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Partie de pêche au coup avec le champion de Belgique, Fabian Lété

Notre champion de Belgique 2021 souhaite trier les prises et ne sélectionner que les beaux poissons ce jour-là ! 

Crédit photo Olivier Wimmer
Les Belges sont reconnus pour être des spécialistes de l’amorce et des pêches de gardons. C’est oublier qu’ils sont aussi de fins stratèges lorsqu’il s’agit de trouver les beaux poissons. Loin de ce qui a fait leur réputation par le passé, nous sortons des sentiers battus avec le champion de Belgique Fabian Lété !

J'ai la chance de compter parmi mes amis proches quelques-uns des tout meilleurs pêcheurs belges et je vous livre ici une partie partagée avec Fabian Lété, champion national 2021, qui m’a permis de décortiquer son approche quand il faut trier la taille de ses prises en étang. Tout ce que j’aime !

Le site est réputé pour sa richesse halieutique. Les poissons connaissent la musique et sont parfois tatillons. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Le sondage

Après s’être méticuleusement installé, c’est la toute première des choses que fait Fabian : explorer son coup. Comme il nous l’explique, l’opération est capitale et influe sur de nombreux paramètres. « La profondeur mais aussi la nature et le relief des fonds induisent la longueur de mes montages, le poids des flotteurs, ainsi que le type d'amorce que je vais employer et son mouillage. » Il y consacre donc de longues minutes pour, en définitive, trouver une ou plusieurs zones suffisamment larges, dures, et surtout plates pour y pêcher. Même s’il est aujourd’hui en terrain connu, c’est une règle qui est valable absolument partout et en toutes circonstances. S’il ne trouve pas le fond qui lui convient, Fabian n’hésite pas à déplacer son siège de quelques mètres pour s’assurer de pêcher pile où il faut.

À gauche, l’amorce pour exciter ; à droite, la double terre pour sélectionner les plus grosses prises.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Amorcer précis

Lors du sondage, les plats ont été détectés et c’est là que Fabian dépose sa table, son amorce et ses esches, de telle sorte que le tout soit bien accessible. Un relief uniforme lui garantit que son montage évolue toujours à la même profondeur, même s’il vient à le déplacer latéralement pour explorer plus à fond toute la zone repérée. En faisant coïncider parfaitement l’endroit où son esche est déposée et celui où l’amorce se trouve, il maximise ses chances que les poissons l’aspirent au passage.

Fabian ne souhaite pas déposer une énorme quantité d’appâts sur le fond. « Jeter de grosses boules d’amorce farcies d’esches est efficace. Mais le bruit et cette manne de nourriture providentielle attirent tous les poissons, sans distinction de taille. Je veux être plus sélectif et pour y parvenir, mon arme c’est la coupelle d’amorçage ! » Fabian a bien raison, la coupelle est une garantie de précision et de maîtrise de ce que l’on dépose sur le fond. C’est aussi une formidable façon de faire des économies ! Il est en effet possible de millimétrer les quantités face aux forces en présence. Grâce à la coupelle, on s’évite un amorçage lourd en quantité, parfois approximatif et bruyant. Elle n’a que des avantages qu’un champion comme lui a bien compris.

Appâts naturels et classiques aux côtés de pellets expansés : un menu belge atypique, mais qui permet de faire le tri sur le coup.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Le kit coupelle

Il n’est pas l’apanage des compétiteurs. C’est un accessoire indispensable aujourd’hui pour qui veut optimiser son amorçage et tirer le meilleur parti de ce qui est mis à l’eau. La règle d’or est que le kit coupelle fasse strictement la même longueur que celui ou ceux qui sont équipés de vos lignes. C’est la seule façon de garantir le maximum de précision. Si vous possédez des modèles de longueurs différentes pour X raisons, il existe des kits coupelles réglables très pratiques (Garbolino).

Les esches

Bien que très importante, l’amorce, toujours adaptée aux espèces visées, joue aussi un rôle important de véhicule pour les esches. Elle doit et va contenir celles dont Fabian revêt son hameçon, sous une forme ou une autre. Le principe est le même, quelle que soit la pêche pratiquée. Ainsi Fabian, d’un naturel prévoyant, dispose d’un panel d’appâts vivants et naturels. Contre toute attente (en tout cas la mienne), il associe aussi des granulés à cette amorce plutôt classique. « Les esches animales et l’amorce sont toujours efficaces, mais parfois, et surtout si comme ici il y a beaucoup de poissons de tailles petite à moyenne, elles ne sont pas assez sélectives ! » Fabien se sert donc de l’amorce pour créer un appel de poissons, puis de double terre et de pellets pour tenter de trier les plus beaux sujets sur son coup. Les pêcheurs belges sont donc bien des maîtres dans l’art de manier fouillis, vers de vase et amorce, mais ils ont aussi fait évoluer leur mentalité en mêlant traditions et approches plus modernes.

