Les leurres métalliques
J’entends, par leurres métalliques, les lames et les spintails. Ce sont des aimants à perches, et plus particulièrement à grosses perches. Je ne pars pas pêcher cette espèce sans en avoir avec moi.
En automne et en hiver, le poisson fourrage se regroupe, l’eau refroidit significativement et il est alors possible de cibler spécifiquement les grosses perches, ces poissons de 45‑50 cm que l’on ne voit quasiment pas le restant de l’année. L’important est de trouver comment être régulier dans la capture des plus grosses !
Comment s’y prendre ?
• Animer lentement : l’astuce est de ne pas trop faire vibrer son leurre. On le sent vibrer et, aussitôt, on le laisse retoucher le fond.
• Pêcher proche du fond : il faut toujours être proche du fond. On lance, on laisse toucher le fond et on ramène. Dès que le leurre vibre, on arrête et on reprend le fond. Et ainsi de suite.
• Sentir ce que l’on fait : il faut toujours savoir ce que l’on fait, être en contact avec le leurre et l’imaginer en train d’évoluer sur le fond. C’est ce ressenti, cet imaginaire qui est la clé de cette technique pour la traque des grosses perches.
Pour le choix des leurres, tout est question de moment !
• La lame métallique : un leurre à perche particulièrement bon. Il vibre fort, couvre du terrain et attire les poissons de loin.
• Le spintail : un leurre en plomb avec une palette. L’association parfaite pour un leurre à perche. Je l’utilise en complément des lames, lorsqu’il faut pêcher plus lentement proche du fond ou entre deux eaux dans les boules d’alevins suspendues.
Conseil en + : jouer sur les grammages
Lorsque les perches veulent des animations planantes, on utilisera des leurres de 7 à 10 g dans 1 à 4 m de profondeur, et 10 à 14 g de 4 à 10 m. À l’inverse, lorsqu’elles veulent que le leurre « tape le fond », on utilisera des leurres lourds : 14 à 21 g, voire 35 g dans des profondeurs de 6 à 12 m. Une astuce : mettez un leurre souple en teaser au-dessus de vos leurres métalliques. Cela permet souvent de réaliser des doublés…
Le crank, le leurre 4x4
S’il existe bien un leurre auquel les perches ne résistent pas, c’est le crankbait. Ce petit leurre souvent flottant, rond à la bavette plus ou moins longue, est une friandise pour les perches.
Même si le crank peut être lancer-ramener de manière basique, sans réfléchir, et attraper des perches, il convient d’être attentif à quelques points.
• Maîtriser sa vitesse de récupération. Certaines journées, les perches prendront un leurre ramené à fond, d’autres il faudra être plus lent.
• Jouer sur la longueur des bavettes. Plus la bavette est longue et plus le crank nagera profond. Sur des poissons en chasse, un crank peu plongeur (surface ou medium runner) conviendra parfaitement. Mais lorsque les poissons sont calés sur le fond, alors un crank grand plongeur (deep runner) sera plus efficace.
• Utiliser une canne souple. On préconise souvent de pêcher en Nylon au crank, personnellement je déteste cela. Si vous pêchez comme moi en tresse au crank, privilégiez une canne plus souple pour éviter les touches ratées ou les décrochés au ferrage.
• Version bruiteuse ou silencieuse. La plupart des crank sont bruiteurs. C’est la particularité de ce leurre de prospection. Mais dans certaines situations (pas de vent, eau surpêchée…), posséder un crank silencieux peut faire la différence.
Le leurre à grosses perches !
Le crank est donc le leurre parfait pour traquer la perche. Sa nage serrée et rapide ne laisse pas indifférentes les perches. Utiliser en powerfishing, il devient une arme redoutable pour trouver les poissons actifs. Il permet de couvrir rapidement du terrain et d’identifier ainsi les bonnes zones, que l’on pourra ensuite revenir faire au leurre souple par exemple. On peut l’utiliser aussi bien en rivière qu’en eau fermée.
Conseil en + : faîtes des pauses
Une astuce : lorsque les perches ne veulent rien savoir, animez votre crank à la manière d’un jerk minnow avec des pauses. Et faites bien attention lors de la phase de remontée du leurre. La touche sera subtile, mais la perche sûrement grosse…
Le dropshot
Le dropshot est la technique reine pour les perches récalcitrantes. Qu’elles veuillent ou non attaquer, avec le dropshot, elles le voudront !
