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Pêche du barracuda à la mouche : les dents des flats

Sur les flats l’espèce reine est, sans conteste, le bonefish dont nous avons déjà parlé. Cependant, sur ces zones très peu profondes patrouille un fabuleux prédateur plus rapide encore que le bone, l’incroyable Barracuda ! Ce super carnassier est un des poissons de sport les plus sous-estimés je pense, en tout cas lorsqu’on le pêche au fouet. Il est clairement victime d’un délit de faciès même s’il est vrai que sa gueule pavée de grandes dents hypertranchantes n’est pas très engageante… Le Grand Barracuda est donc clairement au sommet de la chaîne alimentaire sur les flats.

Il peut mesurer jusqu’à deux mètres de longueur pour une cinquantaine de kilos et a une longévité d’une quinzaine d’années. Son corps est allongé et fait franchement penser à celui de nos brochets. Sa mâchoire inférieure est en revanche de plus grande taille et ses dents, en forme de crocs à l’avant et triangulaires sur l’arrière, sont moins nombreuses mais nettement plus grandes et tranchantes que celles de notre Esox lucius. Il est de couleur argentée et reflète très bien la lumière ce qui lui confère un bon camouflage tout comme le bonefish. Plus il grandit et plus il devient foncé, avec sur les flancs quelques taches noires variables en tailles et formes.

Gros plan sur la gueule particulièrement armée du barracuda. Les dents de devant rondes et pointues servent à saisir fermement les proies, alors que les rangées de dents arrière effilées et triangulaires coupent comme des lames de rasoir.
Crédit photo : Herlé Hamon

Autour des récifs coraliens

Le Grand Barracuda a une large répartition, étant présent dans presque toutes les mers et océans tropicaux et subtropicaux du globe. Sur nos côtes hexagonales, il est notamment de plus en plus présent en Méditerranée à cause du phénomène de réchauffement et donc de tropicalisation de cette mer. Sous les tropiques, on le trouve généralement autour des récifs coraliens, le long des plages et des chenaux mais aussi dans très peu d’eau sur les flats. Il se rencontre majoritairement entre la surface et une trentaine de mètres de profondeur, rarement jusqu’à cent mètres. Les barracudas juvéniles vivent souvent en bancs de deux à plus de cinquante individus, alors que les adultes avoisinant ou dépassant le mètre deviennent solitaires où chassent en petit groupe. Au large, il arrive de trouver des bancs de beaux poissons notamment lors de la reproduction qui a lieu en pleine mer aux abords de la pleine lune. Je me souviens être tombé sur ces rassemblements, la première fois à Cuba, et m’être frotté les mains en me disant que j’allais sacrément faire chauffer mon moulinet ! Espoirs vite déçus car, comme nombre de poissons, le barracuda n’est pas du tout mordeur lorsqu’il se concentre sur la pérennisation de l’espèce… Les bécunes, reconnaissables à leurs yeux plus grands et leur corps plus allongé, vivent cependant en vastes bancs mais restent au large et ne fréquentent pas les flats.

Le Grand Barracuda atteint des tailles impressionnantes. Ici, mon ami Ivan du Moulin de Gémages avec un énorme spécimen pris lors d’un séjour aux Seychelles, dans l’océan Indien.
Crédit photo : Herlé Hamon

Tous les barracudas sont des prédateurs voraces se nourrissant d’autres poissons où de céphalopodes. Sur les flats, il chasse le plus souvent à l’affût et il n’est pas rare de voir un spécimen totalement immobile derrière un rocher, dans des racines de mangrove ou simplement dans un trou un peu plus profond. Il compte ensuite sur l’effet de surprise et surtout sur son incroyable accélération jusqu’à plus 60 km/h pour saisir sa proie. Ses grandes dents de devant permettent de saisir fermement la victime avant de la faire glisser vers les rangées arrière coupantes comme des lames de rasoir ! Il arrive malheureusement assez souvent qu’un barracuda prenne en chasse un bonefish que l’on vient de piquer. Dans ce cas, notre macabi n’a quasiment aucune chance d’en réchapper… Si l’on ne se fait pas casser sur l’attaque du prédateur, on ramène une tête ou un demi-poisson tranché avec une netteté incroyable, prouvant l’efficacité redoutable de cette dentition ! Comme je vous le disais plus haut, le Grand barracuda est pour moi une espèce particulièrement intéressante à rechercher à la mouche bien que souffrant d’une mauvaise réputation. Sur les flats, il se traque à vue et il faut avoir une canne de neuf pieds soie de 10 montée avec une soie flottante ou pointe intermédiaire, un court bas de ligne d’environ deux mètres en cinquante livres par exemple et finissant par un avançon en acier multibrins ou  titane de minimum une soixantaine de centimètres et de même résistance.

