Les sites du groupe Info6TM

La pêche en Alaska, entre ours et saumons

L’archipel de Kodiak dans le golfe d’Alaska abrite d’énormes populations de saumons, mais aussi le plus gros ours brun de la planète, une forme insulaire unique au monde. Les rencontres avec les habitants et les quelques touristes pêcheurs sont toujours dangereuses ! La vie sauvage à l’état pur.

Il est à trois mètres seulement, le grizzly me fait face. Rien dans son attitude ne traduit de l’agressivité. Ce n’est pas un géant, mais il doit peser 400 kg. Probablement une jeune femelle de trois ans qui a quitté sa mère il y a quelques semaines. Elle est curieuse. Je suis très tendu. Concentré dans le viseur de mon appareil photo, je ne l’ai pas vu arriver. Les guides américains me l’avaient conseillé, il faut parler à l’ours, c’est important ! Alors, je répète d’une voix la plus douce possible « good bear, good bear ».

Parler aux ours quand ils s'approchent un peu trop près... Plus facile à dire qu'à faire !
Crédit photo : Erwan Balança

La pêche et la chasse

C’est ma deuxième saison en Alaska, je guide des photographes qui viennent pour observer et prendre de jolis clichés des ours. Le voyage commence vraiment à l’aéroport d’Anchorage, après une vingtaine d’heures d’avion et plusieurs étapes américaines. Dans le hall, un énorme grizzly est empaillé dans une posture agressive. Il surplombe les visiteurs et donne le ton. Le matériel qui transite avec les voyageurs ne laisse pas de doute, caisse en plastique noire pour les armes, tubes de cannes à pêche et caisse de matériel photo. Les pêcheurs à la mouche et les chasseurs d’ours sont nombreux dans ce territoire sauvage. La nature est encore reine ici.

La nature est riche et variée sur les îles de Kodiak, les pygargues à queue blanche côtoient phoques, loutres et bien sûr les énormes ours.
Crédit photo : Erwan Balança

Le rêve américain

Depuis mon enfance, le Grand Nord américain me fait rêver. Les livres d’écrivains aventuriers comme Jack London ou James Oliver Curwood, narrant des personnages évoluant dans de vastes territoires quasiment vierges d’empreintes humaines, ont bercé mes rêves sauvages. C’est en Alaska que j’ai pu enfin faire ces rencontres tant espérées, admirer les saumons remonter les rivières, observer les aigles et les grizzlys les pêcher. Si mon travail consiste à photographier les ours et permettre à mes clients de rapporter les plus beaux clichés, cela ne m’empêche pas de pêcher chaque jour ! Un poisson frais est toujours le bienvenu sur le camp, et identifier les zones potentielles à saumons est essentiel pour trouver les ours. Très tôt le matin, grâce au zodiac, je sillonne la côte et les embouchures des différentes rivières. Les ours sont potentiellement présents à l’entrée de rivières où les populations de saumons sont les plus nombreuses. J’ai toujours à portée de main ma canne et une boîte de leurres.

Les paysages montagneux sont superbes et invitent à l’exploration du centre de l’île, mais attention, les plantigrades sont omniprésents et peuvent être dangereux, surtout lorsqu’il y a des jeunes.
Crédit photo : Erwan Balança

Mes premiers saumons

Avant mon départ, j’avais demandé conseil à un ami baroudeur et guide de pêche. Sa réponse m’avait fait rire : « Dans ce genre d’endroit, c’est comme si tu pêchais dans une pisciculture à ciel ouvert ! » Une réponse drôle mais qui s’avère juste. J’ai capturé mon premier saumon à la sortie du port de Kodiak. Lorsque je voyage, j’aime interroger les pêcheurs locaux. Des gars rencontrés sur les quais m’avaient conseillé de mettre une ligne en traîne derrière le bateau avec un montage composé d’une planchette réfléchissante et d’une empile terminée par un hameçon armé d’un poulpe en caoutchouc. Bingo, après quelques heures de navigation, nous avions deux magnifiques saumons pour le dîner ! Les jours suivants, je capturais les suivants à la canne. Les premiers poissons furent pêchés à l’aide de poissons nageurs, mais les cuillères tournantes sont finalement plus efficaces ! J’emporte toujours quelques Vibrax original, ces cuillères émettent de puissantes vibrations, leur poids permet de lancer loin et de pêcher en profondeur dans les fosses.

