Depuis des années, nous traquons les silures au gré des courants du fleuve ou de la rivière. Nos stratégies de pêche en dérive restent efficaces, mais sur les parcours surpêchés, les silures ont appris et compris le danger de certains bruits. Les sons de nos moteurs électriques et de nos échosondeurs en font partie. Même le clonk provoque la fuite des poissons sur certains parcours. Il est alors nécessaire de se remettre en question! C’est en changeant de stratégie et de technique que nous allons pouvoir renouer avec le succès.
Changeons notre approche !
Souvent, la pêche au posé sous-entend une pratique au calme, sans trop d’actions. Pourtant, la traque que je vous propose dans ce numéro va quelque peu changer vos habitudes de pêcheur de silures. Vous allez voir que les temps de pause sont quasiment inexistants si l’on veut pêcher efficacement. Ce qui change dans cette approche, c’est la façon dont nous allons aborder les postes. C’est cela qui va nous permettre de capturer les silures les plus méfiants et donc, souvent, les plus gros. Pour cette méthode, la première chose à connaître est votre zone de pêche. Les informations recueillies lors des pratiques précédentes sont précieuses pour connaître le positionnement des silures et les formes du fond. Elles nous aident à positionner notre bateau, afin de placer au mieux nos montages sur la zone de pêche. Ce qui change dans cette approche, c’est l’absence totale d’appareils électroniques. En effet, nous n’utilisons pas d’échosondeur ni de moteur électrique au moment de la pêche. C’est la veille ou dans les heures qui précéderont la mise en place des lignes que ces appareils seront utilisés lors des repérages. Il faut comprendre que les silures, et notamment les plus gros spécimens, se sont réellement adaptés à nos techniques dynamiques. Il est aisé de constater que, lors du passage sur un poste, les poissons sont faciles à localiser. Mais dès le second passage, les carnassiers semblent avoir disparu. Pourtant, les prédateurs sont toujours là! Mais ils ne rentrent plus dans le faisceau de la sonde et disparaissent de nos écrans. Mis en alerte, plus aucun carnassier ne se nourrit. Il faut alors attendre plusieurs minutes, voire plusieurs heures, avant de retrouver des silures actifs sur la zone. Vous comprenez donc pourquoi une approche discrète est importante. Positionnées à une vingtaine de mètres en amont du poste, les lignes sont souvent placées sur le côté ou à l’arrière du bateau.
Une mise en place discrète, immobile, mais pas tranquille…
L’accessoire indispensable de cette pêche, c’est le mouillage. Deux dispositifs d’ancrage sont nécessaires. Chacun est constitué d’une bouée, d’une corde longue d’une vingtaine de mètres et d’un poids de 10 à 20 kg, en fonction de la taille du bateau. Une bouée ou un pare battages permettent de maintenir la corde en surface au moment où nous devons libérer le bateau dans l’urgence du combat. Les mouillages sont déposés doucement et le plus discrètement possible sur le poste. Une fois ces derniers en place, le bateau est attaché en premier par l’avant et, enfin, par l’arrière. Il est important de ne pas faire de nœud avec les cordes! Le bateau doit pouvoir être libéré le plus rapidement possible. Il est également important de ne jamais positionner ses cordes et ses bouées dans le chenal de navigation. Vous écartez ainsi tous risques pour les autres usagers du fleuve. Lors d’un départ avec un gros silure, vous allez devoir remonter vos lignes. Il faut donc être le plus réactif possible, afin d’éviter les risques de nœuds dans les montages. Il est important de placer les montages de manière stratégique. La ligne la plus éloignée de l’embarcation est toujours celle qui est la moins exposée au courant, pour deux raisons : éviter les vibrations du courant dans la tresse dans la ligne afin de gagner en discrétion, et éviter à la tresse de se vriller. S’agissant de la mise en place des lignes, elle peut se faire de deux manières. Si l’ensemble (appât et lest) n’excède pas 300 g, il est encore possible de le lancer depuis le bateau avec une canne puissante. En revanche, si ce dernier est trop lourd, alors il est nécessaire de le positionner à l’aide du moteur thermique, puis de stationner le bateau aux bouées. Il est important de toujours pêcher l’aval et non l’amont! Un poisson piqué descend toujours le courant. Le risque d’accrochage dans le mouillage est réel. Il faut alors remonter sur le poste au moteur et déposer les montages les uns après les autres, en desserrant le frein des moulinets de telle sorte que les lignes touchent le fond et restent tendues durant la manœuvre. Le bruit du thermique n’a pas le même impact sur les silures que le moteur électrique. Ceux-ci n’ont pas associé le bruit du thermique au danger.
