Originaire de l’Aveyron où il fît ses premières armes à la pêche dans les gorges du Tarn, Damien a été rapidement formé à la montagne grâce à ses parents. Tous les week-ends, c’était randonnée, bivouac et pêche en famille au programme, un apprentissage qui le formera et dont il garde un très bon souvenir. Son oncle, très bon pêcheur, lui apprendra toutes les techniques, puis il sera licencié dans une école de pêche à Villefranche-de-Rouergue dans l’Aveyron. Cette envie de vivre de ses passions, Damien la développera durant ses formations scolaires et professionnelles. Attiré par la montagne, il déménage tous les hivers dans les Hautes-Pyrénées à Saint-Lary-Soulan, où il est pisteur secouriste durant la saison de ski. Depuis neuf ans maintenant, il exerce ce métier l’hiver, un métier qu’il aime. Mais depuis quatre ans, il possède un autre diplôme, celui de moniteur guide de pêche. À vingt-huit ans, il a su faire de ses deux passions, la montagne et la pêche, des métiers, une complémentarité qui lui convient bien. Pour développer son activité de guide de pêche, il a dû prospecter dans le secteur de Saint-Lary-Soulan, le massif du Néouvielle, la vallée d’Aure ou du Louron. Les cours d’eau et les lacs de la région sont très beaux avec une belle population de poissons, mais Damien comprend rapidement le potentiel de l’Espagne toute proche.
La prospection
Par période plus ou moins longue et ce chaque année, Damien va prospecter tous les cours d’eau du nord de l’Espagne. Des jours et des semaines à rouler, prospecter et pêcher, pour tenter de trouver des secteurs intéressants afin d’y amener ses stagiaires par la suite. Un travail de longue haleine, qui demande de l’investissement et une grande détermination, car au-delà des kilomètres parcourus à pied ou en van, dans lequel il passe ses nuits, il faut aussi compter le temps passé à essayer de comprendre les diverses réglementations de la pêche dans chaque région espagnole. Dans certains secteurs, réussir à avoir le permis pour pouvoir pêcher un cours d’eau ou un morceau de cours d’eau relève réellement de la chance, c’est parfois le parcours du combattant. De ces milliers de kilomètres parcourus, Damien en ressort souvent des zones très intéressantes, mais l’échec est fréquent et la quête continue malgré tout. Grâce à ses efforts depuis plusieurs années, le pêcheur aveyronnais a pu attraper des poissons incroyablement beaux, aux robes magnifiques et aux couleurs improbables, sûrement parmi les plus beaux poissons sur la planète truite. Cette quête permanente est dans l’ADN de Damien ; il aime voyager, prospecter et trouver de nouvelles destinations pêche malgré les efforts nécessaires, car, au bout du chemin, la récompense est toujours magique, avec des poissons de rêve pour tout pêcheur à la mouche.
Le poisson d'exception
J’ai eu la chance de partir plusieurs fois à la pêche avec Damien en Espagne et en France. Notre dernier « trip » n’a pas été si simple, il aura demandé de la détermination et de l’acharnement pour y arriver, mais surtout beaucoup de passion. Damien souhaite me faire découvrir un nouveau secteur de pêche qu’il connaît bien. Le rendez-vous est pris à Saint-Lary-Soulan en fin de journée pour que j’embarque dans son van. Damien se presse pour prendre la route, car il connaît bien la région et il sait qu’un fort cumul de neige est attendu dans la nuit. Il craint que nous ne puissions pas passer le col à temps. Le col et la frontière ne sont pas loin, mais il reste encore quelques kilomètres. Nous apercevons les lumières du tunnel au loin. Sauvés, nous sommes dans le tunnel, mais à la sortie, nous sommes surpris par une pluie torrentielle ! Plusieurs heures de route sous une pluie battante, de nuit... le début du « trip » n’est pas idéal ! À destination, nous nous installons à l’arrière du van pour manger. Damien a prévu de faire une raclette ! À l’heure du dîner, le moral va mieux. Une fois en place et tout allumé, nous nous réchauffons dans une ambiance de fromage fondu et de charcuterie ; la nuit va être délicieuse à l’arrière du van, dans 4 m2 ! Pour moi comme pour Damien, cette partie dans un trip de pêche est importante, ce sont ces moments-là qui fondent aussi ce petit goût pour l’aventure et donnent cette saveur si particulière à une session de pêche.
