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A la conquête des eaux perdues

À l’heure où j’entame ces quelques lignes, je suis posé pour la journée sur un petit bras de rivière. Je suis venu à deux reprises ces dernières 48 heures pour amorcer. Il a fait -4°C au petit jour, le soleil vient tout juste de percer l’épais brouillard. L’ambiance est grandiose, le calme est omniprésent. Quelques mésanges volent d’arbre en arbre, et seul le bruit de la cascade en amont berce ce silence. Seulement, une question se pose dans ma tête. Y a-t-il des carpes dans ce bras de rivière ? L’excitation est à son comble…

LE POURQUOI DU COMMENT
La pêche de la carpe est devenue une course aux « likes », un business à part entière dans le monde de la pêche en général. Je ne porterai aucun jugement tant que chacun y trouve son bonheur, c’est bien là l’essentiel ! Pour ma part, l’appel des grands espaces et des endroits totalement délaissés me procurent des émotions qui ne sont nullement comparables. L’idée de savoir si on peut accéder à certains endroits, d’y découvrir son biotope, son cheptel, rend la pêche pleine de surprises !

Je n’ai malheureusement pas le temps voulu pour voyager à travers le monde pour cela (en plus de la peur de l’avion mais de manière générale je ne le dis pas !) mais je me contente de notre pays qui pour le coup, est une vraie source de petits coins de paradis ! Il faut juste avoir la motivation de sortir des
sentiers battus, et de ne pas avoir peur de l’inconnu !


OÙ, QUAND, COMMENT ?
Résidant dans le sud de la France, les grands lacs et rivières dans un rayon de deux heures ne manquent pas à l’appel. Saint-Cassien, le Salagou, le Rhône, pour ne citer qu’eux, en feraient rêver plus d’un ! Rassurez-vous, ils m’attirent toujours. J’ai eu la chance de faire mes armes à Saint-Cass’ et il m’est impossible de passer plusieurs mois sans y tendre les cannes ! Mais j’aime découvrir des endroits, dont la plupart n’ont que très rarement, voire jamais été pêchés. Armé de mon sac à dos, mon téléphone pour avoir accès aux cartes satellites et ma voiture, j’ai beaucoup exploré ma région dans un premier temps, puis partout où je partais en vacances par la suite. Que ce soit un petit bras de rivière, une petite étendue d’eau, parfois même une pièce d’eau perdue dans une propriété privée, je ne
laisse rien au hasard. Je sais que je ne pourrai pas tous les pêcher, de par la réglementation, le lieu, l’accès… mais je me dois de savoir ce qu’il pourrait y nager. Très souvent, je ne vois pas beaucoup d’informations mais les rêves prennent le relais, parfois ils se concrétisent, parfois non, mais qu’importe… Niveau repérage, j’utilise une application type « Maps » sur mon téléphone. D’abord en mode topographie, cela me permet de localiser tout point d’eau quel qu’il soit ! Ensuite en mode « Satellite » pour localiser les accès, le type d’eau, la végétation présente, etc. S’ensuit une recherche sur Internet concernant l’endroit ! Et moins je trouve d’informations, plus l’excitation d’aller repérer est grande !


