Les ensembles ayant déjà été détaillés dans les premiers articles de la rubrique, nous n’allons pas nous attarder dessus. Retenons simplement qu’au début, une canne d’action medium fast équipée d’une soie de 5, avec une tête courte au profil WF décentré, sera idéale. La canne permettra de corriger les fréquentes erreurs de gestuelle commises lorsque l’on démarre la pêche à la mouche. Quant à la soie, elle permettra de charger rapidement la canne et de « ressentir » rapidement son action tout en réduisant au maximum les faux lancers. Une canne d’action rapide demandera automatiquement une gestuelle plus soignée, plus puissante et plus adaptée aux pêcheurs déjà pratiquants.
En petits milieux
Lorsque c’est possible, j’invite les débutants à démarrer directement en petits milieux. Ces derniers restent relativement faciles à « lire » et abritent souvent une population intéressante de poissons de taille petite à moyenne. Je pense ici aux torrents alpins aux eaux pures et fraîches, ou encore aux petites rivières bretonnes. Ici, les postes sont souvent nombreux et marqués, ils demandent une approche plein amont ou trois quarts amont. Techniquement parlant, nous devrons effectuer des posés précis et des dérives sans dragage sur quelques mètres au plus. Dans ce cas, il n’est généralement pas obligatoire de savoir lancer loin pour avoir quelques touches. Afin de maîtriser rapidement cette pêche, il est nécessaire de s’imaginer un cadran sur lequel l’une des aiguilles serait axée vers 9 h et l’autre vers midi. L’angle entre les deux aiguilles serait donc de 90 degrés. Descendre et bloquer la canne à 9 h permet de réduire la distance entre la pointe de celle-ci et le poste pêché, donc de gagner en précision. Aussi, le blocage de la canne à midi crée l’énergie qui tend la soie et le bas de ligne vers l’arrière et permet donc, dans un second temps, d’effectuer un posé droit et précis vers l’avant. La gestuelle de lancer doit également rester très linéaire, parfaitement droite et face à soi. Les lancers de côté avec le bras penché à droite ou à gauche restent destinés aux moucheurs un peu plus expérimentés pour, par exemple, aller chercher des poissons sous des frondaisons.
En moyennes et grandes rivières
Primo, avant d’entamer une session en moyennes et grandes rivières, l’idéal est de s’entraîner dans un champ ou sur un terrain plat pour les raisons suivantes :
• la plupart du temps, vous allez devoir pêcher à distance avec des bas de lignes plus ou moins longs et votre soie posée sur l’eau. Il faudra donc pouvoir poser votre mouche à une certaine distance de la manière la plus propre et discrète possible ;
• il faudra également savoir « porter » une longueur relativement importante de soie en dehors des anneaux sans frapper la surface de l’eau à chaque faux lancer ;
• le facteur dérive augmente considérablement en grande rivière. Il faudra donc apprendre à le gérer une fois dans l’eau et savoir récupérer l’excédent de soie avant de relancer ;
• une fois dans l’eau, un ferrage à distance efficace n’est pas une mince affaire lorsqu’on débute, et il faut souvent un peu de pratique avant de piquer correctement les poissons ;
• enfin, on sera amené ici à pêcher dans tous les angles, de l’amont vers l’aval. Il faudra alors maîtriser le mending, voire le posé courbe, ou les deux. En les ayant pratiqués avant, on ajoute alors une corde à notre arc en action de pêche.
La gestuelle changera aussi légèrement par rapport aux pêches de précision. On gardera ici l’image du cadran, les blocages et l’angle de 90 degrés qu’on décalera vers l’arrière pour un mouvement allant de 10 h à 13 h.
Les gestes à éviter
En cours d’apprentissage, certains gestes peuvent venir parasiter le lancer. Notamment un mouvement de poignet qui empêche la tension de la soie et ne permet pas un lancer parfaitement linéaire. L’énergie ne se transmet alors pas parfaitement et le bas de ligne se pose généralement en paquet, réduisant considérablement la distance de lancer. Certains accessoires simples comme un « chouchou » ou encore un morceau de chambre à air de vélo peuvent aider au maintien du talon de la canne contre l’avant-bras. Une trop grande amplitude (de plus de 90 degrés) suivie de blocages trop faibles peut nuire au bon déroulement de la gestuelle. Pour y remédier, une deuxième personne peut se placer derrière le pêcheur et bloquer le mouvement arrière avec sa main. Il peut aussi, en cas d’apprentissage sur l’herbe, se placer devant l’apprenti, limitant ainsi l’amplitude sur l’avant du geste. Le positionnement du buste et du bassin influe aussi sur la réussite de l’apprentissage. Toujours dans un but de lancer le plus droit possible, il est nécessaire de toujours garder ces parties du corps en face de chaque poste pêché. L’équilibre dans l’eau en sera d’autant plus amélioré.
Le soutien d'un moucheur expérimenté eou d'un guide professionnel
Toutes techniques confondues, la pêche reste avant tout un plaisir à partager et être aidé d’un ami confirmé ou d’un guide reste un atout précieux pour progresser rapidement. Demandez lui de vous corriger, éventuellement de vous filmer pour pouvoir ensuite visionner vos erreurs. N’hésitez pas à le regarder pêcher, on apprend presque autant en regardant qu’en pratiquant. Il pourra aussi partager avec vous ses connaissances des milieux et quelques bases d’entomologie incontournables pour la suite.