La pêche du silure en jigging vertical à partir d’une embarcation ou d’un float tube n’est pas une nouveauté. Une dizaine d’années en arrière, je la considérais, probablement à tort, comme une option de dernier recours dans deux conditions bien précises. La première, c’était lorsque les silures refusaient de s’alimenter et d’engamer alors qu’ils semblaient réagir plutôt bien en montant dans les couches d’eau au son d’un clonk ou au passage d’un appât naturel. La seconde, lorsque les conditions météos étaient complexes avec des vents forts formant de belles vagues, rendant l’animation des leurres à jigger moins difficile que la présentation propre d’un appât naturel. Aujourd’hui, avec de nombreux bilans favorables notamment sur les beaux poissons et une offre de leurres adaptés qui s’est décuplée, cette stratégie arrive au même rang que la pêche aux vifs ou aux vers de terre dès lors que le parcours s’y prête.
Deux familles de leurres
Les leurres pour la pêche du silure à jigger se caractérisent par un corps très dense avec un centre de masse dans le ventre du leurre et un point d’attache non pas devant la tête, mais sur son dos. Ces caractéristiques doivent leur permettre de vibrer très fort et, si besoin, à de faibles vitesses lors des animations vers le haut, puis de redescendre en zigzag. Dans cette approche, j’utilise deux familles de leurres : des lipless en résine type ABS et des leurres métalliques type lame. Je choisis des leurres de 80 à 100 grammes pour ceux à dominante métallique, mais je peux étendre cette plage de 60 à 130 grammes. Pour les leurres en résine, moins denses que les métalliques, je recherche les versions les plus coulantes (XH) avec un corps plein. Attention, bien que le modèle du leurre porte le même nom, sa version « power fishing » pour les pêches linéaires, qui présente une taille et une forme identiques, mais une densité moindre, ne conviendra pas pour une pêche en jigging, car il ne s’enfoncera pas assez vite dans la colonne d’eau lors des relâchés.
Trouver le bon grammage
Plus il y a de courant, de vent et de profondeur, plus j’augmente le grammage du leurre pour conserver ce double principe de base : une descente rapide, mais en zigzag lors des relâchés, et une mise en action la plus rapide possible dès la moindre traction. Si votre leurre redescend très rapidement et en ligne droite sans zigzaguer sur la phase de relâché, le grammage est trop lourd. S’il redescend en zigzaguant très longtemps au point de former un angle diagonal de plus en plus important lors de votre dérive, alors le grammage choisi est trop léger.
Ma sélection de leurres
Attention à la version du leurre. Un même modèle, de même taille, peut être décliné en plusieurs densités, ce qui change du tout au tout son comportement et son adéquation (ou non) avec notre technique du jour !
- Flatt Shad 124 XH (ancien modèle Sébile si possible, nouveau modèle Berkley)
- Inline Rattler Sinking 13 cm 110 grammes (MadCat)
- Vertical Jig 85 et 120 grammes (Zeck)
- Triton 85 et 100 grammes (Fishmagnet)
Animation à la canne
La pêche en jigging est une technique qui vient initialement du japon et de l’univers de la pêche en mer. L’action que j’utilise en eau douce pour pêcher les silures s’apparente à celle du « slow jigging » en mer. La canne bien en main avec si possible le talon coincé sous l’aisselle ou bien maintenu par l’avantbras, mon leurre posé sur le fond avec mon corps de ligne en tension, l’action consiste à réaliser une traction importante du leurre pour le décoller fortement du fond, puis à le laisser redescendre en papillonnant avec une tresse semi-détendue. Ce dernier détail est crucial afin de ne pas brider la retombée, mais de pouvoir réagir très vite en cas de touche intervenant généralement sur la phase de transfert entre la montée et la descente ou lors de la descente. Cette animation redoutablement efficace présente l’inconvénient d’être éprouvante physiquement, pour les muscles de l’avant de l’épaule lorsque le talon est sous l’aisselle ou pour les muscles fléchisseurs du bras pour un talon sous l’avant-bras.
Tresse en main
La seconde animation possible est réalisée assis à côté du franc-bord, canne en travers. J’effectue les mêmes animations, mais cette fois en tenant la tresse de gros diamètre (au moins 0,50 mm) directement à la main. L’amplitude des animations est un peu moins bonne, mais cette solution offre l’avantage de pouvoir ajouter l’action du clonk, avec des résultats incroyables. Le leurre est décollé d’environ 50 cm du fond. J’actionne mon clonk et réalise une animation toutes les cinq à dix secondes tout en prospectant. Dès que l’échosondeur trahit la présence d’un silure interpellé par les vibrations ou le bruit du clonk, je multiplie les animations, en veillant à ce que la position basse de l’animation s’arrête juste au-dessus de la tête du silure. Avec l’échosondeur, si je vois le silure s’élancer à la poursuite du leurre au moment de la traction, je réalise une grande pause en haut de la trajectoire, en m’agrippant très fortement à la tresse pour anticiper la praline qui arrive.
Un bas de ligne adapté
Dans cette stratégie de pêche, impossible d’utiliser un nœud de raccord du corps de ligne sur l’anneau de fixation du leurre. En multipliant les animations pendant plusieurs heures, les très fortes vibrations vont finir par abîmer le nœud et couper votre tresse. De plus, les descentes du leurre sans contrôle, vont provoquer des emmêlements dans la tresse. Il faut apporter de la robustesse et de la raideur au bas de ligne. J’utilise du fluorocarbone d’un diamètre de 1 à 1,2 mm et je fixe une agrafe rapide twistlock snap avec émerillon rolling (Zeck Fishing). Ce modèle d’agrafe apporte la robustesse nécessaire, facilite les changements de leurres et améliore la fluidité de rotation lors des animations, évitant de torsader mon corps de ligne.