En matière d’élastique intérieur, c’est une véritable révolution qu’a vécue la pêche à la grande canne depuis l’avènement de la traque de gros poissons, carpes en particulier. De nouveaux matériaux et procédés ont vu le jour, prouvant toute l’attention apportée par les fabricants à ce créneau qui compte un nombre de pratiquants grandissant. Il est aujourd’hui possible de capturer de très grosses carpes avec un matériel adapté et des montages relativement fins grâce notamment à des caoutchoucs aux performances incroyables. On trouve actuellement, aux côtés des classiques élastiques pleins, des modèles creux ainsi que des hybrides.
Plusieurs cordes à son arc
« Je pratique beaucoup et suis toujours à la recherche du matériel le plus performant, le plus sûr et celui qui me permet d’aller le plus vite possible tout en limitant les décrochages », précise en préambule Frédéric. « Les élastiques creux (Matrix Core Hollow) m’offrent tout ce que je recherche. Je n’ai pas cédé à la mode des hybrides, et fais exclusivement confiance aux creux pour leur polyvalence et leur longévité. Le latex de haute qualité et prélubrifié offre également une glisse parfaite. Mais ma façon de faire, de choisir et d’installer l’élastique convient à tout type de modèle. » À moins de ne pratiquer que sur un seul et unique plan d’eau toute l’année, il est utopique de penser qu’un seul diamètre d’élastique intérieur permette de couvrir toutes les pêches de carpes. À l’instar de la pêche des poissons blancs, il faut pouvoir s’adapter à la taille des poissons présents, à la profondeur et à la configuration des berges. Fred confirme que de nombreux paramètres imposent des choix différents. « La présence d’obstacles, la saison, la taille des poissons, etc. Je possède un panel d’élastiques qui couvrent tous mes besoins. » Fred, pour les intimes, insiste sur un autre point important. Le diamètre de l’élastique, qui induit sa puissance, doit toujours être en rapport avec le diamètre de Nylon employé et l’hameçon correspondant. L’équation est simple : élastique trop puissant + Nylon trop fin et/ ou hameçon trop petit = casse ou décroche ! Il nous livre ce tableau de correspondance fort pratique.
Diamètre élastique | Nylon | Hameçon |
2,6 mm | 23 à 25/100 | 10 |
2,4 mm | 20 à 23/100 | 10/12 |
2,3 mm | 18 à 20/100 | 12/14 |
2,1 mm | 16 à 18/100 | 14/16 |
1,8 mm | 14 à 16/100 | 16/18 |
Double-réserve
L’élastique intérieur destiné à la pêche des carpes doit se loger dans les deux premiers éléments de la grande canne. Cette longueur est nécessaire pour posséder une réserve suffisante que le poisson, en fonction de sa taille et de sa vigueur, va pouvoir solliciter. Selon les fabricants, la longueur de ces deux éléments peut varier, mais elle oscille entre 2,50 et 2,80m. Fred vous livre une astuce qui consiste à ménager une réserve supplémentaire. « Je laisse pendre à l’extérieur, au niveau de l’orifice du kit de combat, 50 à 60 cm d’élastique supplémentaire. En cas de prise d’un gros poisson inattendu, je garde alors toutes mes chances de capture. Le point de saturation est encore rallongé et cela me donne encore plus de souplesse. Cette réserve a une seconde utilité. Si je dois remplacer une portion d’élastique sur la partie supérieure, je n’ai pas besoin de remplacer l’ensemble. »
La bonne perle
Cette réserve nécessite un aménagement, et Fred y voue une attention toute particulière que j’avoue moi-même avoir négligée jusque-là. « On ne peut pas laisser simplement pendre ce brin d’élastique, sinon au moindre déplacement de la ligne, de sondage, c’est à l’autre extrémité qu’il viendra pendouiller. Il faut installer une butée qui va permettre de tendre l’élastique à sa juste mesure et d’assurer un ferrage efficace. Mais il ne faut pas qu’elle emprisonne trop l’élastique au risque que le poisson ne parvienne pas à solliciter cette réserve. » La butée doit être choisie avec grand soin et Fred y a passé des heures. Il possède une mallette pleine, fruit de toutes ses recherches et pas seulement dans les rayons pêche. Ces butées, il les a pour la plupart déniché au rayon fantaisie/ loisir/création sous la forme de perles. Ce choix immense lui permet d’adapter parfaitement son diamètre interne à celui de l’élastique. Le but est d’obtenir l’équilibre parfait pour maintenir l’élastique en position, parvenir à régler facilement la tension et assurer une glisse optimale. « La perle doit serrer, mais ni trop ni trop peu ! » Comment y parvenir ? Il n’y a pas d’autre choix que de tâtonner ! Si vous êtes fidèle à une marque d’élastique, vous y arriverez facilement. Les fabricants en proposent des standardisées.
