Plus la saison va avancer, plus le retour de la fraîcheur va pousser ces poissons hors de leur zone de confort estivale. Ils vont quitter peu à peu le fond des fosses, où la température leur était plus favorable pendant l’été, pour recoloniser les zones « shallows », où le fourrage de l’année se concentre. À ceci près que les brochets garderont toujours un certain volume d’eau au-dessus de leur tête en automne, aussi, je vous conseille d’éviter les postes de printemps avec moins d’un mètre d’eau. Ces pêches peu profondes avec des streamers de taille modeste permettent l’utilisation de matériel plus léger. L’emploi de cannes pour des soies de 8/9 est largement suffisant en cette saison, ce qui est très confortable pour traquer maître Esox.
Un besoin de calories
En effet, leur activité va se retrouver « boostée » par une envie frénétique d’accumuler des calories afin de préparer l’hiver ! Cette transition ne se fera pas d’un coup bien entendu, d’autant que les étés ont plutôt tendance à se prolonger ces dernières années, avec des températures douces tard en saison. Préférez donc le wading ou la pêche en embarcation pour vous éloigner du bord afin d’aller chercher des volumes d’eau un peu plus importants dans lesquels vous trouverez les phases d’activités qui caractérisent cette saison. Les cassures nettes resteront un poste de choix en début d’automne. Des animations et une prospection rapide en éventail le long de celles-ci permettront de vous faire une idée sur le positionnement des poissons. Repérez la fin de ces derniers herbiers. Ceci est très important pour gagner du temps lors de vos parties de pêche, car les poissons auront tendance à « s’accrocher » à ces dernières caches encore présentes. Au cours de la saison, pensez à effectuer quelques passages dans les zones plus profondes, que ce soit en plan d’eau ou en rivière, ceci afin de vérifier que le fourrage n’ait pas commencé à se regrouper. Si la chute de température de l’eau est brutale, ce processus peut se retrouver accéléré et faire migrer les poissons dans leur zone de confort hivernal.
Animations plutôt rapides
Commencez par des animations rapides et linéaires de type « Rolly-Polly » pour battre rapidement du terrain. Mais si rien ne se passe, ralentissez la pêche avec des strips plus ou moins courts. Contrairement au printemps, je ne trouve pas que les pauses et l’utilisation de streamers « suspending » soient d’un grand intérêt en cette saison. En effet, la température de l’eau leur étant plus clémente et se rapprochant de leur optimum thermique (entre 10 et 20°C), leur agressivité n’en sera que décuplée. L’automne est une bonne période pour se « régler » sur le matériel et surtout sur l’armement de vos streamers. De manière générale, je commence toujours par des streamers de taille moyenne (environ une quinzaine de centimètres) et plutôt imitatifs et naturels, de type baitfish. Avec les eaux claires de la fin d’été, une silhouette imitative fine et des coloris naturels proches du fourrage présent seront des alliés de choix. Mais lorsque la saison avancera, il faudra compter sur l’utilisation de plus gros streamers avec des fibres « raides » comme des streamers de type deceiver avec ou sans tails. En effet, avec la baisse des températures, les mouches qui poussent plus d’eau vous aideront à décider les plus beaux spécimens qui chercheront des proies plus conséquentes. Avec les changements de temps, de plus en plus importants, il sera stratégique de garder dans vos boîtes quelques streamers flashy ou fluo pour pouvoir répondre à des conditions d’eau turbide. Attention cependant, le coloris firetiger avec un mélange de chartreuse/orange/jaune et rayé de manière importante reste pour moi une valeur sûre en cette saison et ce, même par eau claire ! L’effet métallique d’une petite palette en queue ou d’un montage de type chatterbait n’est surtout pas à négliger en ces périodes, surtout par temps de vent où la surface de l’eau est brassée.
Soie plongeante S3
En ce qui concerne la soie, une S3 répondra à l’essentiel de vos besoins durant cette saison, en rivière comme en plan d’eau. En effet, avec des températures de surface qui descendent en dessous des 24°C, recherchez à positionner votre streamer dans les cinquante premiers centimètres, les poissons monteront sans problème. Cependant, si vous êtes en barque ou en float-tube, prévoyez une S5 ou même une S7, car, en fonction de votre vitesse de dérive, une soie plus plongeante sera nécessaire afin de conserver une profondeur de nage adéquate. Pour les armements de vos streamers, pensez à préparer quelques montages anti-herbe, et ce même pour explorer la pleine eau. En effet, avec le début de la décomposition des herbiers, ce dispositif pourra vous apporter plus de confort dans votre pêche en évitant l’accumulation de matière dans la courbure de l’hameçon. Plusieurs dispositifs sont possibles : le montage anti-herbe « classique », avec un morceau de fluorocarbone en 70 ou 80 centièmes monté dans la courbure de l’hameçon. Il est facile et rapide à monter, toutefois j’ai tendance à le délaisser de plus en plus en raison des décrochés qu’il peut entraîner. En effet, malgré sa grande efficacité contre les algues, le fait de venir recouvrir une bonne partie de la courbure de l’hameçon nous prive du point « d’ancrage » qui sécurise le positionnement de l’hameçon dans le cartilage de la gueule du brochet.
Des streamers articulés
La deuxième solution est un système en titane plié qui viendra en butée contre la pointe de l’hameçon. Ce dispositif est un peu plus délicat à mettre en œuvre mais fait merveille. Le côté raide du fil de titane va permettre un déclenchement rapide de la pointe au moindre ferrage et évitera pas mal de ratés. Ce système a fait ces preuves sur des pêches de tarpon en plein milieu des nuages de sargasses, c’est donc sans hésiter que je l’ai décliné sur des montages de type baitfish ainsi que sur tous les montages qui nécessitent l’utilisation d’hameçons courts avec une grande ouverture. Pour tous les montages plus longs, l’hameçon texan, monté de manière articulée ou non, sera plus efficace dans les milieux les plus encombrés ou les plus denses. Avec une pointe « noyée » dans une fibre raide comme du bucktail, votre mouche passera partout sans accrocs !
En images : montage en 3 étapes d'un nti-herbe très efficace en titane