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La pêche des aloses du Blavet

Crédit photo Thierry Sauvin
C’est fin mars-début avril qu’en général les aloses remontent sur le Blavet. Un événement que de nombreux pêcheurs bretons attendent avec impatience.

Le Blavet est un petit fleuve côtier qui, après le lac de barrage de Guerlédan, entre dans le Morbihan et devient, à partir de Pontivy, le canal du Blavet puis rejoint l’océan Atlantique dans la rade de Lorient. Au printemps, à partir de début avril, certains pêcheurs de la région y sont obnubilés par l’arrivée de la grande alose qui colonise pour un temps les eaux du fleuve. En tout cas, celles qui réussissent à franchir, non sans difficultés, les quatre premiers barrages, dans le but d’assurer leur descendance. L’alose du Blavet peut en effet remonter, en fonction du niveau, jusqu’à la quatrième écluse.

Haut-lieu des pêches du saumon, l’écluse des Gorêts, en amont d’Hennebont, voit aussi passer chaque année les grandes aloses. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Les écluses

La première est l’écluse de Polvern qui marque la séparation entre la zone maritime et l’eau douce. Elle est à prospecter au début du jusant. Suivent les écluses des Gorêts, dont la résonance est forte auprès des pêcheurs de saumons, celle du grand barrage avec le parcours sportif et l’écluse de Quelennec également sur la commune d’Inzinzac-Lochrist. Sur l’un des spots les plus connus, le quai de l’écluse des Gorêts, le second barrage édifié en partant de la mer donc, les pêcheurs doivent scruter le lit de la rivière à la recherche d’un indice pouvant trahir la présence des migrateurs. Il faut que les niveaux d’eau et le débit soient satisfaisants pour laisser espérer de bonnes conditions de pêche.

En eau claire, des mouches colorées sont faciles à suivre des yeux. Adrénaline garantie !
Crédit photo : Thierry Sauvin

Bloquées en aval

Le bief aval offre ici, en effet, sur 150m environ, des postes propices pour pêcher à la mouche ou aux leurres, même si les postes situés près du déversoir (quai rive gauche) sont généralement les plus productifs. Ne sautant pas ou très rarement les obstacles à leur montaison, les échelles à escalier, destinées en priorité au saumon, sont généralement délaissées. Bloquées, les aloses stationnent en aval des barrages ou dans des pools plus profonds situés sur les 100 mètres en aval du déversoir.

En binôme, comme le font ici Julien Labesse et Paul Bardet, il est facile de tester en même temps la mouche et les leurres pour savoir vite ce qui marche… ou pas.
Crédit photo : Thierry Sauvin

De la famille des clupéidés, comme la sardine et le hareng, l’alose est un poisson migrateur amphihalin, ce qui signifie qu’elle peut passer d’une eau salée à une eau douce. Sa robe argentée lui donne l’allure d’un baby tarpon. Après un séjour de trois à six ans en mer, pas très loin du littoral, elle remonte frayer en eau douce. Les obstacles à la montaison maintiennent habituellement les bancs d’aloses sur la partie inférieure des cours d’eau. Le frai a lieu entre mi-mai et début juin. La grande alose, dont les femelles peuvent atteindre 80cm pour un poids de 4kg, ne survit pas à cette reproduction. S’agissant de sa pêche, c’est un poisson qui, une fois ferré, garantit chandelles et cabrioles. En tous les cas, la défense des aloses récemment montées en eau douce n’a rien à envier à celle des saumons d’été qui remontent à partir de la mi-juin.

L’alose vient souvent en surface en période de reproduction. Elle est donc très repérable.
Crédit photo : Thierry Sauvin

La bougeotte

L’alose est constamment en mouvement. Les meilleurs moments pour la solliciter sont tôt le matin et tard le soir. On les repère par des sillages, marsouinages et par les fameux bulls, mouvements d’eau circulaires et bruyants qui se produisent lors de la reproduction. C’est l’indication qu’elles déposent en surface leurs œufs en faisant la farandole. Durant la journée, elles ont tendance à descendre plus en profondeur et les touches deviennent moins régulières. Mai est généralement le mois le plus prolifique. En juin, les belles ont perdu une grande partie de leur vitalité. Étant en activité en permanence, elles s’épuisent au fil du temps. Un spécialiste comme Julien Labesse, pur produit de l’école de pêche de Lochrist, devenu guide de pêche, aime pêcher la grande alose à la mouche. Quand les eaux sont encore un peu froides, il conseille de pêcher creux, avec un bas de ligne plongeant et une mouche assez lestée (en tête ou sur la hampe de l’hameçon n°6 ou 8), fixée à une pointe en fluorocarbone (22 à 25/100).