Les différents élastiques
PLEIN. C’est le précurseur en la matière. Fait de latex de couleur naturelle ou coloré, il est toujours utilisé par de nombreux pêcheurs. Ce qui le caractérise, c’est sa puissance et sa longévité ! Son pouvoir d’allongement est cependant limité et il arrive rapidement à saturation. C’est un plus pour les pêches rapides ou dans des zones très encombrées. Dès qu’un angle se forme entre l’extrémité du scion et l’élastique, la course de ce dernier est fortement ralentie, voire contrée. Il est utilisé dans ses plus gros diamètres, au-delà de 3 mm, pour les pêches de très gros poissons afin de les brider. Il garde peu de mémoire de l’effort, même après un très fort allongement, et revient toujours bien en position, à condition d’être bien lubrifié…
CREUX. Apparu voici plusieurs années, son coefficient d’allongement est nettement supérieur au plein à diamètre équivalent. C’est le vide dans le corps même de l’élastique qui en est la raison. Le diamètre interne du tube, différent selon les marques, influe les propriétés d’extension. Cela permet de pêcher plus fin avec un élastique de diamètre plus important qui reste néanmoins très extensible à la moindre sollicitation d’un beau poisson. Ceci pouvait représenter un inconvénient lors de la mise à l’épuisette, mais plus depuis l’utilisation des kits de combat modernes. Selon la fréquence de pêche, la longévité des élastiques creux peut être mise à mal. Il faut bien les entretenir et éviter une trop forte exposition aux rayons UV. La température ambiante n’est pas sans incidence. Il arrive qu’il se crée des bulles sur l’élastique en raison des frottements répétés, ce qui impacte son efficacité. A contrario, le froid raidit l’élastique qui perd de ses facultés. C’est l’outil polyvalent, à condition de le remplacer régulièrement si vous pratiquez intensément.
HYBRIDE. Comme son nom l’indique, cette dernière génération d’élastique représente un compromis entre le creux et le plein. Il possède l’élasticité du premier et le diamètre du second. La grosse différence réside dans l’absence de cet espace creux interne. Le matériau employé est différent d’un latex habituel et d’une couleur plus pâle. Ce revêtement particulier évite de coller à l’intérieur des éléments lorsqu’ils sont humides. Cette nouvelle technologie permet d’obtenir des élastiques solides et durables. À l’utilisation et à diamètre équivalent, l’hybride m’est apparu moins souple que le creux, mais possédant un pouvoir de rétractation plus rapide. Il s’agit réellement d’une affaire de goût. Pour finir, au regard d’un coût inférieur au creux, certains ont rapidement fait leur choix.
Côté scion
À l’autre extrémité de cet élastique, nous allons relier notre ligne et le lien connecteur/élastique doit également être impeccable. Fred proscrit tous types d’attache rapide et rigide ou fixe-ligne plastifié et leur préfère de loin les connecteurs de type Dacron. Plus sûrs et aussi plus légers et discrets, ils limitent le risque de casse de l’extrémité du scion si l’élastique revient violemment en cas de décrochage de la prise. Sous le terme Dacron se cache un brin de tissu tressé, plus ou moins rigide selon les fabricants et réputé quasiment indestructible. Son utilité pour la pêche au coup est réelle, car on peut y fixer fermement un Nylon sans risque que l’un et l’autre ne soient blessés par des tensions répétées. Le Dacron, avec lequel on forme une boucle, se loge dans une butée souple une fois assemblé. Cette butée, à condition de la faire coïncider avec le diamètre de sortie du scion, va le rendre hermétique. Il interdit, si le scion est immergé, qu’une grosse quantité d’eau ne s’y introduise, ce qui pourrait nuire à la maniabilité de la canne et même entraîner sa casse ! « Je dispose de plusieurs tailles de connecteurs. Small, medium, XL, XXL. Ils s’adaptent à la taille du nœud plus ou moins important selon l’épaisseur du caoutchouc. » Fred ne lésine sur aucun détail. La ligne est finalement reliée par une double-boucle, soignée elle aussi, mais ça, c’est un autre sac de nœuds que nous démêlerons dans un prochain article.
Installation du connecteur
1. Débutez en réalisant un nœud simple avec l’élastique. Humidifiez-le et serrez fortement.
2. Coupez l’excèdent d’élastique au ras du nœud.
3. Enfilez le raccord en Dacron par le nœud coulant préformé.
4. Coiffez l’ensemble avec la butée en plastique et c’est prêt.