Le barracuda aime tout particulièrement les mouches de couleur chartreuse. Un grand streamer en synthétique blanc et chartreuse est une valeur sûre pour attaquer cette espèce.
Crédit photo : Herlé Hamon

Un streamer entre deux eaux

Les poppers fonctionnent bien et les attaques de barracudas en surface sont impressionnantes, le prédateur sortant parfois entièrement de l’eau la gueule béante. Cependant, un streamer évoluant entre deux eaux est plus efficace lors du ferrage et a donc ma préférence. Une mouche, imitant un petit poisson dans les coloris blanc/chartreuse ou blanc/bleue, montée sur un très bon hameçon 4/0 genre Tiemco 600 SP ou TOF SS 1920 fonctionne bien. Les artificielles en matériaux synthétiques sont à privilégier car plus légères et souvent plus résistantes aux dents acérées du barracuda. Les modèles du genre Puglisi ou « Brush Fly » sont parfaits. Lorsque je pars en wading sur un flat à bonefish où je suis susceptible de rencontrer des barracudas, soit je coince une seconde canne dans ma ceinture ou banane de pêche si je suis seul, soit je la donne au guide qui m’accompagne pour pouvoir rapidement changer d’ensemble. Au niveau du lancer, je vous conseille de ne pas poser le streamer trop près du prédateur qui peut tout de même être un peu méfiant dans si peu d’eau. Je préfère expédier la mouche à au moins deux mètres voire trois mètres du barracuda. Ensuite, il faut stripper très vite pour imiter une proie essayant de s’enfuir. Si le poisson est en mode « chasse » l’attaque est fulgurante ! On se fait en général arracher la soie des mains lors du contact qui est très violent. Comme d’habitude en mer, il ne faut surtout pas lever la canne trop tôt et la garder bien dans l’axe pour réussir à piquer correctement ce super carnassier. Le démarrage est ensuite impressionnant.

Pablo combat un barracuda pris à vue sur ce haut fond en bordure de chenal.
Crédit photo : Herlé Hamon

Il saute presque autant que le tarpon

Il exécute normalement deux ou trois bonds entièrement en dehors de l’eau, secouant la tête en tous les sens pour essayer de se décrocher. C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à mettre une bonne longueur d’acier devant la mouche pour ne pas se faire couper net pendant ces cabrioles. Un beau sujet, c’est-à-dire de plus d’un mètre, peut vous prendre facilement entre cinquante et cent mètres de backing sur le premier rush. Il s’agit d’un sprinter et non d’un coureur de fond et le poisson se rend finalement assez vite ayant tout donné dès le départ. Ensuite, à pied quand vous le pouvez, le mieux est d’amener votre prise dans peu d’eau pour l’échouer. Honnêtement, le barracuda doit surtout sa mauvaise réputation à l’allure de sa gueule et de sa dentition. Il n’est pas vraiment dangereux à manipuler et ne bouge pas trop une fois saisi fermement par la queue et sous la tête. En bateau, lorsque l’on prospecte les flats profonds et les chenaux, j’aime utiliser une soie à pointe intermédiaire. La pêche s’effectue soit à vue soit en peignant l’eau sur certains postes prometteurs. J’essaie alors de lancer loin et j’ai une préférence dans ce cas pour l’animation en Rolly Polly canne sous le bras. Il est alors possible de ramener sa mouche très vite tout en faisant quelques poses au besoin. Autre avantage, vous n’êtes pas tenté de ferrer en levant la canne et les prédateurs se piquent en général très bien avec cette méthode. Il faut juste gérer le démarrage en trombe de l’adversaire, ce qui est un coup à prendre. Parfois, lorsque la marée n’est pas favorable, notre super carnassier perd de son agressivité naturelle. Il faut alors le titiller un peu pour déclencher l’attaque. Dans ce cas, il arrive qu’il suive le streamer quasiment collé derrière mais sans l’avaler. J’ai déjà réussi à en décider en faisant de francs arrêts et laissant couler simplement la mouche qu’ils gobent alors comme une truite prend une nymphe.

Un joli barracuda pris en wading sur un flat.
Crédit photo : Herlé Hamon

Faîtes des 8

Autre technique, quand le prédateur arrive près du bateau il faut faire des huit rapides avec la canne pour accélérer l’artificielle qui monte en surface et agit comme une petite voiture sur un circuit électrique ! Cette manœuvre a été inventée par les pêcheurs de Musky cet énorme brochet nord-américain particulièrement difficile à faire mordre. Elle marche aussi sur notre barracuda qui a l’air particulièrement agacé par ce stratagème. Ce super prédateur est en plus bien présent sur la plupart des destinations « bonefish » que vous aurez l’occasion de visiter. Les Bahamas, Cuba ou encore le Mexique offrent de belles opportunités de pêche à vue sur cette espèce. Côté Pacifique et océan Indien, les opportunités de rencontre sont plus rares mais les poissons souvent beaucoup plus gros ! J’ai toujours une canne montée et prête pour le barracuda lors de mes voyages et il m’arrive même de le traquer spécifiquement tant les attaques et les combats sont sensationnels. En somme, un superbe poisson de sport à découvrir lors de votre prochain séjour sous les tropiques !

Les atolls sont de très bons biotopes pour le barracuda qui aime naviguer entre les flats et les lagons plus profonds.
Crédit photo : Herlé Hamon

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