Les truites léopards de la Potinière

Après une bonne nuit et un excellent repas dans un gîte tout proche : L’havre de Saint Germain, que je vous recommande fortement, nous arrivons à La Potinière. Sébastien nous fait visiter les lieux, qui se composent de quatre plans d’eau dont la profondeur oscille entre 80 cm et 1,50 m, et qui sont alimentés par l’eau fraîche et claire de deux bras de l’Avre.

Ouvert depuis 1987, le site a depuis peu été repris par Sébastien, qui est très soucieux de la qualité de l’endroit et qui est un véritable passionné. J’ai comme l’impression de pêcher dans un parcours anglais, tant les abords des plans d’eau et des bras sont bien entretenus. Le parc est superbe et très calme, idéal à mon goût pour pratiquer la pêche à la mouche. Nous faisons à peine quelques pas que les truites, nombreuses, se font remarquer. C’est même un bel ombre, qui nymphe dans le courant d’un petit bras, qui confirme la qualité des eaux de cette rivière. À la belle saison, la pêche à l’aide d’une canne courte doit être passionnante sur ces 900 mètres de linéaires !

Premiers pas en sèche

Sébastien nous explique que son parcours est peuplé de truites fario, arc-en-ciel, saumons de fontaine, ombles alis, aguabonitas, léopards, bleues et de quelques ombres communs. Les poissons oscillent entre 200 g et plus de 5 kg pour les plus gros spécimens. De quoi régaler les pêcheurs ! Avec l’ami Jean-Didier, nous montons rapidement nos cannes, ce sera une 9 pieds soie de 5 pour moi, avec un long bas de ligne et une pointe en 14/100 pour commencer. Ici, les eaux claires permettent de parfaitement voire évoluer les poissons et la pêche à vue en sèche, comme en nymphe est un régal. Quelques remous sous les sapins semblent indiquer que plusieurs poissons se nourrissent en surface. Je choisis une petite émergente de chironome, qui se retrouve aspirée au premier posé. La matinée commence fort avec une truite arc-en-ciel qui saute dans tous les sens, avant de se laisser glisser vers l’épuisette. Un beau poisson de 50 cm, en pleine forme, avec de magnifiques nageoires. À La Potinière, les salmonidés sont triés sur le volet avant leur introduction, une qualité qui saura ravir les pêcheurs. Jean-Didier n’est pas en reste puisqu’il tente lui aussi de mettre une jolie truite « gold » à l’épuisette.

Nymphes et léopards

Les prises nombreuses de truites farios et arc-en-ciel vont s’enchaîner, mais nous remarquons distinctement de gros poissons à la robe presque cuivrée, qui ondulent près d’une arrivée d’eau et se déplacent ça et là pour cueillir de petites nymphes. Ni une ni deux, je change ma pointe pour un bon 16/100 fluorocarbone et monte une nymphe type « pheasant tail », avec un petit spot orange. Au premier lancer, la truite ne bouge pas d’une nageoire ! Second posé plus en amont afin de laisser le temps à la nymphe de descendre et le gros bec de la truite s’ouvre. Ferrage à vue et gros rush de départ. La soie sort du moulinet à toute vitesse et la truite a déjà traversé toute la longueur du plan d’eau. Ma canne Douglas est bien cintrée, et après quelques minutes d’un gros combat, une superbe truite léopard, qui avoisine les 3,5 kg selon Sébastien, arrive dans l’épuisette de Jean-Didier venu me prêter main forte. Nous sommes éblouis par la qualité de ce poisson qui sera délicatement remis à l’eau après quelques clichés.

La truite léopard est une espèce hybride qui, à l’inverse de la truite tigre, est issue du croisement d’un mâle de truite fario et d’une femelle d’omble de fontaine. Si la croissance de cette espèce est plutôt lente, il ne fait aucun doute que, sur ce parcours, l’espèce est en pleine forme et d’un poids conséquent. Nous prendrons, en les recherchant spécifiquement à l’aide de petites nymphes d’ensemble, plusieurs grosses truites léopards durant la matinée.

Traque des spécimens

À La Potinière, rien n’est laissé au hasard et Sébastien nous convie à un excellent repas dans un lodge spacieux entièrement refait à neuf, dans une ambiance intérieure de chalet en bois. Non seulement vous pourrez facilement vous restaurer au lodge avec toutes les commodités, mais vous trouverez aussi tout le nécessaire en matériel de pêche s’il vous vient à manquer de quelques mouches ou d’un équipement complet. Après cette pause bien méritée, nous allons consacrer notre après-midi à la pêche à vue des plus beaux spécimens. Toujours fascinés par ces belles truites que l’on voit parfaitement onduler dans l’eau claire de l’Avre.

Inutile de vous encombrer de trop de matériel, une seule canne type rivière, quelques bobines de fil et une ou deux boîtes à mouches bien garnies suffisent pour prendre beaucoup de plaisir avec les salmonidés du parcours. Décidément, les truites léopards sont joueuses aujourd’hui, puisque c’est encore un gros spécimen qui viendra se saisir de ma nymphe au premier lancer, avec une belle bagarre à la clé, suivie par plusieurs congénères de son espèce si singulière ! Nous prendrons aussi de grosses truites arc-en-ciel, ainsi qu’une fario de plus de 60 cm bien occupée à se nourrir sous les frondaisons. Nous allons aussi avoir la chance de capturer coup sur coup, sur un secteur très précis, de magnifiques ombles alis qui, d’après le gestionnaire, sont des salmonidés plutôt discrets d’habitude ! Ils sont, eux aussi, de magnifiques combattants qui prennent bien les nymphes présentées près du fond. Pas de doute, si vous aimez les parcours de qualité, la pêche à la mouche en eau claire et que vous souhaitez capturer de superbes truites léopards qui se défendent comme des diables, faites un tour à La Potinière, vous ne le regretterez pas !