QUESTION ÉQUIPEMENT
Lorsque l’on aborde une pêche en terre inconnue, avec des poissons qui ne connaissent pas la présence des pêcheurs, ni les appâts non présents dans leur milieu naturel, il faut savoir être mobile régulièrement afin d’optimiser un maximum son temps de pêche pour espérer capturer un poisson. En général, deux cannes, un sac à dos et un tapis font l’affaire. Ces endroits sont rarement à proximité de la voiture, sinon, ils seraient soumis à la pêche plus facilement. Dans mon sac à dos, il y a tout le nécessaire pour répondre à toute éventualité. Nos alliés sont souvent les jumelles et nos yeux qui scrutent l’horizon. Fini le farniente sur mon level, je perdrais trop d’informations tant précieuses. Je ne suis pas un adepte des technologies en tout genre, mais le drone permet de capter des informations incroyables tout en restant très discret, mais attention… Les indices qu’il nous donne peuvent mettre notre approche totalement à côté de la plaque… Il faut savoir faire la part des choses. Lorsque je peux avoir mon petit 1,60 m pour avoir
un visuel plus global ou déposer un montage, je le prends. D’ailleurs, j’aurais tendance à croire qu’il a un rôle négatif sur la discrétion, mais nombreuses sont les fois où les poissons sont venus voir ce qu’était cet objet non identifié, apportant son lot d’informations supplémentaires sur la présence de nos chers cyprinidés ! En revanche, j’évite l’utilisation de l’échosondeur. La fréquence des ondes émises pour scanner les fonds est souvent préjudiciable sur une pêche comme celle-ci. Si maintenant, j’ai un temps de pêche plus conséquent sur le même secteur (24 heures ou plus), bien évidemment que je l’utilise. Si je dois faire une nuit quelque part, je rajoute une petite glacière pour le repas, et je prends de quoi dormir confortablement (mon bedchair ou mon hamac selon l’accès). Si les poissons sont présents, tant mieux, dans le cas contraire, il faut être capable d’adapter sa pêche même en pleine nuit. Enfin, j’en profite pour faire une petite dédicace à ma voiture qui ne se fait pas ménager. Pour ce genre d’exploration, il ne faut pas avoir peur de rayer sa voiture avec les branches, de s’embourber dans un gaie, faire des marches arrière sur des centaines de mètres, de crever un pneu… (je parle en connaissance de cause). C’est le risque à prendre pour profiter de la liberté ! Bien sûr, je fais très attention et je ne serais pas prêt à mettre ma voiture dans un ravin, rassurez-vous !


PRÉPARER SON APPROCHE
Sur une pêche de journée ou de quelques heures, lorsque je découvre un endroit, mon approche est la plus discrète possible. Je suis mon instinct pour le positionnement de mes deux six pieds, et j’adapte en fonction de mes observations, quitte à changer régulièrement la stratégie. Je ne sonde généralement pas la première fois afin d’être le plus discret possible, mais je prends le temps d’anticiper une nouvelle venue sur le lieu en grattant les fonds en partant. Niveau montage, le plus fin possible, si les eaux le permettent bien évidemment ! J’opte pour une esche plutôt équilibrée (maïs + liège) ou un appât qui visuellement peut attirer la curiosité d’un poisson (pop-up violette ou blanche en eau claire et pop-up jaune en eau plus teintée). Bien évidemment chacun y adoptera sa couleur de prédilection, mais ce sont pour moi les couleurs qui ont le plus souvent fonctionné. Si je suis amené à revenir, je dispose toujours quelques kilos de bouillettes sur une large zone en partant, histoire de commencer une éventuelle accoutumance, et de pouvoir peut-être sélectionner des poissons plus intéressants par la suite. Si j’ai l’occasion de réaliser un pré-amorçage, je mélange bouillettes, maïs, tiger et chènevis pour pouvoir faire rentrer tous les poissons en concurrence alimentaire. J’opte souvent pour une approche à la bille pure lors du jour J et les résultats ont souvent été là. J’en profite également pour dégrossir la zone en sondant le secteur avant de venir y pécher, à l’aide d’une canne ou d’un échosondeur type Deeper par exemple. Je précise que je sonde si je réalise un pré-amorçage uniquement.


Lorsque j’ai plusieurs jours devant moi, je cible souvent plusieurs endroits. Ils sont tous pré-amorcés, parfois je n’en pêcherais pas certains mais c’est le jeu. Je préfère avoir une longueur d’avance. En général, si je ne reviens pas après un amorçage, cela signifie que certains rêves sont en train de réaliser sur le lieu présent, ou que la motivation en a pris un coup ! Je peux pêcher deux, voire trois endroits par 24 heures… Une nouvelle fois, les signes visibles au bord de l’eau sont des indicateurs sur le fait de poursuivre sa pêche ou de changer d’eau. Forcément, si l’amorçage au préalable n’est pas visité, je laisse travailler le coup et je reviendrai plus tard. Le temps de pêche étant minutieusement calculé, il est hors de question de perdre du temps. Il est important d’utiliser le temps en action de pêche pour préparer des montages d’avance, préparer des sticks, bâcher les billes pour les indésirables, etc. La mise en place sur un nouveau secteur doit prendre le minimum de temps ! Je le rappelle, il faut optimiser le temps pour augmenter potentiellement le rendement ! Sans oublier l’essentiel… Apprécier et profiter !