La pêche est une activité touristique et économique majeure de la région.
Crédit photo : Erwan Balança

D'énormes flétans

Si les saumons sont vraiment les rois de la côte et les poissons les plus recherchés, de nombreuses autres espèces vivent autour de Kodiak. Il est facile de capturer de nombreux poissons de roches et des poissons plats avec des petits jig animés sur le fond. Mais l’autre star ici est le flétan. Il suffit d’aller dans les bars de Kodiak pour voir des murs tapissés de photos représentant des individus plus grands que les pêcheurs eux-mêmes. Certains poissons atteignent plus de 200 kg ! J’ai fait ma première capture par hasard. Nous étions au mouillage sur le voilier de Geoffroy, un skipper breton qui m’accompagnait dans ces excursions. Son bateau mesure 15 mètres de long, ce qui nous permet d’emmener sept clients dans le parc de Katmai. Je pêchais des morues du Pacifique sous la coque du voilier en traction dans une quinzaine de mètres de profondeur. Les poissons faisaient quelques kilogrammes, et les prises se succédaient. Alors que je remontais une morue, j’ai eu l’étrange sensation de perdre le poisson, mais ma ligne se décalait légèrement sur le côté. L’eau était claire et, quand le poisson est arrivé à quelques mètres de la surface, j’ai aperçu une masse sombre, un flétan ! Il a recraché la morue bridée par ma ligne qu’il tenait et a disparu.

Le saumon et le flétan sont les poissons les plus recherchés par les touristes pêcheurs. Mais ils ne sont pas les seuls à vouloir les capturer !
Crédit photo : Erwan Balança

Sur le bateau, nous avions deux cannes, un modèle de voyage que j’utilisais et celle de Geoffroy, une lourde canne de traîne. J’ai saisi cette dernière et monté à la hâte une grosse tête plombée que je garnis d’un morceau de morue. Rapide descente du montage à l’aplomb du bateau et l’attente ne fut pas longue ! Un flétan d’une vingtaine de kilogrammes a avalé l’appât et le combat a commencé ! J’ai ensuite eu l’occasion de capturer régulièrement d’autres flétans aux jigs et aux leurres souples. C’est un poisson très agréable au bout d’une ligne, il est puissant et se déplace rapidement. Je n’ai pas capturé de poissons trophées qui demandent un équipement adapté, mais régulièrement des poissons de vingt à trente kilogrammes. 

Le saumon est le poisson-roi.
Crédit photo : Erwan Balança

Une heureuse issue

Je n’ai pas non plus fini en trophée dans la tanière de l’ours. Mon tête à tête avec cette belle femelle me sembla interminablement long, mais elle a fini par se lasser. Elle a opéré un demi-tour et est repartie vers la rivière et ses saumons. Le plantigrade a mieux à faire que d’attaquer un photographe, il doit emmagasiner des réserves de graisse qui assureront sa survie pendant le terrible hiver, six mois sans manger ! Les saumons sont certainement plus gras que moi, c’est ce qui me sauva !

La pêche est une activité touristique et économique majeure de la région.
Crédit photo : Erwan Balança

13000 âmes pour 2300 ours

L’archipel de Kodiak, qui comprend 16 îles, se situe dans le golfe de l’Alaska, à 400 kilomètres au sud d’Anchorage. L’île principale s’étend sur 300 kilomètres de long, 100 kilomètres de large et possède une superficie de 8000 kilomètres carrés. Depuis 1941, les deux tiers de ce territoire sont classés en « Kodiak national wildlife refuge » où prospèrent près de 2300 ours bruns et 600 couples de pygargues à queue blanche. Dans cet archipel, les humains sont rares, sept villages et la ville de Kodiak, qui compte 13000 âmes. Les habitations ne sont accessibles que par avion ou bateau, le réseau routier ne s’étend que sur 160 km autour de la ville de Kodiak. En revanche, le port de Kodiak est l’un des trois plus importants des États-Unis pour la pêche commerciale, principalement pour les crabes et les saumons. Plus de 770 bateaux de pêche y sont amarrés. Le record de prise a été réalisé en 1995 avec 49 millions de saumons du Pacifique capturés autour de l’archipel. Cette industrie emploie plus de la moitié de la population active de l’archipel. Kodiak est aussi une base importante pour les garde-côtes américains. L’archipel a développé une lucrative activité touristique avec la pêche sportive du saumon et la chasse à l’ours.

Organiser un séjour sur l'île de Kodiak

S’Y RENDRE
Liaison aérienne internationale jusqu’à Anchorage, en Alaska avec départ de Paris puis connexion pour l’ïle Kodiak. Vol intérieur avec Era Airlines. Possibilité d’accéder à l’île de Kodiak en bateau à partir de Homer ou Seward (10 à 13 h de trajet). Dépose en hydravion nécessaire pour accéder au Kodiak National Wildlife refuge. Andrew Airways situé à l’aéroport de Kodiak (www.andreairways.com).

HÉBERGEMENTS
Kodiak compass suite
Best Western
Quality in Kodiak
Shelikof lodge

DÉTAILLANTS ARTICLES DE PÊCHE
Kodiak Custom Fishing Tackle - www.kodiakcustom.com

GUIDE DE PÊCHE
Kodiak Guide Service : mike@kodiakguideservice.com
Kodiak Island Charter : kodiakislandcharters@gmail.com

 

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

A l'étranger

Magazine n°936 - Mai 2023

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15