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Le bait finesse system

Destiné au départ à pêcher le black-bass en baitcasting avec des leurres légers, le BFS (bait finesse system) s’est étendu peu à peu à d’autres espèces. Le matériel est assez élitiste car ne souffrant aucun compromis. Mais les sensations sont bien au rendez-vous et la technique devient très vite addictive !

L’ ultra-léger apporte son lot d’émotions et de sensations, et c’est précisément ce qu’est le bait finesse system : une pêche légère voire ultra-légère, mais avec un matériel baitcasting. Pour des raisons mécaniques, l’inertie de la bobine en particulier, les moulinets à tambour tournant ne se prêtent pourtant pas à l’utilisation de leurres très légers, et l’affaire semblait donc perdue d’avance.

L’approche en finesse du baitcasting passe pour une technique réservée aux petits poissons, mais ce n’est pas l’avis de Michel.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Made in Japan

C’était sans compter sur les pêcheurs de black-bass japonais adeptes du baitcasting qui, confrontés à des poissons de plus en plus méfiants, ont du s’adapter en utilisant des leurres plus petits et donc plus légers. Au lieu de se mettre au spinning, comme l’aurait voulu la logique, ils ont affiné et adapté leur matériel casting : cannes moins puissantes et, surtout, moulinets optimisés pour lancer des leurres de 5 à 10 g, ce qui correspond à du light-medium light. Par la suite, des adeptes de la truite aux leurres se sont emparés du principe et l’ont encore affiné afin de pouvoir lancer moins de 5 g… Là on est carrément dans l’ultra-léger ! Le bait finesse system, le BFS donc, était né, et a commencé à faire école un peu partout dans le monde, tout en restant cependant assez confidentiel. C’est en fait une affaire d’initiés parce que le matériel coûte nettement plus cher que pour du casting standard ou son équivalent en spinning, les moulinets notamment.

Sur un matériel léger, capturer des perches de cette taille procure de très belles sensations.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Irrationnel ? 

Et d’autre part parce que le BFS a, indéniablement, quelque chose d’excentrique, pour ne pas dire d’irrationnel. Comment justifier en effet d’investir plusieurs centaines d’euros dans un moulinet BFS alors qu’avec un modèle spinning à 50 €, on fera aussi bien voire mieux ? D’aucuns diront que le BFS permet d’obtenir avec des leurres légers une précision de lancer et une discrétion de posé incomparables, ce qui n’est pas faux puisqu’il permet un contrôle continu du leurre pendant la phase de vol. Mais ça ne constitue pas à mon avis un argument suffisant, la précision étant plus une affaire d’entraînement.Je pense que c’est au niveau des sensations, de la gestuelle et du plaisir de pêcher de beaux poissons avec un matériel aussi pointu qu’il faut chercher l’explication à cet engouement.

C’est par la grande légèreté de leur bobine que l’on distingue les moulinets destinés au baitcasting finesse.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Attention : addiction

Il y a une part de fétichisme là-dedans, un ressenti peut-être lié à ce sentiment de contrôle permanent de la ligne que procure le baitcasting, y compris pendant la phase de vol du leurre, même très léger. Bref, le BFS, on adore ou on s’en moque mais, si on accroche, ça devient vite addictif ! Pour preuve, je n’utilise plus de spinning du tout… Ne pêchant pas la truite, il me sert pour toutes les pêches fines et légères des carnassiers : drop-shot, wacky, petits leurres souples sur tête légère (3 à 6 g) ou non plombés, micro-spinners, mini-poppers, etc. L’idée selon laquelle, à l’instar du rockfishing, cette approche ne serait destinée qu’aux pêches de petits poissons avec des micro-leurres est fausse. J’ai pris de cette façon mon plus gros black-bass à ce jour (61 cm) au drop-shot ainsi que des dizaines de perches de plus de 40 cm et quelques brochets métrés. Cette idée fausse de soi-disant technique pour petits poissons est en fait entretenue par les fabricants de moulinets BFS qui recommandent l’usage de lignes fines. C’est que leurs bobines sont très légères donc plus minces et moins rigides que des bobines classiques, plus susceptibles de se déformer sous une forte traction. Ils craignent donc le retour en SAV suite à une utilisation inappropriée. Certains proscrivent même la tresse, jugée trop solide. Soyez conscient que ces bobines sont en effet moins robustes (le reste de la mécanique est standard) et qu’il n’est pas question de lancer de gros leurres, de pêcher frein bloqué ou de vouloir casser la ligne en tirant avec le moulinet. Mais il ne s’agit pas non plus de tomber dans la paranoïa : un moulin BFS, ça n’est pas fragile. Personnellement, j’utilise de la tresse (très fine bien sûr) contre l’avis du fabricant et avec un frein bien réglé, tout se passe bien. De toute façon, le BFS est inadapté aux pêches lourdes puisque la capacité de ces moulinets est très faible, environ 50 ou 60 m de 20/100.

