Sonder avec un bateau amorceur

EN EFFET, l’échosondeur nous apporte des éléments de bathymétrie (topographie des fonds et représentation graphique sur écran) nous permettant de choisir le spot de la dépose. Si la finesse du dispositif le permet, une appréciation de la nature du fond sera possible et constituera un autre élément prépondérant dans les choix des zones de pêche. De fait, la stratégie choisie sera différente sur un fond dur ou sur un fond mou.

Ces informations peuvent être capitales pour affiner les montages et pour composer l’amorçage (un fond mou accueillera plutôt un montage long tandis qu’un fond dur verra plutôt un montage court et agressif). Optimiser l’utilisation d’un échosondeur embarqué dans un baitboat demande un apprentissage certain. Il faut bien avoir à l’esprit que le sondage est à mettre en grande corrélation avec la maniabilité et le pilotage du bateau. Par exemple, certains échos couleurs ont un défilement plus lent que d’autres modèles mais ils ont en contrepartie une détermination du fonds et une retranscription beaucoup plus riche d’enseignements. Il suffit donc simplement de réduire la vitesse de progression du bateau pour optimiser le travail de l’échosondeur. Dans certains cas, il convient même de s’arrêter, en particulier lors des changements de substrats ou des ruptures de pente. Ainsi, sur une petite rivière que Jef pêche depuis plusieurs années, plusieurs heures de sondage minutieux ont été nécessaires pour comprendre que la tenue des carpes avait changé. Une analyse fine des fonds a prouvé que des obstacles s’étaient déplacés, expliquant la raréfaction des touches sur le poste habituel situé quelques centaines de mètres en amont.

Le bateau amorceur permet ainsi de sonder là où personne ne peut aller, notamment sous les frondaisons ou les piles de pont, spots inaccessibles en bateau ou à la canne. De même, au beau milieu des herbiers où la canne à sonder reste bloquée à chaque essai, le bateau amorceur peut faire le job précisément. Certains échosondeurs séparent clairement ce qui est organique (poissons, herbes, branches, souches…) de ce qui est minéral (sable, gravier, roche…). Cette distinction est faite par deux couleurs totalement différentes, permettant au pêcheur averti de savoir s’il se trouve sur un fond propice à déposer un montage. Cette dernière remarque nous permet de rappeler que la chance est, à nos yeux, une composante primordiale et incontournable ; contrairement à ce que pourrait laisser penser une utilisation aveugle de tout un arsenal technologique. Le bateau amorceur permet de conforter les repères visuels du pêcheur et de mieux se rendre compte des distances de pêche (le but n’étant pas de tendre forcément à de grandes distances, ce qui peut engendrer une gêne pour les autres).

Très furtifs et rapides en action de pêche, nos baitboats embarquent un échosondeur dernière génération (avec sonde bi-fréquence, down imaging), un système autopilot capable d’enregistrer 500 points GPS et enfin une caméra subaquatique. On peut ainsi réaliser un sondage des plus techniques. La qualité de l’image est très appréciable. Non seulement nous pouvons visualiser les obstacles éventuels invisibles du bord tout autour de notre zone de pêche, mais nous pouvons également avoir une idée précise du fond. Fond dur, mou, présence d’algues, de cailloux, de gros rochers… Tout est visible en direct. Nous voyons où tombe notre amorçage et si l’on veut plus ou moins le disperser, c’est devenu possible. Grâce au GPS, nous enregistrons des points et nous renvoyons le bateau grâce à l’autopilot sur zone. En stationnaire, sur le point enregistré, on conforte nos retours d’écho en descendant la caméra sur le spot. Grâce à ce mode de sondage, nous apprenons vite et bien. La caméra permet de visualiser d’éventuelles zones de nourriture
naturelle, de substrats, des différences de fond… Avec le système « go to » de jour comme de nuit, sans lumière, le baitboat retourne sur nos spots avec une précision déconcertante. Nous utilisons ce baitboat également comme sonde derrière notre Jochym, ou on peut utiliser également la caméra. Ce qui peut éviter les doubles achats… Les informations de l’échosondeur peuvent être visualisées sur plusieurs écrans simultanément grâce au système wifi assez génial quand on pêche à deux. Chacun son écran pour son interprétation, ensuite, on partage et disserte des heures sur nos hotspots favoris.

Trop souvent, on imagine que les bateaux amorceurs dispensent de l’utilisation des bateaux classiques. Nous pensons le contraire : dans un contexte d’une session de plusieurs jours, il est bon et pertinent de jouer la complémentarité. Durant une session estivale, Jef et un de ses amis ont ainsi pratiqué sur un grand bac à sable de la façade atlantique. Les premières 48 heures ont été consacrées au repérage classique et traditionnel avec un zodiac (sondage, pose de repères, amorçage). Les jours restants, ils ont utilisé le plus possible le bateau amorceur pour poser les lignes et amorcer afin de gagner en discrétion et en efficacité de pêche. Le résultat a été concluant, avec plusieurs longues communes dans l’épuisette… En conclusion, nous souhaitons souligner que l’outil technologique, au-delà de tous ses avantages, n’aura jamais le sens de l’eau et ne passera pas du temps à observer les lacs et les rivières pour récolter un maximum d’informations et les interpréter.