De l'eau claire
Au réveil dans le van après une nuit relativement glaciale et après un bon thé bouillant, le mauvais karma continu : la rivière est d’une couleur grise avec un fort débit. Damien n’en revient pas, il n’a jamais vu cela ici, même avec les pluies, l’eau reste claire d’habitude ! Durant un long moment, nous nous sommes demandé qui était le chat noir entre nous deux. Nous en rions, mais nous sommes déçus. Nous reprenons la route pour trouver un spot où l’eau ne sera pas trop sale. Nous décidons de changer de rivière et de faire un long trajet en van de bon matin ; la journée s’annonce compliquée. De l’eau claire à notre arrivée ! Le moral remonte rapidement et, les waders vite enfilés, nous sommes dans l’eau, les yeux rivés sur la surface, mais rien. La lumière est aussi absente, le ciel est couvert, l’espoir serait qu’un rayon de soleil décide les truites à sortir au bénéfice d’une petite éclosion. Le froid est toujours bien présent, la petite brise gèle les mains et l’eau est glaciale. Nous remontons donc la rivière à pied durant de longues heures à la recherche de gobages, mais toujours aucun signe de vie. Vers 16h30 après une bonne séance « d’aquagym » dans l’eau glaciale, quelques nuages commencent à se disperser et laissent place à une lumière plus intense, puis aux rayons de soleil qui nous réchauffent. Cette éclaircie tant espérée arrive tard dans la journée, mais l’espoir refait surface, quelques oiseaux volent au-dessus de nous, des hirondelles et des bergeronnettes s’agitent. Les premiers moucherons font leur apparition, nous continuons notre prospection avec plus d’entrain. Nous arrivons sur un lisse et attendons un moment en espérant observer une truite active en surface. Devant nous en fin de courant, à quelques mètres de l’accélération, un rond très discret dans l’eau ondule à la surface, suivi d’une petite bulle et, une seconde après, d’un bout de queue de poisson qui fend la surface de l’eau. Il n’y a plus de doute, c’est un très joli poisson qui a l’air de prendre des émergentes.
Une émergente
Un certain soulagement nous gagne, comme une réelle excitation, mais rien n’est fait, le chemin est encore semé d’embûches avant de pouvoir prendre ce poisson qui a l’air magnifique. Nous patientons afin de voir s’il remonte régulièrement et s’il est bien en place, avant de lui proposer une mouche. Damien veut assurer le coup et mettre toutes les chances de son côté, après le périple qui nous a menés ici. Il prend le temps de changer de mouche pour se rapprocher au mieux de ce qu’il mange, mais nous ne voyons pas grand-chose dériver en surface. Une olive passe, mais pas deux. Il décide de mettre une émergente, c’est ce que ce poisson semble manger. Canne en 10 pieds soie de 4/5, il a mis une pointe en 18 centièmes. Ici, les poissons sont de belle taille et combatifs avec souvent des obstacles dans l’eau, donc il joue la sécurité. Damien se décale un peu sur la gauche pour avoir un meilleur angle... Première dérive, rien. Il essaie à nouveau et j’ai l’œil rivé au boîtier en attendant la montée de ce poisson qui, j’en suis certain, est de très belle taille. Le ferrage me surprend, Damien tient la truite au bout de la ligne, en apnée. Plus un mot, une seconde se passe et la ligne se détend : le poisson est décroché ! Cri de désespoir pour nous deux, nous nous regardons sans un mot. Le sort s’acharne aujourd’hui, nous n’y arriverons pas. Le temps d’échanger quelques mots, pour Damien de regarder l’état de sa mouche, et la truite se remet en place et continue à gober. Un cercle discret sur l’eau, suivi d’une bulle, puis la queue qui fend la surface, il n’y a pas de doute, c’est bien elle. Damien décide de tenter à nouveau sa chance, mais n’y croit plus du tout. Il se remet en place, le premier posé est le bon, le ferrage est suivi d’un joli combat. C’est l’euphorie, nous n’y croyons pas et la hantise de perdre à nouveau ce poisson est bien présente. Damien essaie d’écourter la lutte. Rapidement, il arrive à la mettre dans l’épuisette et, là, c’est l’explosion de joie. Il est tellement heureux, qu’il lève les yeux au ciel en soufflant de soulagement. Il regarde à nouveau ce poisson incroyable dans le filet de l’épuisette. Il a une robe magnifique et des couleurs orange. Damien n’en revient toujours pas. Cette truite massive occupe tout le fond de l’épuisette. C’est sûr, c’est un poisson d’exception que Damien vient de prendre en sèche.
Toutes les déconvenues sont oubliées en quelques secondes, la joie nous porte avec le soulagement de ne pas avoir fait tout cela pour rien. Ce poisson d’exception, qui fait partie des nombreuses truites extraordinaires nageant dans les eaux espagnoles bien connues par Damien, confirme l’expertise de ce guide aveyronnais.
Contact
Damien Toussaint
www.peche-pyrenees-saint-lary.com
06 37 71 95 53