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Un guide de pêche espagnol au top : Carlos Bobela, le moucheur des Asturies

J’ai rencontré Carlos Bobela, en septembre 2022, sur ses terres asturiennes lors du dernier championnat du monde de pêche à la mouche que je vous avais relaté il y a quelque temps. Carlos était alors le guide de l’équipe de France et avait permis à nos compétiteurs de mieux comprendre les techniques spécifiques aux rivières des Asturies. Notre équipe ne tarissait pas d’éloge sur la connaissance très poussée de leur guide. Il n’en fallait pas plus pour que je retourne faire un tour de ce côté d’Espagne pour découvrir les subtilités de la pêche dans cette belle région.

Je l’ai rejoint début juin, sur les rives du rio Caudal, le fleuve passant à Mieres aux portes de sa maison. Nous allons passer trois jours ensemble, entre Asturies et Léon, les deux régions où guide Carlos Bobela.

Le casse-tête de la nymphe au fil !

La première chose que je remarque est la technicité de la pêche en nymphe au fil sur les rivières asturiennes. Les membres de l’équipe de France m’en avaient parlé, mais s’en rendre compte par soi-même est une autre histoire! En effet, pour des raisons que je ne connais malheureusement pas, la variété de fario de ces fleuves espagnols a une tendance à « taper » dans les nymphes. Il faut vraiment pêcher beaucoup plus détendu que sur nos rivières, ne pas animer et essayer d’avoir une dérive lente et naturelle des mouches. Franchement, cela est assez déconcertant dans un premier temps et, sans les explications de Carlos, je pense que j’aurais raté huit poissons sur dix! Et pourtant, je pêche souvent au fil, en France comme en Europe et dans d’autres régions ibériques, avec un très bon taux de réussite au ferrage et surtout sans jamais sentir les touches… Il est donc assez agaçant d’avoir des tapes sans arrêt et de ferrer dans le vide ! Au départ, j’ai simplement essayé de rallonger ma pointe en me disant que cela suffirait, mais pas du tout. Carlos m’a alors bien montré que tout était dans la conduite des nymphes et le placement de la canne. Il faut ensuite pratiquer et être corrigé par le maestro pour enfin piquer ces diables de fario avant de les sentir !

On voit bien sur cette photo la tenue de la canne de Carlos pendant sa dérive très « verticale » portant à peine les nymphes pour obtenir la dérive la plus lente et naturelle possible et ensuite bien accompagner sur l’aval.
Crédit photo : Herlé Hamon

Des fario "différentes" !

Ce qui est fou, c’est que sur les rivières du Léon, juste de l’autre côté de la montagne, une pêche au fil plus « classique » fonctionne. Les truites fario asturiennes ressemblent dans la robe à des truites de mer qui remontent d’ailleurs la plupart des cours d’eau de la province à partir de juin. Il y a probablement dans leurs gènes et leur évolution un peu du comportement de leurs cousines demeurées anadromes. La pêche en sèche est l’autre technique reine des Asturies. C’est une pêche également technique mais qui se rapproche plus de ce que l’on peut faire dans d’autres contrées sur des poissons sauvages et méfiants. Lors de mon passage, les conditions étaient mauvaises et les gros spécimens totalement inactifs. Nous avons prospecté de magnifiques courants où Carlos a pris ou fait prendre à ses clients de nombreux poissons entre 50 et 65 cm en début de saison lors de belles éclosions d’éphémères ! Il n’y a pas de poissons lâchés dans les cours d’eau où guide Carlos, la pêche peut donc être difficile. Je pense que la région des Asturies n’est pas vraiment adaptée lorsque l’on débute au fouet, cependant pour évoluer sur sa technique c’est un excellent endroit et Carlos est vraiment l’homme de la situation.