Souvent le premier choix des pêcheurs, si la mouche malgré tout ne fonctionne pas, se rabattre sur de tout petits leurres souples permet de pêcher un peu plus creux.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Grosse agressivité

Quant au choix de l’imitation, la fantaisie est de rigueur. Si nymphes et mouches noyées de coloris terne peuvent prendre, Julien préfère les couleurs flashy (rouge, orange, jaune). «Avec ces coloris, on peut, lorsque les eaux sont claires, voir l’alose courir derrière la mouche puis s’en saisir, explique-t-il. Cela fait monter l’adrénaline !» Il réduit la taille de cette mouche lorsque les niveaux baissent et que la température de l’eau augmente. Comme nombre de migrateurs, l’alose ne se nourrit pas ou très peu mais réagit au passage d’un intrus. S’il s’agit d’un poisson «frais», c’est-à-dire arrivé récemment en eau douce, son agressivité est encore très forte et, par conséquent, les chances de succès sont réelles. Il n’est d’ailleurs par rare, tant elles peuvent être agressives, qu’elles se harponnent toutes seules, ce qui rend plus incertaine encore l’issue du combat. Pour Julien, le plus important est de faire passer la mouche à la bonne profondeur et à la bonne vitesse. Il faut donc trouver la parfaite combinaison soie-bas de ligne et poids de la mouche. En lançant de manière perpendiculaire à la rive, l’arc de cercle formé par la soie a souvent un effet déclencheur car l’accélération impulsée à la mouche donne l’impression qu’elle semble vouloir fuir un prédateur. Parfois, il suffit de lancer trois-quarts aval et de la laisser dériver au gré du courant sans rien faire. Côté animation, on voit qu’en fait, rien n’est décidément inscrit dans le marbre…

Quand on connaît la défense de l’alose, on comprend tout l’intérêt que lui portent certains pêcheurs du Blavet.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Aux leurres aussi

Quand la mouche ne donne rien, Julien n’hésite pas à pêcher aux leurres. Pour lui, il est inutile de pêcher trop fin, un bas de ligne ici aussi en 25/100 convient. Une alose fraîchement remontée qui dévale plein pot met en effet à rude épreuve le bas de ligne. «Il ne faut pas pêcher trop gros non plus pour que le leurre, très peu lesté, descende suffisamment, nuance Julien. C’est pour cette raison que j’utilise le fluorocarbone, qui a tendance à couler légèrement.» La couleur et la forme de ses leurres font penser à des bonbons (voir encadré). Pour ce qui concerne l’animation, Julien fait dériver son leurre un peu comme à la mouche. Il lance trois-quarts aval et le laisse travailler tout seul, en faisant par moments quelques accélérations suivies de petites pauses. Autre spécialiste régional, Paul Bardet, lui aussi guide de pêche, confirme les propos de Julien. «Je sais qu’un bas de ligne en 25/100, ça peut paraître un peu gros mais, compte tenu de la puissance du courant, je préfère pêcher plus fort pour éviter que le combat s’éternise, avance-t-il. L’alose est un poisson vraiment fragile qui perd facilement ses écailles si elle est trop longtemps manipulée.»

La reproduction approchant, annonçant la fin de leur vie, les aloses, fatiguées aussi par la remontée, sont fragiles et décrochées avec beaucoup de soin.
Crédit photo : Thierry Sauvin

L'animation

Comme Julien, Paul accorde lui aussi une grande importance à l’animation du leurre, ponctuée d’accélérations et de pauses. Le jour de notre rencontre, ils ont tenu à me faire une petite démonstration rapide et il a fallu néanmoins attendre une baisse de la luminosité pour que les aloses montrent une certaine activité et acceptent de goûter aux bonbons proposés par Paul et Julien.

Heureux pêcheurs bretons qui ont bien de la chance de pouvoir se mesurer à ce magnifique poisson qu’est l’alose.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Le matériel de base

PÊCHE À LA MOUCHE
Canne : 9 pieds
Soie : WF flottante n°7
Polyleader : plongeant 1,50m
Pointe : fluorocarbone 22 à 25/100

PÊCHE AUX LEURRES
Canne : 2,40m - 2-10g
Moulinet : taille 2000
Tresse : 8 brins - 8/100
Bas de ligne : fluorocarbone 25/100
Leurre : petit shad 2 pouces
Tête plombée : 2 à 3g

À savoir

La CPMA Migrateurs n’est pas obligatoire pour pêcher l’alose.
En avril : parcours mouche temporaire (hameçon simple) sur les 100m en aval des Gorêts.
Rens.: Fédération de pêche du Morbihan – Tél. 02 97 44 54 55

 

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