J'ai eu cette chance de venir, à plusieurs reprises, pêcher les rivières des Dolomites, principalement dans le Trentin-Haut Adige. Durant ces séjours, je me suis essentiellement orienté vers la pêche de la truite marmorata. Dans ce type de secteur, faire appel à un guide est pour moi une chose essentielle au bon déroulement du séjour. Le professionnel connaît parfaitement la tenue et les postes de ces salmonidés si particuliers.
Dans la rivière Sarca
Lors de mon dernier voyage, j’ai eu l’occasion de découvrir, au cœur des Dolomites de Brenta, la rivière Sarca et ses tributaires. Ce bassin vit au rythme d’un imposant glacier. Cette rivière et ses affluents offrent de belles opportunités de découvrir la pêche des marmoratas italiennes. Les gros efforts de gestion ont très largement porté leurs fruits. Ce cours d’eau montagnard aux eaux rapides dispose aujourd’hui d’une très belle population de poissons « purs » mais aussi de beaucoup d’hybrides. Certains d’entre eux arborent des robes parfois magnifiques. Si cette rivière a assez largement subi les modifications des hommes, ses parties hautes disposent encore de parcours sauvages splendides et toujours assez faciles d’accès. Sinon l’Adige, la Noce, l’Avisio, la Brenta, Le Chiese… sont autant de beaux cours d’eau qui font référence pour traquer ce salmonidé. Face à un bassin aussi vaste et diversifié, il est préférable d’organiser son voyage, car, suivant les associations, les rivières et les parcours, la législation peut être très différente. Si la pêche dans les eaux libres offre naturellement de belles possibilités, il est plus judicieux de s’orienter vers des parcours en sections privées où le no-kill est obligatoire et le nombre de pêcheurs quotidien limité. Quoi qu’il en soit il ne fait aucun doute qu’entre la marmorata, les paysages, la gastronomie, et la gentillesse des locaux, on ne rentre jamais déçu !
Une quête fascinante
La truite marmorata un poisson totalement fascinant tant pour le pêcheur que pour le biologiste ! Cette truite présente des particularités comportementales et morphologiques très spécifiques, totalement différentes de celles de la truite fario. Certaines marmoratas deviennent des géantes de plusieurs dizaines de kilos. Purement carnassières à l’âge adulte, ces truites massives disposent d’une tête surdimensionnée et d’une bouche largement fendue, armée de dents imposantes. Ces salmonidés, qui craignent la lumière, sont extrêmement discrets durant la journée. Ils occupent des fosses profondes, des cavités, des arbres couchés dans la rivière… En général, ces poissons ne quittent leurs postes de repos que pour chasser à la nuit tombée ou par très mauvais temps. Ce comportement si particulier rend souvent leur pêche aléatoire et très spécifique. Personnellement, je trouve ce poisson et sa traque passionnants !
Endémisme
La marmorata est sans aucun doute l’un des salmonidés les plus rares au monde. Son aire naturelle de répartition est très petite, puisqu’elle ne se retrouve que sur quelques bassins-versants de la région adriatique. Si on associe presque exclusivement cette espèce aux rivières slovènes, il n’empêche que la truite marbrée se retrouve dans plusieurs autres pays frontaliers tels que la Croatie, l’Autriche et l’Italie. Dans ce dernier, pays, c’est au nord-ouest sur les affluents nord du Pô et sur le bassin de l’Adige que se concentre l’essentiel des populations de marmorata. La région montagneuse et glacière des Dolomites s’impose comme un vaste territoire privilégié de l’occupation de l’emblématique salmonidé. Malheureusement, et comme partout ailleurs, cette espèce a bien failli disparaître définitivement des vallées encaissées et sauvages d’Italie. Contrairement à ce que l’on imagine, la pêche ou la modification de son habitat n’en sont pas ici les causes principales. Cette fois-ci ce sont bien les gestionnaires de la pêche de loisir qui ont failli précipiter sa disparition. La truite fario est (à quelques exceptions près) naturellement absente.