Des montages simples, mais efficaces…
Concernant la réalisation de la ligne, ne vous compliquez pas la tâche. Un montage classique plomb, émerillon, bas de ligne donne toujours d’excellents résultats. Monté sur une canne de 200 g de puissance et longue d’environ 2,40 m, il est cependant nécessaire d’utiliser une tresse dont la résistance est comprise entre 35 et 45/100. Un moulinet d’une taille supérieure à 5000 adapté au silure doit nous permettre de contenir 200 m de 40/100. Dans cette traque à poste fixe, les montages à fond donnent souvent de meilleurs résultats. Des appâts déposés sur le fond déjouent la méfiance des silures trop souvent pêchés entre deux eaux. Qu’il soit coulissant ou fixe, le lest doit être suffisamment lourd pour ne pas trop bouger sur le fond. En général, un poids de 200 à 300 g est adapté. S’agissant du bas de ligne, il est réalisé avec une tresse de combat de 100 kg et mesure environ 50 cm. Il n’est pas nécessaire d’utiliser un bas de ligne trop long. Cela évite au silure d’engamer trop profondément l’appât et permet surtout de piquer le carnassier dès que l’appât est en gueule sous l’inertie du poids. Il peut être intéressant d’utiliser des cailloux en guise de plomb sur la ligne. À l’aide d’une chambre à air de VTT découpée en anneau, un galet peut être serré grâce au caoutchouc. L’intérêt de ce montage est qu’au moment du départ, le caillou sera perdu. Seule la chambre reste raccordée au corps de ligne, car elle est montée sur un émerillon et un anneau brisé. Pour l’armement de l’appât, vous pouvez aussi bien employer un hameçon simple qu’un triple. Il faut cependant toujours adapter la taille de ces derniers à celle de l’esche utilisée.
Ces poissons qui ont du goût !
Nous connaissons les capacités sensorielles du silure à percevoir les vibrations, mais il ne faut pas oublier sa force à détecter les odeurs. Tout comme les requins, ces derniers sont dotés d’organes de détection extraordinaires. Ils sont capables de repérer une proie dans des dizaines de mètre cube d’eau. Vous comprenez alors tout l’intérêt d’utiliser des appâts très odorants. Les poissons ont naturellement une odeur très perceptible pour ces carnassiers. Utilisés en vif, ce sont principalement les vibrations émises par ceux-ci qui faciliteront la détection du silure. Mais utilisés en poissons morts, il est intéressant de réaliser des entailles sur leur flanc et de les éventrer sans les vider, afin de faciliter la dispersion des molécules olfactives. D’ailleurs les résultats enregistrés avec les « PM » entaillés sont bien meilleurs que ceux des « PM » classiques. Si vous décidez de pêcher les silures avec des pellets ou des bouillettes, certains parfums sortent du lot. Crustacés et ail-foie ont des effluves qui semblent déclencher le plus grand nombre de départs. Très odorantes, ces bouillettes sont capables de maintenir les glanes sur le poste durant plusieurs heures. Montées sur un cheveu et un hameçon de petite taille, les bouillettes permettent la capture de silures de toutes tailles. Les vers sont toujours un appât incontournable dans la traque de ces poissons. Eschés en grappe d’une dizaine de gros lombrics, ils sont enfilés directement sur un hameçon simple ou triple. Mais la plupart du temps, ces appâts déclenchent l’agressivité des poissons de petite taille. Encore peu utilisés, car peu engageants, les abats sont de véritables aimants à silures. Ces morceaux de viande de volaille, bovine ou porcine ne jouissent pas d’une belle image. Pourtant autorisés, ils sont souvent assimilés aux esches des lignes mortes des braconniers, et peu de pêcheurs sportifs franchissent le pas. C’est un tort, car lorsque l’on part à la pêche, c’est certes pour prendre du bon temps, mais surtout prendre du poisson ! Les abats sont véritablement efficaces notamment sur les gros poissons. Les gros silures sont des opportunistes. Lorsqu’ils entrent en chasse, ces derniers prospectent le fond du cours d’eau à la recherche d’une proie facile. Vous comprenez alors l’efficacité des abats, qui peuvent être détectés sur de longues distances. Piqués directement en grappe sur l’hameçon, les entrailles de poulet et le foie de volaille sont toujours excellents pour cette traque. Une fois de plus, la réussite d’une partie de pêche n’est pas le simple fait du hasard. Nous devons sans cesse nous remettre en question afin de mieux comprendre le comportement des poissons. Riche par la multitude des techniques praticables, la traque du silure n’a pas fini de nous surprendre. Alors sortez des sentiers battus, car de belles parties de pêche s’offrent à nous.
Préparez votre poste avec un amorçage !
Dans ce type de pêche au posé, l’amorçage est un préparatif intéressant. Il a réellement deux avantages. Il permet d’attirer et de maintenir les silures sur le poste. Réalisé dans les jours qui précèdent la pêche, un amorçage à base de morceaux de poissons permet également d’habituer les silures à ce type d’alimentation. Pour amorcer avec précision, il est possible d’utiliser des sacs solubles lestés de sable ou de graviers. Il est également possible d’employer un filet de pommes de terre garni. Ce dernier doit pour autant être solidement raccordé à une cordelette afin que les silures ne partent pas avec.