mal de mer. Certains en souffrent même en eau douce. J’en ai bien longtemps fait partie jusqu’à trouver un remède
miracle…

En matière de mal de mer, j’ai été pendant des années un champion du monde. Incapable de monter sur une balançoire plusieurs minutes, la moindre sortie en mer me voyait me retourner l’estomac, nez vers les abysses.
Comme la passion de la pêche est plus forte que tout, j’y allais quand même… souvent, c’est le capitaine du bateau qui prenait peur, et, las de me voir souffrir, préférait rentrer au port malgré mes vives protestations.

Le mal de mer est d’autant plus désagréable que ceux qui ne l’ont jamais eu ne peuvent en comprendre la souffrance, et vous conseillent de respirer fort, convaincus que c’est « psychologique» …
En plus, la pêche est le pire pour les nausées.


Les vitesses de traîne ou de dérive maximisent la gîte due à la houle (le mouillage, c’est encore
pire), et quand vous êtes en train de retenir votre estomac de s’enfuir droit vers les abysses,
le doux parfum d’un broumé de sardines ou les relents d’essence d’un moteur de traine sont la dernière chose que vous avez envie de sentir !


Au fil des sorties, j’ai tout essayé. Des dragées type Dramamine ou Mercalm, qui endorment plus ou moins ; divers conseils de nourriture (manger des bananes fut le seul valable, l’aliment ayant un goût aussi agréable au retour qu’à l’aller) ; de posture (regarder l’horizon, s’allonger, etc) ; et même de l’homéopathie, des bracelets, voire d’étranges lunettes remplies d’un fluide coloré, censées nous remettre d’aplomb par rapport à la ligne d’horizon.


La conclusion de ces essais ?

Tout fonctionne … pour les gens qui n’ont pas le mal de mer !

Chaque personne a un seuil de tolérance aux mouvements du bateau, et pour les plus tolérants, des produits comme les Mercalm et Dramamine aident très bien à repousser le seuil en question, pouvant vous sauver une sortie.

Les autres traitements plus « ésotériques » relèvent peut-être de l’effet placébo,
mais dans certains cas, il suffit d’y croire.

Mais pour les personnes les plus atteintes, tout cela
ne suffit pas. J’ai trouvé le remède infaillible lors d’une rencontre fortuite, dans un aéroport, où au
détour d’une conversation, quelqu’un m’a conseillé « les patchs ».


Les patchs en question contiennent de la scoscopolamine, un médicament puissant, qui agit directement sur nos perceptions, et inhibe totalement le mal de mer. C’est le même produit que s’injectent parachutistes ou astronautes lorsqu’ils sont soumis à de violentes accélérations.
Dès que je mis le patch, miracle, tout mal de mer avait disparu.

Je ne l’ai plus jamais eu depuis.

Le patch en question est un petit autocollant que l’on colle derrière l’oreille 6 heures avant d’embarquer, et qui reste actif durant 72 heures. C’est un médicament, donc il nécessite des précautions. En France, commercialisé sous le nom de Scopoderm ou TransdermScop, il ne s’obtient que sur ordonnance. Il
faudra bien lire la notice, et en parler avec votre médecin.


Personnellement, après des centaines de sorties, et l’expérience cumulée de nombreux amis pêcheurs, je n’ai jamais ressenti d’effet secondaire autre qu’une bouche légèrement sèche. Mais mieux vaut toujours rester prudent, car le produit peut causer des vertiges.

Après des années à pêcher dans les mers les plus démontées grâce au patch, j’ai voulu progressivement essayer d’en être moins dépendant. J’ai commencé par des sorties plutôt brèves, dans des mers calmes. Puis, progressivement, dans des eaux de plus en plus démontées.


Et par chance, je me suis … amariné! Plus on s’habitue aux conditions du bateau (ou du transport en général), plus notre corps devient résistant au mal de mer. Mais nous ne sommes pas tous égaux face à cela, et il faut une « piqure de rappel » régulière, car quelques mois sans navigation suffisent à se
déshabituer.

L’inverse, hélas, existe aussi : le mal de mer n’est pas quelque chose de fixe au cours de la vie, et l’on peut très bien y être insensible et devenir atteint du jour au lendemain (même si en général, c’est dans l’autre sens).

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et le sommaire : https://peche-poissons.com/peche-et-les-poissons/961-novembre-2025/


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