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La pêche au fil plaqué, redoutable d'efficacité

Crédit photo Bernard Galliano
Depuis une petite dizaine d’années, la « planète mouche » est bercée par les techniques de pêche au fil. Issues de la compétition, elles sont souvent plus régulières que leurs cousines en matière de nombre de prises. Aujourd’hui, le pêcheur au fil moderne maîtrise tout aussi bien la pêche en nymphe, en sèche/nymphe ou au streamer en dérives courtes comme à distance. Dès l’ouverture, si de nombreuses techniques sont possibles, je vous propose de découvrir en détail la pêche au fil plaqué et d’en apprendre toutes les subtilités et les avantages…

La pêche au fil plaqué s’inscrit donc dans les techniques de pêche en nymphe et se pratique dans des conditions précises. Dans l’idéal, nous ciblerons les longues zones de faible profondeur. Celles-ci devront comporter des courants relativement faibles et réguliers pour permettre à notre indicateur fluo plaqué sur l’eau de dériver sur plusieurs mètres de la façon la plus linéaire possible. La plupart du temps, les moments de l’année où nous sommes confrontés à ces facteurs sont lors des étiages estivaux ou hivernaux et parfois dès l’ouverture, comme ce fut le cas la saison passée. Les niveaux bas et la forte luminosité peuvent provoquer un réchauffement plus ou moins léger des eaux. À ces instants précis, pêcher à toute heure de la journée, en nymphe dans peu d’eau, des poissons qui se nourrissent sous la surface peut rapporter gros. En oubliant un instant l’indicateur et sur les parcours qui s’y prêtent, cette technique permet aussi de pêcher en nymphe à vue des poissons visibles et attablés. En montagne, les deux premiers mois précédant l’ouverture de la première catégorie présentent régulièrement des eaux froides, basses et claires. Celles-ci sont dues au maintien du manteau neigeux en altitude et ne favorisent ni le développement benthique, ni l’activité des poissons. Les rares éclosions sont donc destinées aux heures les plus chaudes de la journée, et la pêche en nymphe au fil plaqué prend ici tout son sens pour celui qui privilégie la régularité.

Aux heures chaudes de la journée, les truites regagnent les secteurs de courant lent et les bordures afin de se nourrir
Crédit photo : Bernard Galliano

Placements et actions de pêche

En rivière moyenne, je prends plaisir à pratiquer une pêche de truites plein amont en prospectant les fins de lisses dans un premier temps pour ensuite me rapprocher progressivement des têtes de lisses. Cette technique dévoile tout son potentiel lorsqu’il faut scruter les courants ou les éventuels postes à distance. Ces derniers pouvant se trouver à 10 mètres comme à 20 mètres de moi. Elle peut être tout à fait complémentaire avec une pêche à vue. Fervent adepte des cannes de 10 pieds, qui offrent une belle polyvalence, j’apprécie aussi l’utilisation de 9 pieds pour soie de 4 d’action plutôt rapide. Tout en gardant une certaine discrétion au posé, elles permettent des ferrages immédiats et efficaces lors des arrêts du fil indicateur, celui-ci pouvant se trouver à plusieurs mètres du pêcheur. Côté moulinet, un manuel à bobine large Arbor offre un meilleur enroulement de soie et facilite la gestuelle lors des faux lancers (aucun risque que la soie s’enroule autour de la gâchette). Le bas de ligne dégressif doit pouvoir véhiculer rapidement l’énergie jusqu’à la mouche. Voici une formule pour les rivières moyennes :
• 75 cm de 40 centièmes;
• 65 cm de 35 centièmes;
• 55 cm de 30 centièmes;
• 45 cm de 25 centièmes fluo (indicateur de touches);
• 35 cm de 20 centièmes (porte-pointe);
• environ 110 cm de 12 centièmes (pointe)

Fil plaqué et graissé en surface pour bien distinguer la touch
Crédit photo : Bernard Galliano

Celui qui souhaite rallonger ce bas de ligne peut aussi commencer par 85 cm de Nylon en 45 centièmes et atteindre dans ce cas une longueur de 4,70 m, pointe comprise. La longueur de pointe ne correspond pas forcément à la profondeur du poste (comme cela peut être le cas avec les autres pêches au fil). Bien que primordiaux pour une visibilité optimale des touches, les graissages réguliers du brin fluo et du porte-pointe ralentissent l’immersion de la mouche. L’utilisation de petites nymphes peu plombées nécessite donc une longueur de pointe supérieure à 1 mètre pour une descente non bridée et une évolution naturelle entre deux eaux. Une bonne qualité de Nylon en 12 centièmes reste un bon compromis qui allie solidité et plongée rapide des artificielles. Ici, inutile d’avoir recours au fluorocarbone car on ne cherche pas automatiquement à flirter avec le fond.

