Dès mon plus jeune âge, je me suis intéressé à ce magnifique poisson. Lorsque j’ai pris ma première perche, je ne la recherchais même pas. Je pratiquais au coup, comme la plupart des pêcheurs du coin qui étaient encore débutants. Cette perche s’est battue avec beaucoup plus d’ardeur que les autres poissons blancs pris ce jour-là. Lorsqu’elle est apparue à la surface, mes mains ont commencé à trembler et j’ai ouvert des yeux ronds comme des soucoupes. J’ai été tout « émotionné » lorsque j’ai tenu le poisson entre mes mains. C’était le plus beau qu’il m’ait été donné de voir. Ses rayures sur le dos me faisaient penser à un tigre sous-marin, sa nageoire dorsale épineuse lui donnait un caractère agressif et ses nageoires orangées m’ont rendu admiratif. Après cette aventure, j’ai rapidement mis un peu d’argent de côté pour m’acheter ma première canne télescopique. Au début, je pêchais avec des petits leurres métalliques, comme les petites tournantes ou ondulantes. Cela fonctionnait très bien, mais plus mon intérêt pour ce poisson grandissait, plus mon arsenal de leurres s’est développé. Les premiers leurres souples que j’ai achetés ont souvent été des imitations de ver que j’équipais avec une lourde tête plombée. À cette époque, les leurres souples étaient tout nouveaux, mes résultats n’étaient pas convaincants. J’ai assez vite abandonné cette technique et plusieurs années ont passé avant que je redécouvre tout le potentiel de ces leurres souples.
Les leurres des temps modernes
Les traditionnelles cuillers tournantes ou ondulantes sont toujours très efficaces, mais les approches plus « finesse » m’attirent davantage. Pêcher avec de petits leurres est très efficient et constitue certainement l’une des meilleures approches pour séduire les tigres d’eau douce. De toute évidence, les gros poissons sont beaucoup plus malins et c’est certainement en déployant des approches plus fines que la taille de mes captures a commencé à croître. J’ai beaucoup pêché en float tube mais les approches depuis la berge ont de loin ma préférence avec le temps. C’est est beaucoup plus furtif, je n’ai pas à me poser la question du bon positionnement. À mes débuts, pêcher avec une tête plombée de 18 g me semblait être un minimum. Au fur et à mesure, j’ai appris à utiliser des techniques de plus en plus fines. J’utilise désormais très souvent des têtes plombées de 10 g. Il m’arrive aussi de descendre jusqu’à 5 g. Un de mes leurres fétiche est le Savage gear Fat T-tail minnow. Il y a une vraie bonne raison à cela. Beaucoup de shads ont une queue forte qui limite leur mouvement et les rend rigides. Ce leurre possède une bavette caudale légère et souple, sa forme en T permet au flux d’eau d’animer plus facilement. Le corps dodu de ce leurre autorise deux choses. En premier lieu, il permet d’escher correctement le leurre sans en modifier l’apparence. De plus, il lui procure un profil généreux, particulièrement attractif lorsque les zébrées sont positionnées en dessous. Je l’utilise comme un jig classique, mais le corps dodu me permet également de l’utiliser en linéaire, ce qui est très efficace pour pêcher dans les eaux peu profondes. Pour compléter efficacement mon équipement, j’utilise une canne Savage Gear Black Savage de 7,5 pieds à la puissance de lancer de 5 à 20 g. Avec cela, je ressens n’importe quel petit grignotage au bout de la ligne, ce qui est primordial lorsque l’on recherche les plus grosses perches d’un lac.
De l’inattendu
En raison de fortes pluies les deux dernières semaines, je n’ai pas pu pêcher sur mes spots habituels. Rick et moi avons longuement discuté d’un nouveau spot, dans une vieille carrière. Nous en avons entendu parler avec intérêt, mais vous savez comme moi que les pêcheurs ont parfois tendance à exagérer les résultats de leurs sessions… La nuit précédant notre venue, nous avons recherché de bons spots à l’aide d’images satellites sur des cartes en ligne. Nous avons notamment repéré une superbe cassure, très prometteuse. Nous enfilons nos waders et nous prenons position, en espérant que ce spot nous réservera quelques poissons décents. Au bout de quelques lancers, je perçois comme une légère poussée sur mon leurre. Une demi-seconde plus tard, je sens un bon coup de tête qui laisse à penser qu’il s’agit d’une belle perche en train de lutter pour sa survie. J’essaye de rester calme et de ne pas mettre trop de pression sur le poisson. Perdre un gros poisson pourrait me rendre malade pendant quelques semaines… Le combat est finalement assez court, mais l’excitation est à son comble car la perche me semble énorme. Lorsqu’elle se rend finalement, un incroyable sentiment de joie m’envahit. Le poisson est massif et la toise affiche 51,5 cm. Quant à la pesée, on flirte avec les 2,5 kg. Je viens de battre mon record personnel ! Après quelques prises de vue, la belle zébrée rejoint son élément et nage à nouveau dans l’eau transparente. Avant même d’avoir pris conscience de ce qu’il vient de se passer, la canne de Rick prend soudainement une belle courbure, le temps d’un intense combat. De nouveau, c’est un beau spécimen affichant 50 cm pour environ 5 livres qui rejoint l’épuisette. Nous capturons ensuite quelques perches de tailles plus modestes, et nous décidons de rejoindre un poste différent, moins exposé au vent. Une excellente idée. Une autre perche énorme s’empare de mon Fat T-tail. Alors que je le glisse dans l’épuisette, je me rends compte que ce poisson est à peu près de la même taille que le précédent. En fait, il est même un peu plus gros, puisqu’il monte à 2,59 kg sur le peson. J’aurai battu mon record personnel à deux reprises au cours de cette journée que je ne suis pas près d’oublier. D’autant que l’ai partagée avec mon meilleur compagnon de pêche.
