Ablettes et gardonneaux, honneur aux petits

On assimile souvent pêche au feeder et gros poissons. Or, elle peut être tout aussi efficace sur les plus petits, ablettes et gardons notamment. J’ai choisi de le vérifier sur un petit étang dont je connais bien l’importante population d’ablettes, l’enjeu étant bien sûr d’en capturer un maximum. 

Le matériel

Oublié les cannes longues et puissantes, tout doit se passer à portée de main. Il s’agit de ne pas s’emmêler, de gagner en précision, en dextérité et donc en rapidité. La canne, courte (3,30m maximum), est équilibrée par un petit moulinet (taille 3000). La pêche des petits poissons peut vite se transformer en pêche de vitesse lorsqu’ils sont sur le coup. Les ablettes se nourrissant entre deux eaux, les touches à la descente sont souvent bien marquées et un petit scion (0,5 à 1oz), en carbone, plus réactif que la fibre de verre, est idéal. Une tresse fine (8 à 10/100) permet d’être aussi très réactif au ferrage. 

Mini fedders 

Cette pêche de rappel intense oblige à adapter la taille des cages. Il en existe de très petite contenance, fort légères, qui libèrent ainsi peu d’amorce et d’esches. Autre intérêt, elles descendent très lentement dans la couche d’eau et de manière très discrète ce qui est très utile face à des poissons méfiants. Les Cage Feeder Round (AS) sont vraiment très efficaces sur tous les parcours à ablettes et à petits poissons. Le plastique du grillage, moins dense que le métal habituel, permet de présenter l’esche beaucoup plus naturellement. 

Les deux montages 

Un montage coulissant classique (voir dessin) ne sera efficace que s’il est utilisé avec les plus petits accessoires possible (stop-float, agrafe). Lorsque les poissons sont bien actifs, je n’hésite pas à rapprocher le stop-float du dessus au plus près de l’agrafe pour obtenir un montage autoferrant. Lorsque la pêche se passe plutôt sur le fond ou que les poissons sont plus délicats, j’éloigne au contraire ce stop-float pour donner un peu plus de souplesse au montage. Bien entendu, un bas de ligne fin et souple est de rigueur. Un 8/100 permet de démarrer la pêche. On peut ensuite passer au 10 ou 12/100 pour diminuer les risques d’emmêlement et aller plus vite lorsque les touches sont rapides.

Le montage avec potence fixe (voir dessin) est ultra efficace pour les pêches à la descente, très techniques, de petits poissons qui n’engament pas franchement. Cela permet un contact direct dès la première touche, un petit mouvement de poignet sur la canne piquant alors immédiatement le poisson. Il n’est pas évident de déterminer la longueur du bas de ligne, surtout lorsque les petits poissons sont positionnés dans la couche d’eau supérieure et rappliquent dès l’impact du feeder. Il n’est en fait pas nécessaire qu’il soit trop long. Les poissons aux aguets vont en effet se saisir de l’esche à toute vitesse et c’est pourquoi j’opte pour un bas de ligne de 30 à 40 cm pour commencer. Si l’esche revient vidée sans que j’aie perçu la moindre touche, je le raccourcis. En revanche, si après une touche violente, le poisson n’est pas piqué, je le rallonge légèrement. 

Un nuage d’amorce 

Pour maintenir les poissons en activité durablement, j’utilise une amorce très légère et très nuageante, afin de tacher la couche d’eau de manière persistante. On trouve chez tous les détaillants des mélanges tout prêts type Ablette, Surface, ou Gardon, ce dernier étant souvent un peu plus grossier. Utiliser une amorce à grosse granulométrie est possible à condition de la réduire à l’état de farine fine par un passage au moulin. C’est une manière de changer son domaine d’utilisation. Pour teinter cette amorce et la faire stagner dans la couche d’eau, je rajoute à mon mélange, avant mouillage, une grande quantité de Tracix (Sensas) jaune, blanc, orange ou rouge, en fonction de la couleur de l’eau et du parcours. Je mélange le tout et mouille l’amorce avec modération afin qu’elle reste d’aspect légèrement sec. Pour accentuer l’effet nuageant, je garde en permanence à ma portée un petit récipient rempli d’eau dans lequel je trempe mon feeder chargé. Les pigments du Tracix se gorgent à cœur, donnant, dès le contact avec la surface, un nuage laiteux encore plus important et bien plus persistant. 

Les esches

Par souci d’économie, oublions le fouillis de vers de vase. S’agissant d’esches forcément de petite taille, ne restent donc que les pinkies, rouges de préférence, introduits régulièrement dans l’amorce en petites quantités. Comme souvent, il va falloir donner peu mais souvent. Il s’agit bel et bien d’une pêche de rappel au cours de laquelle il faut cadencer ses lancers pour apporter régulièrement sur le coup amorce et esches. Chaque ferrage, raté ou réussi, oblige à relancer. Cependant, si la touche et le ferrage ont systématiquement lieu dès l’impact en surface, il faut relancer immédiatement mais cage vide pour ne pas gaver les poissons. Selon la taille des poissons, un pinky sera parfois trop gros, un petit coup de ciseaux pour le couper en deux facilite alors l’engamage. Pour ceux qui peuvent s’en procurer, les fifises, tout petits asticots, sont très appréciés des poissons en général. Ils ont la particularité de faire la moitié de la taille d’un pinky mais aussi d’être durs, ce qui permet de piquer plusieurs poissons avec la même larve. 

Une pêche courte 

Quand vient l’automne, la friture reste active même en bordure, non loin des herbiers et des abris naturels. Une pêche courte est adaptée et permet, en un minimum de mouvements, de prendre un maximum de plaisir. Je n’hésite pas à pêcher parfois très prêt, à 10 ou 15 m, avec le sentiment de réellement maîtriser ma cadence de rappel. De cette façon, je peux surtout garder un œil sur mon nuage d’amorce et sur le positionnement des poissons sur le coup. Il n’est pas rare, après avoir amorcé régulièrement, de devoir lancer à vide un peu à l’extérieur du nuage pour prendre les grosses ablettes et les gros gardons venus se saisir des belles particules déplacées par tous ces « bambins » en furie !