Ombres : 8 nymphes efficaces

Avec elles, je bourlingue en toutes saisons partout en Europe et en France, avec pour objectif la capture de ce poisson, Thymallus thymallus, que j’ai tenu au bout de ma canne pour la première fois en 1975 et pêché en nymphe dès 1976. Depuis cet ancien temps, la pratique de la pêche en nymphe et du montage de celle-ci a beaucoup évolué, passant des imitations minimalistes de Pheasant tail ou Killer Bug de Mr. Sawyer, aux montages actuels bariolés à coups de vernis UV. Passionné de montage de mouche depuis mes débuts de moucheur, j’ai suivi depuis 45 ans l’évolution, en France comme à l’étranger, des techniques, matériaux et astuces, qui nous mènent où nous en sommes avec des centaines de modèles, des plus classiques au plus « bling-bling ». 

Les valeurs sûres

Cette profusion d’imitations, pouvant être parfois de conception très pointue, provoque un éblouissement perturbateur chez de nombreux pêcheurs qui ne savent plus à quel saint tungstène, saint UV ou saint dubbing se vouer pour remplir leurs boîtes. Phénomène plus qu’amplifié avec la multitude d’informations diffusées sur le Web, à coups de tutos, galeries, vidéos, photos, tchat vantant les mérites de la nymphe miracle par les plus « mythos » comme de la plus classique, toutes pouvant permettre de prendre des ombres… ou pas !

Compte tenu de ce grand brassage nymphal, ma déformation professionnelle de guide de pêche, agissant en tant que transmetteur d’expériences en guidage et dans les pages de votre magazine préféré, je vous présente ici huit modèles « valeurs sûres ». Avec elles, j’ai attrapé et fait attraper quantité d’ombres, des résurgences ultra-limpides des Balkans aux cours d’eau couleur whisky gallois en passant par les rapides scandinaves et dans toutes nos rivières à ombres.

Ces imitations sont le fruit de nombreuses heures à essayer, au fil des ans, les nouveaux matériaux et leur mariage avec les plus traditionnels, du mélange de mes idées avec celles d’autres monteurs et bien sûr de les avoir utilisées avec succès. Après avoir monté, essayé et abandonné de nombreux modèles, j’ai adopté cette sélection de nymphes. Un très bon compromis entre les imitations réalistes grâce à leur taille, leur silhouette, leurs teintes naturelles, et les nymphes incitatives grâce à leurs couleurs et aux matériaux employés. Elles imitent la quasi-totalité des proies naturelles dont se nourrissent les ombres en Europe au fil des quatre-saisons. Je n’oublierai jamais un conseil de celui qui m’a appris à pêcher à la nymphe, au siècle dernier : « La mouche, certes, mais plus important : bien l’utiliser ! » Je rajouterais : « Avoir trop de nymphes, c’est comme pas assez. » Avec ces huit valeurs sûres, vous avez le bon compte ! Faites-vous plaisir à les monter et à les utiliser comme il se doit.

La Rhyaco

Les larves de sedge sans fourreau (Rhyacophila) sont présentes dans quasiment toutes les rivières d’Europe. Cette imitation semi-réaliste garde, une fois immergée, la teinte verte du corps, caractéristique de ces larves, grâce aux matériaux utilisés. Mouche de pointe redoutable à faire dériver très près du fond.

Le worm (ver)

Très utilisé outre-manche, le ver de terre sort de ma boîte par eaux froides de fin de saison, par eaux légèrement teintées et dans les veines de courant profondes. Je lui dois la capture de gros sujets dans les eaux ambrées du Massif central, de Scandinavie ou du Pays de Galles.

La Gammarus

Reines des eaux calcaires ou peu acides au sein desquelles prolifèrent les gammares, on ne peut pas s’en passer. La laine utilisée pour le corps de cette imitation, une fois immergée, prend la teinte rencontrée chez de nombreuses espèces de ce petit crustacé d’eau douce.

La Camel

La nymphe d’éphémère la plus polyvalente de ma sélection, la combinaison des teintes de matériaux utilisés correspond à celle de nombreuses nymphes d’éphémères. Ce qui en fait ma favorite que j’utilise souvent en premier lorsque je ne connais pas une rivière.

La Noire et Rouge

Perdigomania oblige, j’ai adopté ce modèle après avoir écrit un article sur les hameçons jig dans le n° 76. Depuis, avec elle, nous avons séduit de nombreux Thymallus. Une vraie « passe-partout » inspirée par la Red Tag anglaise, nymphe incitative de la première heure.

La Bicolore

Mon imitation générique de larve de sedge à fourreaux, le dubbing utilisé prend une teinte légèrement ternie dans l’eau, le thorax peut être ébouriffé pour imiter pattes et ailes d’une larve en émergence. Elle excelle en pointe comme en potence.

La Faisan

La plus simple mais pas la moins prenante ! Descendante directe de la Pheasant tail créée par Sawyer, elle est la nymphe d’éphémère universelle par excellence. Je l’utilise beaucoup en pêche à vue et comme mouche de potence en taille 16 à 20.

La Rosalie

Initié à l’utilisation de nymphe rose il y a une dizaine d’années au Royaume-Uni, elle est devenue ma nymphe incitative de prédilection pour les eaux froides de fin de saison et de période hivernale. Son mix de couleurs permet de l’utiliser par eaux légèrement teintées.