Proche de l'extinction
La marmorata règne en maître dans les rivières glacières des Dolomites. La pisciculture et les déversements récurrents de truites fario durant plusieurs décennies ont considérablement altéré les populations indigènes. Si ces deux salmonidés sont considérés comme des espèces distinctes, l’hybridation reste malgré tout possible… Ainsi, entre compétition interspécifique et pollution génétique, la truite marbrée a bien failli s’éteindre… À la fin des années 1990, la souche pure originelle avait disparu et les parcours italiens ne comptaient plus que des populations totalement hybridées. Ce désastre écologique ne s’est pas cantonné à l’Italie mais a été généralisé à l’ensemble de l’aire de répartition du grand salmonidé, à tel point qu’au début des années 2000 il a été classé « espèce menacée ».
Des spécimens dépassant le mètre
Devant cette disparition progressive, un programme de conservation a vu le jour entre les fédérations et les différentes associations gestionnaires des parcours. Les choses ont peu à peu pris forme avec une stratégie sur le long terme, l’objectif étant, année après année, la récupération de chaque pourcentage de pureté perdu par l’hybridation. C’est au début des années 2000 qu’a débuté ce fastidieux travail d’inventaires piscicoles qui a été couplé à un suivi génétique des populations. La première étape fut la sélection des géniteurs les plus purs des rivières, récupérés au cours des pêches électriques. Certaines associations ont aussi rapatrié des truites marbrées non « introgressées » issues de structures d’élevages slovènes. Ce cheptel de salmonidés a été le point de départ du soutien de l’espèce, grâce à un programme de repeuplement par le biais de la reproduction artificielle. Plusieurs écloseries ont été spécialement construites afin d’avoir une maîtrise totale de la reproduction artificielle. Œufs et alevins retrouvent les parcours gérés par les associations. Depuis une quinzaine d’années, ce soutien a permis aux populations de marmoratas sauvages de croître pour reprendre peu à peu le dessus génétiquement sur la truite fario, et de voir le retour de gros spécimens. Chaque année, des poissons record dépassant le mètre et les 10 kilogrammes sont maintenant pêchés.
Une destination de premier choix
Le protocole est aujourd’hui parfaitement huilé, et tous les ans les géniteurs sont récupérés dans le milieu naturel juste avant la ponte. Ils sont stockés, puis rapidement relâchés après toutes les manipulations d’aide à la reproduction. Sur certains secteurs, des associations ont même pris la décision de protéger au maximum certaines populations redevenues « pures », se concentrant sur plusieurs têtes de bassin, en prenant soin d’éliminer les farios en montaison des bassins avals. En continuant sur cette dynamique, il ne fait aucun doute que la région des Dolomites, et ses dizaines de vallées, deviendra une destination de tout premier choix pour la pêche de la marmorata, et elle pourra très certainement rivaliser avec la Slovénie. Donc si l’aventure de la pêche de cette truite hors norme vous tente, les Dolomites sont une destination de premier ordre pour traquer les grosses marmoratas en nymphe et au streamer…
Partir dans les dolomites
Avec qui partir ?
DHD-Laïka est la seule agence spécialisée à proposer un séjour dans ce coin des Dolomites.
4 rue Paul Cézanne, Paris. Tél. : 01 42 89 32 64 - E-mail : info@dhdlaika.com - Site : www.dhdlaika.com
Meilleures périodes
De mi-avril jusqu’à mi-juin et de septembre à octobre principalement à cause de la fonte des neiges.
Matériel
L’idéal est de partir avec trois ensembles spécialisés permettant de pallier les conditions changeantes en fonction des jours et des rivières :
- un pour la pêche en sèche ou nymphe à vue passe-partout type 9 pieds soie de 4/5;
- un pour les pêches plus techniques en nymphe au fil type 10 pieds soie de 2/3;
- un ensemble « spécial pêche au streamer » composé d’une canne de 9 pieds soie de 6/7