Voici un superbe spécimen des Asturies capturé par Carlos en sèche en avril dernier lors d’éclosions massives d’éphémères.
Crédit photo : Herlé Hamon

Comment, où et à quel âge as-tu commencé la pêche à la mouche ? 
Carlos Bobela : J’ai commencé la pêche à la mouche à l’âge de 16 ans sur les bords des rivières Caudal et Aller. Mon apprentissage était surtout de l’observation, des essais et des erreurs… À cette époque, il n’y avait ni Internet ni réseaux sociaux, il n’y avait pratiquement aucune information, c’était un processus d’évolution constante, mais lent, dans lequel vous passiez des centaines d’heures à observer d’autres pêcheurs, essayer d’apprendre peu à peu. Ce furent des années intenses, parfois difficiles mais très belles

Quans et pourquoi as-tu débuté dans le monde de la pêche en compétition ? 
C. B. : Je me suis inscrit à mon premier championnat des Asturies quand j’ai commencé à me sentir en confiance en rivière, j’avais 24 ans donc je pratiquais déjà depuis huit ans. J’ai eu la chance de me qualifier pour aller au National. La compétition m’a toujours semblé très intéressante pour pouvoir évoluer en tant que pêcheur. J’aime analyser ma technique ainsi que mes résultats et apprendre de mes erreurs. Et il n’y a pas de meilleur endroit pour tester votre niveau que dans un concours national avec d’autres compétiteurs.

Les ponts sur le Caudal créent des zones plus profondes, propices aux gros sujets.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quel est ton meilleur et ton pire souvenir en compétition ?
C. B. 
: J’ai vécu de très bons moments dans la pêche, mais ma meilleure expérience est très claire pour moi: ce sont les semaines où j’ai pu accompagner l’équipe de France dans leur entraînement pour le championnat du monde organisé dans les Asturies en 2022. Pour moi, c’était un beau défi et ce furent des semaines de travail intense, mais aussi très enrichissantes, avec une équipe très à l’écoute et un collectif bien huilé, ce qui a rendu les choses beaucoup plus faciles. Plus tard, j’ai aussi eu l’occasion d’échanger les rôles et de pêcher quelques jours avec Sébastien Delcor en France, qui a été un hôte exceptionnel. Cela m’a poussé à continuer à évoluer. Je pense que ces deux expériences ont marqué un avant et un après dans ma vie de pêcheur. Concernant les pires souvenirs, je suppose que, comme dans tout sport, il y a des moments où les résultats ne correspondent pas au niveau d’entraînement que l’on s’impose… Mais j’essaie de ne pas rester bloqué sur les mauvais moments car, finalement, la pêche, au-delà de la compétition, est pour moi une activité pour partager, déconnecter et recharger les batteries, pas pour garder de la frustration ou générer de l’anxiété.

Les mouches préférées de Carlos.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quelle est ta technique préférée et pourquoi ?
C. B. 
: J’adore pêcher dans les rivières difficiles, très techniques, avec beaucoup d’arbres par exemple, un niveau très bas ou avec des poissons méfiants… En somme, les pêches très fines, qui demandent des petites sèches ou des petites nymphes. Tout type de rivière difficile, où ni les poissons ni les insectes ne vous donnent une seconde chance !

Quel est ton coin de pêche préféré en Espagne ? Et à l'étranger ?
C. B.
: C'est très facile ; en Espagne, « ma » rivière préférée est la rivière Cares dans les Asturies : des truites sauvages et des truites de mer « Reos » très combatives. En dehors de l’Espagne, je pense que la Slovénie est une très bonne destination pour un voyage de pêche ou de tourisme.

Quel voyage rêves-tu de faire, quel poisson rêves-tu d'attraper ?
C. B.
: Un de mes voyages de rêve et qui, je l’espère, se réalisera le plus tôt possible serait les États-Unis, dans la région de Yellowstone et du Montana. J’aimerais aussi affronter les Macabis (bonefish) dans les Caraïbes.

Depuis combien d'années es-tu guide professionnel ?
C. B.
: Asturias a mosca est née en 2013 avec l’espoir de partager et d’enseigner à tous, de celui qui débute à celui qui veut se perfectionner, dans le monde de la pêche à la mouche. Il était très clair pour moi que les Asturies devaient être au centre de l’activité, mais je combine les séjours avec les rivières du León, car étant très proche, cela permet de connaître d’autres types de cours d’eau, de truites et également de techniques.

Contact

Carlos Bobela
Site Internet : www.asturiasamosca.com
E-mail : asturiasamosca@hotmail.com
Tel. : +34 685 18 23 78

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