La stratégie est essentielle
Rechercher les grosses perches implique beaucoup d’efforts. Les parcours les plus évidents semblent être les petits lacs et les vieilles carrières qui ne sont pas connectés à de plus grands systèmes. Ces petits biotopes sont susceptibles d’offrir de bons écosystèmes pour le développement des perches. Bien sûr, les conditions optimales pour leur croissance ne sont peut-être pas réunies, mais les chances de capturer des perches spécimens sont beaucoup plus importantes dans des petits environnements. Je l’ai dit précédemment : cibler les grosses perches demande énormément de recherches. Les images satellites sont d’une grande utilité pour comprendre les écosystèmes. Visez prioritairement les lacs profonds, avec des alternances de profondeur et de la végétation sur le fond. Si le lac semble mort, il y a de grandes chances qu’il le soit effectivement… Ma stratégie au bord de l’eau est d’être perpétuellement en mouvement pour trouver les poissons actifs. Les perches évoluent très souvent en petits bancs et si vous touchez un poisson, il y a de fortes probabilités pour que d’autres soient également présents. Je me concentre souvent sur les parties peu profondes. Beaucoup de poissons pris en fin d’automne le sont dans moins de deux mètres d’eau. Dans certains lacs, les perches se positionnent parfois dans l’eau profonde mais je m’intéresse toujours en premier aux zones « shallows », car elles constituent souvent les meilleurs postes de chasse. Une semaine après notre inoubliable session, nous sommes revenus sur le lac. Cette fois, l’impatience était à son maximum. Impossible d’attendre plus longtemps avant de lancer nos leurres à nouveau. Nous retournons bien sûr sur nos fabuleux spots. L’excitation règne dès le premier lancer. À l’arrivée, nous avons beaucoup lancé durant cette journée. Mais rien ne s’est passé comme prévu ; nous avons poncé tous les recoins du lac en espérant trouver les perches, en vain.
Ayant fait de notre mieux, il ne nous restait plus qu’à explorer une zone encombrée d’arbres, très difficile à rejoindre depuis la berge. Tant bien que mal, nous nous sommes frayé un chemin à travers la végétation. Arrivés au bord de l’eau, nous retrouvons le sourire car le spot change radicalement par rapport à tout ce que nous avons exploré jusqu’alors. Je lance mon leurre avec impatience, il atterrit précisément à l’endroit où je le désirais. Lors de la descente, je détecte une touche énorme. Je pense aussitôt qu’un brochet a pris mon leurre. Je mets donc une énorme pression sur le poisson, je veux le ramener le plus rapidement possible à mes pieds pour éviter qu’il ne coupe ma ligne et pour pouvoir le relâcher indemne. Quelques instants plus tard, ma frustration laisse place à une surprise bienvenue. En fait, j’aperçois une perche énorme dans l’eau claire. Panique totale. Les secondes qui suivent sont épiques mais, avec l’aide de mon ami, nous parvenons à mettre la bête dans l’épuisette. La belle mesure 52,5 cm et je ne parviens pas à me rendre compte que, pour la troisième fois, je bats mon record personnel. C’est vraiment important de comprendre que ce genre d’aventures peut vous arriver si vous vous en donnez la peine…
De nouvelles ambitions
Comme tout pêcheur, je suis en perpétuelle recherche pour améliorer mes résultats. Je me spécialise parfois pour explorer à fond une technique. Je ne peux pas nier que les approches « finesse » ont maintenant sur moi un véritable attrait. Je maîtrise la plupart des pêches aux leurres, et notamment celles au poisson nageur, mais la pêche « finesse » a incontestablement dopé mes résultats. Je suis sûr, aujourd’hui, de battre à nouveau cette marque de 52,5 cm, mais ce sera certainement ailleurs, dans un autre lac à gros potentiel.