"Laisse descendre, laisse descendre. Mouline un peu, arrête, laisse descendre." Les deux hommes sont penchés à l’avant du bass-boat, les yeux rivés sur l’échosondeur. « Il t’a vu, il s’est tourné ! » En effet, la tache rouge au milieu de l’écran bleu a bougé. « Laisse descendre encore un peu. Ferme le moulinet. Il monte, il va te choper. » Sylvain est bien campé sur ses appuis, crispé sur la canne. Confortablement installé sur la plateforme arrière du Tracker Pro Team 175, je filme la scène avec délectation. Soudain, je vois le scion plonger vers l’eau et aussitôt le pêcheur envoie un ferrage en règle ! Bienvenue à Alqueva au Portugal pour une session de pêche à vue du sandre, le fameux sharp shooting ! C’est vraiment grisant de voir le poisson nager dans l’échosondeur, le leurre descendre à sa rencontre et de suivre la touche en direct !
Un lac extraordinaire
Pascal Besson, notre guide, s’est installé sur l’immense barrage d’Alqueva au Portugal, il y a cinq ans. Michel Tarragnat avait eu l’occasion de goûter aux joies de la pêche dans ce superbe lac, le plus grand d’Europe avec ses 25 000 hectares. Il vous avait narré, il y a trois ans, les pêches en linéaire et en verticale réalisées avec ce même guide et la fabuleuse richesse de ce plan d’eau. Nous avons également pratiqué de la sorte durant notre séjour, mais les sandres étaient tatillons et se tenaient encore assez profond sur les pointes rocheuses en ce début avril. La solution pour avoir des touches : aller chercher les poissons actifs et suspendus en pleine eau.
À la pointe de la technologie
Pour ce faire, Pascal s’est équipé de ce qui se fait peut-être de mieux à l’heure actuelle, un échosondeur Garmin Echomap 122 et une sonde Live LVS34. Cette nouvelle technologie de sonde Live, quelle que soit la marque, permet de visualiser les poissons en direct. Un sacré atout ! Et nous irons de surprise en surprise durant ce reportage. Je ne pensais pas pêcher des sandres suspendus quatre mètres seulement sous la surface alors qu’il y avait soixante-cinq mètres de fond à cet endroit-là ! « J’ai prospecté de nombreuses parties du lac, confirme Pascal, les sandres se tiennent régulièrement dans la zone la plus profonde. Ce doit être l’ancien lit du Rio Guadiana. » Y a-t-il plus de courant à cet endroit-là ? Je ne le sais pas mais en tout cas les poissons sont bien présents ! Fred enchaînera en effet de nombreuses touches sur ce secteur.
À tour de rôle
Étant donné que nous étions trois pêcheurs, nous avons mis au point des règles, évoluant chaque jour, pour pimenter le jeu et donner sa chance à tous les protagonistes ! Il faut dire que, contrairement à la pêche en linéaire ou en verticale, il n’est pas possible de pratiquer à plusieurs en même temps, quoique… Un doublé brochet et sandre, pris l’un après l’autre, nous prouve le contraire. Nous avons débuté par un quart d’heure pour chaque pêcheur, puis un quart d’heure avec rallonge de temps si un poisson était repéré dans la dernière minute. C’est parfois frustrant ! La dernière journée, plein d’empathie, nous avons convenu d’un changement à chaque poisson capturé. Qu’importe, c’est presque aussi excitant de pêcher que de regarder l’écran, découvrir le poisson, suivre le leurre et la touche en direct. On peut vraiment partager l’action avec les copains et le guide qui joue pleinement son rôle. Pendant cette attente, il est aussi possible de lever les yeux pour observer la nature préservée d’Alqueva ! Cigognes blanches, canards, balbuzards, sternes volent au-dessus du lac tandis que cailles et perdrix rouges rappellent dans les bosquets proches des rives.
