En été, les fortes chaleurs changent les périodes d’activité des silures. La canicule élève fortement la température de l’eau. L’ensemble des poissons est à la recherche d’une eau plus fraîche et mieux oxygénée, y compris les silures. Par conséquent, ceux-ci sont donc beaucoup plus actifs le matin aux aurores, au coup du soir et la nuit. Lorsque l’on regarde un cours d’eau, nous pouvons apercevoir en surface les rides laissées par le courant. Ces remous sont des indicateurs très utiles pour traquer les carnassiers. Ils nous informent des variations de la profondeur et des obstacles dissimulés sous la surface. En étant capable d’analyser les rides, les retours et les mouvements du courant, vous gagnerez du temps dans vos repérages.
Le long des piles du pont et les balises du chenal
Ces structures de métal ou de béton positionnées au cœur du cours d’eau sont de véritables aimants à silure. Derrière ces ouvrages, les poissons viennent souvent se positionner. En général, les glanes sont rarement au pied de la structure. Ils se positionnent souvent en aval, derrière la balise du chenal signalant l’édifice. En bateau, sachez que vos premières dérives sont décisives sur le résultat de votre pêche. Une mauvaise approche du poste annulera tout espoir de capture. À force d’être pêchés puis relâchés, les silures ont mémorisé le bruit de nos moteurs et les ondes émises par les échosondeurs. Pour l’avoir remarqué à plusieurs reprises, les groupes de silures peuvent se disperser dès le premier passage du bateau. Je vous conseille alors de réaliser votre première dérive sans un bruit, juste portée par le courant. Pour cela, positionnez votre bateau à 15-20 m au-dessus du poste. Puis vous calculerez votre dérive de manière à passer sur la zone de pêche souhaitée. La discrétion est souvent la clef du succès ! L’échosondeur est un formidable outil de prospection et de repérage, mais sachez que, quelques fois, l’outil peut impacter le résultat de nos pêches. Les poissons sont loin d’être stupides et je dirais même qu’ils se sont éduqués à nos méthodes de pêche. C’est pour cela qu’il faut changer votre technique d’approche et être le plus discret possible. Si les deux premiers passages ont été infructueux, renouvelez l’opération en utilisant votre échosondeur et le moteur électrique pour repérer les poissons. En général, cinq à six passages sur une zone vous permettront de déterminer la présence ou non des silures.
Les techniques adaptées
En bateau, qu’elle soit au bouchon, au fil à la main, ou encore Fire Ball, l’emploi d’un vif de 500 g à 1,5 kg déclenche l’agressivité des plus gros carnassiers. Votre bateau positionné à l’ancrage GPS à l’aide du moteur électrique, le fait de laisser partir des bouchons dans le courant est redoutable. Facile à réaliser, un bouchon de 300 g, un plomb de 200 g, un émerillon baril de 100 lbs et un bas de ligne d’un mètre en tresse de combat de 100 kg constituent le montage du « bouchon » avec un vif et des hameçons triples de taille 1 à 5/0. En zone navigable, ces postes sont souvent trop éloignés de la berge. Il est alors difficile de les atteindre. De plus, la législation interdit de tendre une ligne en travers du chenal de navigation. Du bord, en utilisant une petite embarcation (kayak, float-tube, paddle, pneumatique), vous pourrez facilement déposer vos lignes. Adapté à ce type de poste, le montage dit de « la pierre » pêche à fond. Il permet de tendre nos lignes du bord et ce même en zone navigable. Pour ce faire, une pierre de 5 à 10 kg est raccordée par un nœud à un fil cassant en 40/100, d’environ 1 m de long. Ce même fil est attaché à un émerillon trois barils spécifique à la pêche du silure. Le premier baril est raccordé directement à la tresse de corps de ligne de 40/100 minimum ! Le second baril raccorde le bas de ligne avec le vif esché. Enfin, le troisième baril relie la ligne à la pierre qui touchera le fond. Ce montage ressemble en tout point à un « paternoster », mais sans bouchon. Cette technique reste redoutable sur les pêches statiques du bord. Les pêches aux leurres sont également envisageables. Que ce soit du bord ou en bateau, sur ce type de poste, certains leurres sortent du lot. Ne vous éparpillez pas dans le choix de vos leurres. Les cuillères ondulantes et les gros leurres souples sont toujours efficaces sur ce type de poste.
En verticale, oui mais dans le chenal !
Large et linéaire, le chenal est souvent déstabilisant pour un pêcheur novice. De sa largeur dépend la vitesse du courant. Cependant, comme expliqué précédemment, les remous devront orienter votre prospection. Ces zones où le fond est généralement lisse et la profondeur régulière peuvent s’étendre sur plusieurs kilomètres. Chaque obstacle ou bosse sur le fond aura l’effet d’un concentrateur de poisson, un peu à la manière d’un dispositif de concentration de poissons, très connu des pêcheurs en mer. Pour schématiser grossièrement la coupe d’un chenal, il est en V. Les silures, n’ayant pas beaucoup d’abri sur le fond, viendront régulièrement se camoufler dans les herbiers de la berge. Au lever et au coucher du soleil, les silures longent les bords du canal pour chasser les cyprinidés. Dès l’arrivée des heures chaudes, les gros moustachus regagnent les profondeurs du canal où ils resteront tapis.