Fabian affectionne cette forme de flotteur, polyvalente, qui offre stabilité et sensibilité. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Choisir les bonnes lignes

En étang et autres eaux closes, même si la surface n’est pas ridée par un courant constant, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’animations entre le flotteur et le fond. Le vent, même d’intensité faible, tient une fonction importante dans les mouvements d’eau qu’il induit. Fabien prévoit donc plusieurs montages qui lui permettent de s’adapter à ces variations. « Au cours de la partie, je dois pouvoir m’adapter au comportement des poissons qui évolue selon les conditions. Je dois absolument trouver l’équilibre entre une ligne discrète et stable. Parfois c’est la plus légère, parfois, à l’opposé, c’est la plus lourde. En tous les cas, pour tromper les beaux poissons, mon appât ne doit pas bouger du fond. » Bien que les flotteurs utilisés par Fabian puissent paraître conventionnels, ils sont greffés sur un Nylon assez solide qui lui permet de faire face à toute éventualité. Ainsi, si on a l’habitude d’associer un flotteur léger avec un fil plutôt fin, Fabian prévoit une sorte « d’antiligne » à savoir un corps de ligne fort et un flotteur discret. « Ce type de montage m’a déjà permis de tromper de nombreux beaux poissons, je le prévois toujours ! » Afin d’être certain que sa ligne évolue parfaitement dans le rayon de son amorçage ultra-précis, Fabian limite la bannière (longueur de fil comprise entre le scion et le flotteur) à sa plus simple expression. En revanche, il garde toujours un peu de longueur de canne en réserve pour pouvoir prospecter autour du point d’impact de l’amorce, au cas où les poissons seraient à l’affût. Dans la même optique, il utilise un long élastique intérieur installé dans deux éléments de sa grande canne. Il reste souple pour les prises modestes et évite les décrochages, mais offre aussi une réserve pour les beaux poissons qui peuvent le solliciter facilement sans risque de casser le bas de ligne.

L’élastique solide est monté sur deux éléments de la canne. Notez la très courte bannière au-dessus du flotteur ! 
Crédit photo : Olivier Wimmer

En action de pêche

Fabian est patient car il sait que les beaux poissons sont prudents et qu’ils ne s’installent qu’après les petits sujets. Il ne se précipite pas si les touches se font attendre. Il évite la moindre agitation sur le coup et reste stoïque, c’est la marque des grands. Il stabilise sa ligne au maximum grâce à un support de canne placé face à lui, lui laissant à la fois les mains libres, mais aussi la possibilité de ferrer à tout moment. C’est l’espèce et le comportement des poissons qui dictent sa conduite et la présentation de la ligne, tantôt sur le tas d’amorce, tantôt sur les côtés, l’esche parfois posée sur le fond ou juste à ras. Aujourd’hui, ce sont les carassins et brèmes qui sont de la partie. Ils provoquent des touches discrètes et sont très malins. Fabian prévoit toujours un éventail d’appâts. « Je veux avoir du choix, car souvent il faut varier l’esche pour trouver celle qui déclenche des touches. » Et ce jour, malgré une amorce garnie de fouillis et d’asticots, c’est un pellet expansé, léger mais volumineux, qui trompe les carassins au travers des gardons, assez envahissants pour l’occasion. C’est la preuve qu’il faut savoir sortir des sentiers battus et mêler les approches sans camper sur ses convictions. « En ne tentant rien de différent, j’aurais pu continuer à prendre quelques gardons, mais je serai passé à côté d’une belle bourriche de beaux poissons ! »

La bourriche parle d’elle-même! Fabian a su attirer grosses brèmes et carassins sur le coup et les capturer. Bravo !
Crédit photo : Olivier Wimmer

L’amorce de Fabian

  • 2 kg de Wonder Gold;
  • 1 kg de Champion Feed Brème;
  • + un mélange de 2 tiers de terre de Somme et 1 tiers d’argile fortement humidifié pour former une double terre. Les esches y restent bien emprisonnées.

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Magazine n°940 - Septembre 2023

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