SE FONDRE DANS LA NATURE
Il me paraît important d’aborder ce point. Certains lieux sont très sauvages, à l’écart de toute vie humaine. Il est important de respecter l’endroit afin qu’il garde son charme. Éviter de laisser une trace de son passage permet de préserver ces lieux encore plus longtemps. Nous avons tous un ou plusieurs « jardins secrets ». Quel bonheur de revenir chaque année sur un endroit qui n’a pas changé, qui n’a pas subi de déforestation, qui n’est pas pollué, ou tout simplement qui n’a pas été pêché par quelqu’un d’autre ! L’émotion restera grande comme lors de la première fois ! Cela ne m’empêche pas d’avoir avec moi un sécateur pour pouvoir me frayer un chemin par exemple. Il suffit d’utiliser le matériel avec parcimonie et à bon escient. Pas besoin d’être sur une plage de sable pour pêcher. Cela permet aussi de rencontrer une faune et flore plus hostiles. J’ai le souvenir d’avoir posé mon campement sur le territoire du castor, une grande famille qui plus est ! Il a fallu respecter et préserver leur habitat, avant de changer de lieu de résidence afin de les laisser tranquilles. Notre passage sur terre fait assez de dégâts comme cela pour en plus en faire au bord de l’eau.


ET SI ON RÉALISAIT LE GRAND CHELEM ?
Certaines eaux ou certains biefs ne m’ont jamais récompensé. Je pense même avoir pêché plusieurs endroits sans qu’il y ait la présence de carpes… Difficile d’en être sûr après quelques heures passées au bord de l’eau, mais en général je ne reviens pas ! D’autres fois, toutes les planètes s’alignent et les rêves deviennent réalité. Lorsque, en plus, tout cela est partagé avec un ami qui recherche la même adrénaline, cela n’a pas de prix. C’était au mois de juin 2020 avec mon ami Lucas. Nous partions pour quatre jours au bord de l’eau, trois nuits plus exactement. Près de 1 000 km parcourus pour un temps de pêche optimisé puisque nous avions
la mission de pêcher quatre lacs totalement différents (une tourbière, deux retenues naturelles et un lac plus en altitude aux eaux translucides). Lucas avait eu la chance de découvrir l’endroit quelques jours auparavant, et de toucher quelques poissons déjà. Il en a fallu peu pour me convaincre et partir explorer cet endroit qui paraît tant mystérieux ! Nous ne pêcherons que la nuit sur la tourbière et les deux retenues naturelles, et une après-midi sur le lac aux eaux translucides. Autant vous dire, les cannes pêcheront à peine la moitié du temps de notre périple, c’est quitte ou double mais l’objectif est clair. Il serait magique de toucher des poissons partout. Nous totaliserons neuf touches sur les quatre endroits, avec des poissons capturés partout. Des poissons « racés » de chaque lieu, très sauvages. Probablement jamais pêchés ou alors très peu. Des poissons qui nous ont mis une adrénaline incroyable lors des
départs et des combats… Nous avons opté pour une dépose à l’aide d’un petit pneumatique, sur des zones de pêche à vue ou en extrêmes bordures uniquement. Tous les poissons ont été capturés avec une graine décollée du fond avec un amorçage à la bille et à la graine (pas de chènevis de peur de fixer les poissons dessus instantanément). Dans le lot, aucun poisson record… mais qu’importe. Je pense qu’aujourd’hui, il est plus rare de capturer un poisson qui n’a jamais été piqué plutôt que de faire un poisson trophée (les poissons entre 20 et 30 deviennent presque monnaie courante).


CONCLUSION
Savoir que l’endroit est dépourvu de pression de pêche sans savoir ce qu’il y nage vraiment… voilà ce qui fait que cette passion reste dévorante pour ma part. Aujourd’hui, Internet et les réseaux sociaux à notre disposition sont une source d’information qui nous fait oublier la magie de la découverte d’un lieu ! Il faut savoir prendre le bon, prendre du recul avec le moins bon, et accepter de sortir de sa zone de confort l’espace d’un instant. Capturer un poisson de dix kilos qui vit dans son habitat depuis des dizaines d’années, qui est marqué par son habitat, qui n’a pas connu un hameçon… m’attire beaucoup plus qu’un lac peuplé de poissons tous plus connus les uns que les autres… mais je je me répète, l’important est de prendre son pied quel que soit l’endroit !

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