Un positionnement parfait
Il a fallu un peu de temps à Pascal pour mettre au point le système parfait. L’écran est installé à la proue du bateau afin que le guide et le pêcheur puissent se tenir sur la plateforme avant et partagent ce moment de pêche. « J’ai vu des installations où seul le guide voit l’écran, note Pascal. Je trouve qu’on prive le pêcheur de cette montée d’adrénaline, voir le poisson, le leurre, la réaction du sandre qui vient ou parfois refuse l’appât. Voir fait partie de cette technique de pêche. Bien sûr, je pourrai guider le client sans qu’il n’observe l’écran mais ça serait dommage. J’ai monté la perche rotative et motorisée côté droit du bateau pour la même raison. Le pêcheur voit bien la direction indiquée par la flèche sur le haut et peut ainsi lancer plus précisément et du bon côté pour un droitier. C’est un point capital ! On est dans un environnement en 3D dans l’eau, longueur, largeur et profondeur. Il faut vraiment présenter le leurre souple près du poisson pour maximiser les chances de touches. »
Vers la surface
C’est enfin à mon tour ! Je pose la caméra et m’installe aux côtés du guide. La canne casting Westin Live cast d’une puissance de 30 à 80 g ne mesure que 2 m de longueur. Ce n’est pas un handicap, elle est légère et maniable et on ne lance vraiment pas très loin dans cette technique de pêche. Le moulinet est garni d’une très grosse tresse, de 0,40 mm non pas parce que les poissons sont énormes mais pour créer une sorte de ventre à la descente. Ce gros corps de ligne qui ne coule pas vite permet de faire remonter le leurre presque à la verticale lorsque l’on mouline, offrant une présentation idéale au-dessus du sandre. Le carnassier croit que l’appât fonce vers la surface et cela l’incite à attaquer. Visiblement plus qu’avec une présentation en diagonale !
De violentes touches
Nous prospectons doucement une zone propice à l’aide du moteur électrique. Pascal actionne son support de sonde motorisé à l’aide d’une petite télécommande à main ou d’un pédalier. Au bout de dix minutes, il repère un point rouge sur l’écran. Pas encore habitué, je n’ai rien vu, mais l’œil du chasseur a détecté sa proie. Il positionne la sonde dans l’axe. Le poisson est à 25 mètres devant nous, suspendu à 12 mètres de profondeur. Il y en a encore quarante en dessous de lui ! Tout l’art et la subtilité de cette pêche, c’est d’arriver ensuite à caler le bateau afin qu’il se stabilise, face au vent ou au courant. Pascal joue donc avec les télécommandes du moteur avant et de la sonde pour manœuvrer sans perdre de vue le sandre. Plus facile à dire qu’à faire. Me voici à 14 mètres, un peu fébrile. Premier lancer trop à droite. « Ramène et relance », m’indique le guide. Je m’applique, le leurre touche l’eau quelques mètres derrière le poisson. « Laisse descendre, me souffle Pascal, tu n’es pas mal là. » Le petit point blanc représentant mon leurre fuse vers le fond, la tresse glisse sous mon pouce. Je stoppe à 1 mètre au-dessus du prédateur. La silhouette flamboyante s’incline vers le haut et monte doucement. Poisson et leurre ne font plus qu’un. Je tremble d’excitation. La sanction arrive, une touche d’une grande violence, une bonne praline comme on les aime. Je ferre et prends une grande tape amicale dans le dos. « Bravo Lyonel ! » lance Pascal. Un moment de partage inoubliable !
Les bons leurres
Nous avons beaucoup pêché avec les Zand Finess (Delalande) en 18 cm et coloris Natural Green, Yellow ainsi que Mojito. Le large voile entre la caudale bifide stabilise bien le leurre à l’horizontal. Pascal fixe ces leurres sur des têtes plombées à visser, munies d’un petit anneau en dessous sur lequel il installe un plomb à clipser si le poisson est un peu profond. Un seul triple numéro 1 est relié à la tête plombée par des anneaux brisés et un émerillon baril.
Notre guide
Pascal propose des prestations de guidage accompagné mais aussi de la location de bateaux équipés pour la pêche avec moteur thermique de 40 CV et moteur avant électrique. Il a conçu un book avec toutes les infos utiles et les cartes de meilleurs postes qu’il remet à ses clients qui louent une barque. Il peut également prêter cannes et leurres si besoin. Prenez une journée de guidage pour voir le pro à l’œuvre.
Pascal Besson
Alqueva Prédator Fishing
Tél. 0684600371
Mail : contact@alqueva-predator-fishing.com
Site Internet : alqueva-predator-fishing.com