Texte et photos Julien Katzenfort
Pour suivre les conseils de Guillaume Barla dans ce numéro, et pêcher au toc toute la saison, il faut une bonne canne polyvalente. Notre testeur Julien Katzenfort a testé pour vous la Norga de Sempé, une référence pour la pêche au toc, en nymphe comme aux appâts naturels.
Une affaire de famille
La NORGA est la dernière-née de l’illustre marque fondée en 1999 par Pierre Sempé, et dirigée aujourd’hui par son fils Richard, épaulé d’Hugo son petit-fils. La marque s’est toujours positionnée comme une référence en matière de pêche en dérive aux appâts naturels.
A la pointe des évolutions des techniques de pêche, en 2018, Sempé sortait la « ROCKET 350 » en 4 brins dédiée à la pêche en dérive en nymphe au fil.
Aujourd’hui nous testons pour vous la NORGA 360, déclinée en deux modèles :
- Un modèle 364-L (light) pour la pêche spécifique en nymphe
- un modèle 364-M pour mixer pêche aux appâts et pêche en nymphe.
Encombrement réduit
Hormis la fameuse ROCKET, la plupart des cannes de la gamme capables de prétendre au titre de « nympheuses » comme les PS Dark, Nympho ou la RS Nymphe ont jusqu’ici une conception en 3 brins.
Avec son arrivée dans le catalogue 2025, la NORGA vient en quelque sorte bousculer les habitudes de la marque ces dernières année en proposant une canne 4 brins, à l’instar de ses principaux concurrents que sont Native et Delacoste.
La marque permet ainsi de limiter l’encombrement, favorisant le transport et la pêche « nomade » avec ses 95cm une fois pliée et 98,5cm pour le fourreau semi-rigide.
Esthétique épurée et élégante !

Ce qui frappe dans l’esthétique de la canne, c’est la sobriété de cette dernière, associée au noir mat caractérisant le blank pour limiter les reflets.
Les ligatures vernies et le porte-moulinet, légèrement brillant, font ressortir l’aspect très « pur » de l’ensemble ; cela ne part pas dans tous les sens !
Un accroche-hameçon discret en amont de la poignée se remarque à peine.
La poignée en liège est de forme tulipe évasée, présentant deux portions renforcées en haut et en bas, du plus bel effet. Le but au talon est bien marqué, il présente le logo de la marque de couleur blanc mât, tout comme la référence de la canne au-dessus de la poignée.
On notera la présence de points d’alignement, qu’il aurait été judicieux de distinguer en couleur selon le modèle afin que le propriétaire des deux cannes ne les confonde. A la manière d’une jolie berline de luxe, ce modèle respire l’élégance et laisse entrevoir qu’il y en a sous le capot !
Ergonomie : favoriser la maniabilité et la sensibilité !
Avec 26cm de long, la poignée est 16cm moins longue que la PS DARK, faisant ressortir son caractère de « nympheuse ».
Avec ses 130g annoncés (124g réellement), la canne est très maniable et autorise une gestuelle rapide indispensable lorsqu’on pêche en nymphe.
Le liège, en grade AAA, est plus dur aux extrémités, renforçant la perception et la résonance.

Blank : deux actions complémentaires
Les blanks sont réalisés avec différents carbones aux modules plus ou moins élevés, en les superposant afin d’obtenir les deux actions progressives « moderate fast » (la « L ») et « fast » (la « M »). Le premier anneau SIC est positionné à 57cm de la poignée.
C’est bien plus court que la plupart des cannes à toc conventionnelles, permettant une prise en main aisée et rapide du fil au-dessus du premier anneau, favorisant une cadence de pêche élevée. Les 13 anneaux suivants (SIC aussi), idéalement répartis sur la canne, apportent la progressivité nécessaire au blank et sont suffisamment surélevés pour assurer une très bonne glisse.
Testée en situation pluvieuse, les anneaux jouent bien leur rôle pour éviter que le fil ne colle au blank.
Test en action de la version « M »

Pour les habitués de la marque, la version « M » ressemble beaucoup à la PS DARK avec ce nerf supplémentaire.
En pratique, nul besoin de forcer, ça part tout seul, même avec un duo de deux nymphes (3,2 et 2,8mm) pour le test, et 14/°° pour le fil du moulinet.
C’est réactif, le scion oscille très peu après le lancer, renvoyant une sensation de précision. En situation d’eaux fortes, pas de problème pour lui coller une nymphe javi n°4 en pointe et une nymphe en 3,5mm en potence.
L’outil se révèle d’ailleurs particulièrement à l’aise en « heavy nymph ». La canne est résonnante, il n’y a pas de doute.
Aux appâts naturels, elle a été testée avec une plombée assez lourde (plombs n°5/5/4/3/2/2/1) et un ver de terreau par eau forte. Là encore, ça ne bronche pas, et le nerf de la canne, associé à sa progressivité, la rend agréable en action de pêche, pas du tout fatigante.
En dérive aux appâts, la petite poignée ne gêne pas tant que le moulinet reste léger (ici un spinning de 200g fil compris). La perception des touches est très bonne.
En situation de combat, c’est juste un régal. La canne plie assez bas et encaisse les rush et cabrioles des truites. S’il y a besoin d’augmenter la pression sur le poisson, on sent qu’il y a de la marge !
Test en action de la version « L »

La « L » se dénote de sa consœur par une action un cran plus douce tout en restant « fast». Certains diraient « Moderate fast » …
La fréquence est très faible, le scion revient très vite en place après le lancer, que ce soit avec des nymphes légères ou des enclumes !
En test sur la Dourbie, avec une nymphe de 3,2mm en pointe et 2,8mm en potence, les lancers à plus de 10m se font sans effort. La perception des nymphes au fond, sur les obstacles, est impressionnante, la canne excelle en matière de sensations.
Ce qui est appréciable comme sur la « M », c’est la précision notamment pendant les lancers là où certaines cannes du marché ont tendance à plier trop bas et à osciller une fois la canne déchargée.
A grande distance, la réactivité du blank sur des ferrages qu’il faut exécuter rapidement est bluffante, comme sa jumelle, le rapport puissance/maniabilité est remarquable surtout si on lui ajoute un moulinet semi-automatique léger.
Enfin, en situation de combat, ça plie dès que cela est nécessaire tout en gardant une grosse réserve de puissance sur le dernier tiers inférieur. C’est un formidable compromis entre légèreté, réactivité et puissance lorsqu’on utilise des nymphes.
Elle est en outre très agréable avec des plombées légères et larves naturelles par niveau normal à faible.
Conclusion :
Voici pour la version 364, deux modèles forts agréables, très élégants, pour pêcher en nymphe mais aussi aux appâts naturels.
On est complètement dans l’esprit « nymphe » mais sans être une canne à mouche. Cela reste une canne pour la pêche en dérive naturelle, avec la douceur nécessaire, même pour envoyer de petites nymphes tout en s’imposant d’autorité sur de gros poissons lorsqu’il le faut.
Une belle réussite ! PVP : 489€.
Notons qu’il existe aussi deux modèles pour pêcher en grande rivière, la 394-L et la 394-M, toujours en 4 brins.

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