Une jolie truite piquée au bord des lèvres
Crédit photo : Bernard Galliano

Avec un peu de graisse

Les graisses synthétiques de renom sans silicone, comme la graisse Marlow de Mouches de Charette ou encore le Mucilin, restent des valeurs sûres pour une qualité de graissage optimale. Cependant, elles fondent à la chaleur. Veillez donc à ne pas les laisser trop longtemps dans les poches du gilet sous un soleil de plomb… Mes expériences de guidages m’ont poussé à mettre un brin de Nylon jaune fluo en 25 centièmes, car sa visibilité s’en retrouve accrue par rapport à un autre Nylon fluo en 20 centièmes. À distance, l’épaisseur supplémentaire est un vrai atout, surtout lorsque l’on débute dans la technique. Si cela ne suffit pas, vous pouvez enduire une partie de graisse également fluo. Nous parlons bien de graisse ici et non de pâtes ou autres mousses colorées, celles-ci formant une masse lourde et indiscrète lors des lancers et des posés sur l’eau.

Quand rien ne se passe aux premières dérives, n’hésitez pas à alourdir un peu vos artificielles. Cette truite de presque 35 cm s’est laissée prendre après plusieurs tentatives
Crédit photo : Bernard Galliano

Nymphes légères

Les nymphes doivent être légères et de petite taille pour être lancées facilement. En fonction des parcours, des postes, de la profondeur, de la vitesse du courant et de l’activité des poissons, elles comportent une petite bille en tungstène en tête ou uniquement des enroulements de fil de plomb. Pour cette pêche, je dispose de deux montages différents :
• avec billes tungstène fendues de 2 mm à 2,8 mm;
• avec 5 à 10 enroulements de fil de plomb fin.
Les hameçons sont droits, fins de fer et sans ardillon (type JMC DR40BL). Les tailles 14 à 18 couvrent la majeure partie des situations et forment des silhouettes homogènes avec les tailles de billes annoncées ci-dessus. On favorise la forme droite par rapport aux jigs, car ces derniers sont uniquement destinés aux pêches proches du fond. Ici, nos partenaires de jeu sont amenés à légèrement monter pour prendre l’artificielle et l’utilisation de montages jigs causerait bon nombre de décrochés.

Un exemple de petites nymphes utilisables. Elles sont montées sur hameçons droits de 16 sans ardillon et comportent une petite bille en tungstène de 2,4 mm.
Crédit photo : Bernard Galliano

Une ou à deux mouches ?

Le placement et l’activité des poissons conditionnent ce choix. Si nos salmonidés s’alimentent dans les têtes de courants, il est judicieux de pêcher plus proche des postes avec une seule nymphe. En cours de descente, elle ne sera pas freinée par la mouche de potence et entrera rapidement dans le champ de vision des poissons. La visibilité des touches sera aussi accrue. Au contraire, si les poissons sont actifs sur les parties intermédiaires ou en fin de lisses, augmenter ses distances de dérives en utilisant deux nymphes permet d’accroître ses chances de captures. Il est important que nos imitations soient espacées d’une cinquantaine de centimètres et de poids égaux, de manière à ce qu’elles percent ensemble la couche d’eau et évoluent naturellement au même niveau. D’aspects identiques ou différents, même couleurs de billes ou non, ces points restent au libre choix du pêcheur à l’instant t. Restez vigilant lors du passage d’une à deux mouches. Par exemple, on ne pêche pas à la même profondeur avec une seule nymphe en bille de 2,8 mm qu’avec deux… Si vous gardez le même diamètre, vous risquez de passer votre temps à accrocher le substrat. Il faudra alors peut-être nouer à sa pointe deux artificielles avec des billes de 2 mm…

De l’eau entre les chevilles et le bas des genoux… Le niveau idéal pour pratiquer cette technique
Crédit photo : Bernard Galliano

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