LA FOIRE AU BAS DE LIGNE
Tresse, tresse gainée, plombée ou câblée, fluorocarbone, hard mono…Tous ces matériaux régulièrement employés sur la planète
carpe ont leur particularité, ils sont extrêmement souples, ou à l’inverse, considérablement rigides. Compte tenu de leur trop forte raideur ou souplesse, on les combine pour créer un peu plus de flexibilité ou de rigidité, histoire de gommer les inconvénients de l’un avec les avantages de l’autre. On commence déjà à s’y perdre… La tresse est un matériau souple de premier choix ; elle grimpe vite en bouche suite à l’aspiration et permet de présenter une esche avec des mouvements naturels. Les monofilaments ou fluorocarbones, très rigides, sont plus délicats à aspirer mais semblent plus accrocheurs une fois en bouche. Leur raideur entraîne une présentation plus artificielle, moins mobile. Les points forts et faibles de ces différents articles engendrent souvent des réflexions et des débats à juste valeur ; alors on ajoute des accessoires, des gaines, des aligneurs de ligne, de la pâte plombée, des émerillons à anneaux et d’autres artifices pour rendre le montage plus « agressif ». En théorie, certains de ces articles tendent à rendre un montage plus pêchant, c’est indéniable. Cependant, plus il y a d’éléments ou de raccords sur une terminaison, plus cette dernière sera fragilisée à la traction et à l’abrasion. Les risques d’emmêlements au lancer sont aussi supérieurs. Plus le bas de ligne sera souple ou composé de matériaux combinés à une rigidité différente, plus il risquera de se transformer en « sac de noeuds » lors des lancers. La faune aquatique qui tricote ces terminaisons s’en donne aussi à coeur joie et peut rapidement rendre le montage inopérant. Le critère principal d’un bon bas de ligne sera avant tout de rester pêchant, de la phase de lancer à l’aspiration d’une carpe. Tous les meilleurs artifices du monde ajoutés à votre piège ne valent rien si celui-ci n’est pas complètement opérationnel.
LE MÉCANISME DU MONTAGE
Certains affirment qu’un montage allégé est bien plus prenant, d’autres ne jurent que par un lest de pré-piquage, ou même une
rotation, voire la combinaison des trois ! Ces convictions sont propres à chaque pêcheur et dans tous les cas, suivant le lieu pêché et la façon dont vont se nourrir les carpes, il y a du vrai. Pour se rendre compte de la puissance d’aspiration d’une carpe, allez donc au bord d’un bassin où les cyprins sont domestiqués. Prenez quelques pellets dans votre main et fermez le poing en les emprisonnant, puis plongez le bras dans l’eau. Vous serez surpris de la puissance d’aspiration d’une petite carpe de moins de deux kilos. L’expérience qui précède se réfère à des poissons d’élevage absolument pas tatillons, mais il permet de prendre conscience de la puissance d’aspiration et de succion. Les vidéos sous le miroir nous ont aussi permis de constater que les carpes aspiraient et déplaçaient nos plombs de plus de 100 grammes avec une facilité déconcertante, en quelques coups de groins. Alors, un montage allégé, rotatif ou pré-piquant ? Honnêtement je n’en sais rien, chaque particularité de la terminaison peut être gagnante suivant le lieu de pêche
et le comportement alimentaire des poissons. Mais lors des nombreux tests effectués sur ces différentes variantes, je me suis rendu compte qu’en temps ordinaire, plus le bas de ligne était simplifié, plus il prenait des poissons. La raison est évidente, elle est liée encore une fois au risque quasi-nul d’emmêlement. Le choix est simple et comprend deux variantes, d’un côté, un bas de ligne compliqué qui risque de ne plus être opérationnel au bout de quelque temps d’immersion, ou à l’opposé, un montage basique, d’un
tenant, un peu moins fiable (sur le papier ), mais qui pêchera aussi longtemps qu’il sera sous l’eau. Hormis certaines variantes suivant la situation de pêche, mon choix est fait depuis plus de dix ans et le matériel utilisé est aussi payant qu’économique.
DANS LE NYLON TOUT EST BON
Le monofilament est à la fois plus rigide que la tresse et plus souple que le fluorocarbone. C’est une excellente alternative car il garde un peu de souplesse tout en combinant assez de rigidité pour ne pas s’emmêler. Il a un comportement qui se rapproche de la tresse gainée. Certains mettent en avant la résistance au frottement de la tresse gainée par rapport à une tresse ordinaire de 4 ou 8 brins. Certes le gainage plastifié doit apporter un petit plus en matière d’abrasion, mais très franchement c’est infime, l’argument perd tout son sens face à la réelle capacité de résistance à l’abrasion d’un nylon, qui plus est, plus discret. De plus, ce dernier a tendance à glisser sur les obstacles boisés ou rocailleux, contrairement à une tresse qui à la fois « croque » le bois pour se loger dedans et « pète » comme du verre sur les rochers.
Le comportement du nylon, à cheval entre la tresse et le fluorocarbone, en fait une bête de course à réutiliser de toute urgence. Les poissons sauvages se laissent facilement berner sur les bas de ligne en nylon. Les poissons éduqués n’ont peut-être jamais eu l’occasion de recracher un bas de ligne « ni trop souple, ni trop rigide », il est peut-être temps d’essayer autre chose que les présentations modernes pour revenir à plus de simplicité.
C’est avec les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ! Bien évidemment, pour jouer la carte de la discrétion, mieux vaut opter pour un bas de ligne transparent. Les nylons dédiés à la pêche en mer possèdent différents traitements qui les rendent plus résistants à court et moyen terme. D’un point de vue tarifaire, une bobine de 300 mètres de monofilament translucide pour la mer sera bien souvent moins onéreuse qu’un rouleau de 20 mètres de tresse ou de fluorocarbone. Les monofilaments dédiés aux têtes de ligne sont tout aussi excellents, car ils sont souples et très résistants aux frottements. Réaliser un bas de ligne en nylon est d’une simplicité déconcertante. Une grande partie des carpistes utilisent le D’rig ou un cheveu souple en tresse sur leur terminaison en fluorocarbone, dans l’idée de garder un peu de mouvement pour l’appât. Ces deux alternatives fonctionnent
Step By Step
1 Le matériel nécessaire, un hameçon grande hampe de préférence, de la gaine silicone souple et un brin de nylon !
2 Pour démarrer, comme souvent, on passe notre monofilament dans l’oeillet de l’hameçon.
3 Après avoir enfilé le nylon dans l’oeillet, on forme une grande boucle alignée le long de la hampe.
4 Il suffit ensuite d’effectuer un noeud sans noeud en conservant la grande boucle dans les spires, à la manière d’un montage D’rig.
5 Le résultat en photo après un serrage modéré. On règle son « cheveu boucle » de manière à garder une bonne distance
entre la courbe de l’hameçon et l’esche. (Environ 1 cm pour une bouillette de 20 mm)
6 Brûler l’excédent de nylon de manière à former une petite bourre, il faut ensuite tirer sur la boucle pour faire descendre la bourre en butée, à l’entrée des spires.
7 Il ne reste plus qu’à enfiler un morceau de gaine silicone souple par la boucle et à le loger en début de courbure d’hameçon.
8 Le montage est prêt à faire feu !
9 Varier les longueurs suivant les situations.