Julien est encore jeune et avait pourtant mis sa carrière de compétiteur entre parenthèses depuis quelque temps pour profiter de sa famille et pêcher simplement pour lui. Il est revenu en 2022 en sélection pour une compétition en terres ibériques qui s’annonçait compliquée ! Le retour fut plus que gagnant, notre champion décrochant la première place en individuel largement devant les favoris espagnols et une magnifique médaille d’argent par équipe… J’ai croisé Julien à deux ou trois reprises au bord de l’eau, et il dégage une impression de maîtrise totale et de calme olympien ! Pour l’avoir suivi un peu lors de ce dernier mondial dans les Asturies, la pression semble glisser sur lui. Il a toujours le sourire aux lèvres et un humour à toutes épreuves. C’est aussi ce tempérament, je pense, qui lui permet de sortir le meilleur de toutes les situations. En action de pêche, il est juste beau à voir ! Il n’y a pas de gestes parasites, pas d’erreurs. On se rapproche de la perfection dans la gestuelle, tout simplement. Cela ne semble en plus pas être travaillé, comme si cette maîtrise était innée. Bien entendu, il y a de nombreuses années de pratique derrière ses incroyables résultats en compétition mais, ce qui est certain, c’est que le talent n’est pas le même pour tous au départ… Portrait donc d’un virtuose de la canne à mouche qui, je l’espère, fera encore quelques campagnes avec notre fantastique équipe de France !
Comment as-tu commencé la pêche à la mouche ?
J’ai commencé la pêche à la mouche à l’âge de 9 ans, dans la vallée de la Neste, à côté de Saint-Lary où je passais mes vacances d’été. Mon père m’amenait aussi sur l’Arize les mercredis, car c’était la rivière la plus près de Toulouse où j’ai habité jusqu’à mes 16 ans. Cette passion m’a été transmise par mon père, pêcheur à la mouche, et mon grand-père, pêcheur au toc.
Quand et pourquoi as-tu commencé la compétition ?
J’ai commencé la compétition à l’âge de 12 ans par le championnat de France Minimes. Faisant partie d’un club Toulousain, nous étions deux jeunes du club à participer à ce championnat, que nous avions gagné, moi en minimes et lui en junior. Il y avait déjà Grégoire Juglaret à cette époque.
Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs en compétition ?
Mon meilleur souvenir en compétition est la dernière manche du Championnat du monde au Colorado, en 2016, sur la rivière du même nom. Alors que je jouais le titre, mon parcours était vraiment compliqué. Il ne me restait plus que 45 minutes de pêche, quand je décidais d’arrêter ce que j’étais en train de pêcher pour retourner au début de mon parcours ayant vu que le soleil venait d’y disparaître. Une intuition qui m’aura permis d’attraper les poissons (en sèche) qu’il me manquait, pour faire un bon résultat sur ce secteur et finir, pour la première fois, champion du monde en individuel. Mon pire souvenir est, je pense, lors de la dernière manche d’un championnat de France, de mémoire sur l’Isère. Je jouais le titre, mais tous les poissons que j’attrapais ne faisaient pas la taille; j’ai fait une bonne crise de nerfs ce jour-là et je n’ai malheureusement même pas fini sur le podium.
Et hors-compétition ?
Mon pire souvenir de pêche est lors d’un voyage à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, avec des amis. On est arrivé sans nos bagages qui ont fini par arriver au bout d’une semaine. Puis, des trombes d’eau se sont abattues sur les rivières, les rendant impêchables. Heureusement qu’il nous restait quelques jours pour pêcher. Mon meilleur souvenir de pêche est sûrement la prise de thons rouges à la mouche en bateau en Atlantique avec des copains. Ça déménage ces bestioles !
Quelle est ta technique préférée ?
Là, sans hésiter, la sèche. Voir le poisson prendre sa mouche en surface, le leurrer avec la bonne imitation en ayant analysé les insectes présents, c’est quand même ce qu’il y a de plus excitant !
Quelles sont tes mouches fétiches ?
Ma sèche fétiche est un sedge montage parachute avec une aile en pardo, un corps en vautour. C’est fin, ça se voit assez bien et ça prend du poisson. Pour la nymphe, rien d’extraordinaire : une oreille de lièvre avec une collerette orange derrière la bille, dans toutes les tailles et déclinées en fonction des trois couleurs principales de billes or, argent, cuivre. On va au bout du monde avec ça !
Quels sont tes coins de pêches préférés ?
En France, je vais être un peu chauvin, je vais dire ma région. Les Hautes Pyrénées avec les départements aux alentours (Haute-Garonne, Pyrénées Atlantiques, Ariège, Pays basque) possèdent une richesse halieutique impressionnante, avec de nombreuses rivières et lacs de montagne. Il y a tous les types de profils : des rivières rapides, d’autres plus lentes et des poissons de toutes les tailles. Cela permet de pratiquer notre passion en changeant de coin tous les jours. Après avoir beaucoup voyagé, les destinations possédant uniquement des poissons de « remises » ne m’intéressent plus. Je n’ai pas forcément de coin préféré à l’étranger (sauf peut-être le Jura, car je ne les comprends pas quand ils parlent…). Chaque pays possède des endroits somptueux à pêcher, que ça soit en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis ou même en Espagne plus près de chez nous.
Un prochain voyage de rêve ?
J’aimerais vraiment pêcher des poissons de mer sur les flats : bonefish, tarpon, carangue, permit et voir ma soie se dérouler à fond sans pouvoir rien maîtriser. Je pense que cette pêche me rendrait dingue et qu’elle me ferait presque oublier les truites
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Au niveau compétition, je n’ai plus trop d’objectif, sauf peut-être le titre de champion de France rivière que je n’ai jamais eu. J’espère juste que je pourrais pratiquer ma passion le plus longtemps possible, en ayant des milieux qui s’améliorent pour la préservation des poissons et donc des humains finalement !