Avec un petit peu d’habitude, lancer des leurres extrêmement légers ne pose en fait pas de réelle difficulté.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Peu de perruques

L’autre raison est que ces bobines sont très légères – autour de 5-7 g, sans les roulements – afin d’avoir le moins d’inertie possible. Moins d’inertie veut dire que, quoique se mettant en rotation très facilement (faibles grammages), elles s’arrêtent de tourner très vite. Or, pour lancer loin un leurre lourd, on a besoin d’une bobine avec de l’inertie, qui continue à tourner longtemps sans le freiner. Du reste, en BFS, si on augmente trop le grammage les performances diminuent. La plage optimale se situe à vue de nez entre 5 et 10 g et on peut l’étendre sans trop de problèmes à 3-15 g. En deçà, les distances de lancer diminuent nettement mais ça reste exploitable pour des pêches de précision. Au-delà, les performances sont moins bonnes qu’avec un modèle standard.Corollaire de cette faible inertie de bobine, les perruques sont très rares et jamais graves, parce qu’il n’y a pas de phénomène d’emballement. Contrairement à ce qu’on croit, cette technique pardonne en fait bien mieux les erreurs que le baitcasting classique. La principale de ces erreurs est de fouetter sec pour donner plus de vitesse aux leurres légers.

Drop-shot et BFS : et hop, un sacré black-bass de 61 cm pour Michel ! Son record à ce jour.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Des lancers faciles

Ce coup de fouet provoque une accélération trop rapide de la bobine et là, ça bloque. Il faut au contraire un geste assez progressif, en coup droit, revers ou sous la canne plutôt que par dessus la tête, et d’une seule main pour éviter de forcer. Une fois qu’on a pris ce pli, on est surpris par l’aisance de lancer, la fluidité et les distances atteintes avec de faibles grammages.

Assez curieusement, les importateurs de matériel en Europe semblent un peu frileux pour proposer un matériel que l’on trouve sans problème au Japon.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les cannes

Pour une utilisation légère sans plus (carnassiers finesse), on trouve assez facilement en France des cannes casting de puissance adaptée, c’est-à-dire medium-light (3,5 à 10,5 g) ou, mais plus rares, light (2 à 7 g). Pour ce qui est de l’ultra-léger (1 à 5,5 g), c’est nettement plus compliqué car c’est un marché minuscule. Voici une petite liste : Iconic Casting 3,5-10,5 g (Sakura), Expride 3,5-10 g (Shimano), Zodias 4-12 g (Shimano), Pepper X5 B Finesse Quest 2-12 g (Illex), The Bardick 1,8-25 g (Deps), Finetail 2-10 g (Major Craft) ou Benkei 0,9–7 g (Major Craft).

Les moulinets

Le bait finesse system étant ultra-confidentiel en Europe, les marques répugnent parfois à référencer les séries de moulinets fabriqués pour le Japon ou les États-Unis. Citons néanmoins quelques modèles disponibles chez nous en 2021 : Alpha Air 2020 TW (Daiwa), Aldebaran BFS XG (Shimano), Curado BFS XG (Shimano) ainsi que le Quick 5 BC Finesse (DAM). Attention à certains modèles décrits comme étant bait finesse mais qui ne sont pas réellement des BFS, même s’ils lancent plus léger que la moyenne. C’est le cas par exemple des Daiwa SV, parfaits pour des pêches légères (7-15 g) mais à la peine sur des pêches très légères (moins de 7 g). Ces modèles intermédiaires sont un bon compromis si vous n’envisagez pas d’utilisation ultra-léger.

Adapter l'existant

On peut customiser un moulinet casting standard pour en faire un BFS. Ça passe par le changement des roulements de bobine par des plus performants (céramique, microbilles) et le remplacement de la bobine par une version ultra-légère compatible. Le prix de la modification est toutefois assez élevé : 25 à 40 € pour les deux roulements (Boca Bearing, Hedgehog) et entre 80 et 150 € pour la bobine (Avail, Yumeya). On trouve ces pièces sur Internet. Rens. : www.roulementcasting.com.

 

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Magazine n°916 - septembre 2021

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