Les techniques à mettre en œuvre
En bateau, nous vous conseillons d’effectuer de grandes dérives. Une fois de plus, les remous visibles en surface doivent attirer votre attention. Les silures localisés, poursuivez votre dérive et marquez la position d’un point GPS. Laissez-vous descendre d’au moins 50 mètres en dessous du groupe de silures, avant d’allumer votre moteur thermique. Ainsi les poissons seront moins stressés par le bruit. Lorsque vous remonterez sur le poste, vous prendrez soin de vous écarter d’au moins 20 mètres de votre dérive précédente. Vous reviendrez positionner votre embarcation à environ 50 mètres au-dessus des poissons. Dans les heures de chasse des silures, n’hésitez pas à effectuer vos dérives à moins de 10 m du bord et dans 2 à 4 m d’eau. S’agissant des montages à utiliser, la verticale « fireball » et le vif à la main donnent toujours d’excellents résultats. Le montage à la main est simple à réaliser. Il consiste à réaliser le même montage que celui du « bouchon », à la différence qu’il n’y a pas de bouchon et que le bas de ligne est plus court. Celui-ci mesure environ 40 cm de long, une fois le vif esché seul une vingtaine de centimètres restent libres. Ainsi le vif n’emmêle pas le montage lorsque l’on monte ou descend ce dernier pour le présenter au silure. En effet, cette technique se pratique échosondeur allumé, afin de pouvoir présenter le vif au silure repéré sur l’écran, à la différence du « fireball » qui n’a pas besoin d’être visible sur l’électronique, car la technique consiste à raser le fond sans le toucher. Du bord, la bouée étant interdite en zone navigable, il est intéressant d’employer la méthode du téléphérique. Le montage est constitué d’un leste (200 à 300 g) qui sera perdu au moment du départ. Ce dernier est relié par un fil de 30 à 40/100, qui est lui-même raccordé au corps de ligne en tresse de 40/100 par un gros baril. Une grosse perle d’arrêt est enfilée sur le corps de ligne avant l’émerillon. Elle va servir à stopper le vif. Une fois lancée à bonne distance et surtout de trois quarts aval, la ligne doit être tendue et accrochée au fond. À côté est préparé un bas de ligne sur lequel est armé un vif de belle taille (300 à 1 kg). Un émerillon baril à agrafe ou anneau brisé, raccordé au bout du bas de ligne, sert à relier le bas de ligne au corps de ligne. Il est enfilé sur le corps de ligne par l’agrafe ou l’anneau qui permet au vif de glisser librement sur la ligne jusqu’à la perle d’arrêt.
Les digues et les hauts-fonds
Ce sont des postes de prédilection pour les silures. Qu’elles soient immergées ou visibles en surface, les digues forment des abris de première classe pour les silures. Protégés contre le courant, les glanes trouvent derrière ces blocs de cailloux toute la nourriture dont ils ont besoin. Souvent, toute la chaîne alimentaire vient se regrouper dans ces parties calmes du cours d’eau. Mais toutes les digues ne sont pas colonisées par les poissons. En période estivale, il est facile de repérer ces derniers. Les gobages des ablettes et les chevesnes en surface annoncent la présence d’autres espèces. Ce type de zone donne l’embarras du choix dans l’utilisation des techniques.
Modes de pêche
Du bord, souvent présentes dans les zones non navigables, ces digues nous donnent l’opportunité de la technique de la bouée. Cependant, pour que cette technique soit efficace, il est important de positionner vos bouées en aval de la digue. Une petite embarcation est toute - fois nécessaire pour mettre en place vos bouées et vos montages. Positionnez vos bouées sur toute la longueur de celle-ci, sans que vos flotteurs ne s’emmêlent lors d’un départ, la première étant la plus proche de la digue et la plus lointaine étant la plus écartée de la digue. Il faut comprendre que le silure va descendre le courant pendant le combat. Si la bouée la plus proche de vous est la plus écartée, le poisson risque de la prendre lorsque vous allez le ramener vers vous. Et par conséquent, vous risquez la casse et de le perdre. Aux leurres, c’est en balayant la zone avec de gros leurres souples et éventuellement des poissons nageurs de type crankbait, que vous pouvez piquer quelques beaux spécimens. Mais cette technique se révèle véritablement efficace lorsque les eaux sont en crue et que l’ensemble des poissons vient s’abriter derrière ces enrochements. Les gros silures viennent souvent marau - der à quelques centimètres de la surface. La pêche au pellet se révèle également une excellente alternative sur ce type de zone et notamment si la pêche de nuit est ouverte sur le secteur. Mais cette technique, assez onéreuse, demande du temps et beaucoup de préparatifs. En bateau, les digues sont également très intéressantes à prospecter. Mais le poste étant très marqué, vous ne pourrez effectuer de multiples dérives sans que le poisson ne soit alerté. Je vous conseille donc dans un premier temps de stabili - ser votre embarcation soit sur la digue, soit légèrement en amont. Ancrez, vous laisserez filer dans le courant un ou deux vifs sur montage au bouchon derrière le bateau. L’été réserve toujours de belles surprises aux pêcheurs de silure. Alors quelle que soit votre préférence dans la technique, suivez nos conseils.