Le dropshot permet d’insister sur les spots et de jouer sur les nerfs des poissons, mais aussi du pêcheur. Pêcher lentement, avec des animations minimalistes, à la limite du tremblement sur place dans certaines situations, n’est pas toujours simple à réaliser pour le pêcheur. J’utilise prioritairement cette technique dans trois situations :
• lorsque l’on a décroché un poisson. Il se trouve alors que les perches deviennent plus méfiantes avec le leurre que l’on utilisait. Passer sur une technique plus douce, plus discrète, permet souvent d’attraper à nouveau des poissons;
• pour insister sur un spot. Lorsque l’on connaît un spot prolifique, régulier mais que les perches ne mordent pas, pêcher en dropshot permet d’insister longuement sur la zone;
• lorsque les petites perches sont trop actives. En pêchant dropshot de manière moins agressive et avec un plus gros leurre, cela permet de passer « à travers » les petites sans se faire intercepter !
En hiver comme en été
La saisonnalité a aussi son importance lorsque l’on pêche au dropshot. Même s’il est possible de pêcher toute l’année en dropshot, je lui privilégie les mois d’été et d’hiver.
• L’été : le dropshot permet de pêcher efficacement toutes les structures (quai, pile de pont, arbres morts…) en insistant sur la zone. Cela permet de faire de belles pêches, mais aussi de le partager simplement avec un pêcheur non initié (sa femme, des enfants…).
• L’hiver : le dropshot n’a pas son pareil pour insister sur les zones. Lorsque les perches sont peu actives en hiver, cette technique prend tout son sens. Elle permet de véritables cartons, surtout si l’on prend le soin de remplacer le plomb par un deuxième leurre souple. Doublé assuré !
La pêche à la volée
Cette technique vient directement de la pêche en mer, et plus particulièrement de la pêche du bar. Elle consiste à pêcher avec de petits leurres souples, souvent des finess (avec la queue en V ou en pointe) que l’on associe à une tête pointue. Il faut ensuite animer canne haute avec de petits coups de scion entrecoupés de pauses.
Cela a pour effet d’imprimer des darts (écarts latéraux de gauche à droite) au leurre souple et ainsi de lui donner une nage erratique. Cette technique a deux fonctions, que ce soit en lac ou en rivière :
• déclencher l’agressivité. Le leurre souple évoluant de gauche à droite rend les perches curieuses, et les phases de retombées plus ou moins planantes déclenchent la touche;
• pêcher les chasses. Lorsque les perches sont en chasse, cet intrus évoluant rapidement dans la couche d’eau au milieu des alevins apeurés et retombant sur les phases de pauses les intrigue fortement.
Dans les veines d’eau en rivière
Je l’utilise beaucoup aussi pour prospecter les veines d’eau en été en rivière. Animer son leurre entre deux eaux dans la veine d’eau et le laisser planer librement dans le courant sur les phases de pauses est très efficace. Une variante, mais en gardant les mêmes animations, consiste à présenter en rivière un micro rubber jig. Lorsque les perches sont sur des larves, mettez en trailer un worm annelé pour plus de mobilité ou une imitation de mayfly, et pêchez les veines de courant entre deux eaux. À l’inverse, lorsqu’elles sont sur des écrevisses, mettez en trailer de votre micro ruber jig une écrevisse et pêchez près du fond. Attention à bien garder la bannière légèrement détendue sur les phases de pause, afin de ne pas brider la nage du leurre.
La pêche lourde
J’ai eu l’opportunité de pêcher plusieurs fois en Slovaquie, en Pologne, aux Pays-Bas avec de très bons pêcheurs de perches. Ce qui m’a le plus surpris lors de ces sorties, c’est de les voir pêcher avec des plombs énormes et de touts petits leurres derrière. Là où nous pêchions en 5-7 g, eux mettaient 20 g ou plus. Cela nous fait sourire au début, confiant de notre « technique » à la française, mais à la fin de la journée les sourires avaient laissé place à une petite larme… On ne parlera pas de « déculottée », car ce mot n’est même pas assez fort pour décrire l’efficacité de leur technique !
Depuis, j’ai revu ma copie, j’ai appris et me suis approprié cette technique qui consiste à pêcher les perches « lourds ». Pas de place au fignolage, on prend des grandes cannes pour lancer loin, des tresses en 15/100, des plombs de 20 à 25 g, des leurres souples finess ou shad, on lance très loin et on laisse toucher le fond. Ensuite on ramène vite, entrecoupé de pauses en reprenant contact avec le fond. Cette technique est redoutable sur les grosses perches !
En descendant la pente par palier successif
Les eaux que je pêche étant souvent pleines d’herbes sur le fond, je pêche ainsi surtout l’automne et l’hiver lorsque le niveau des lacs proches de chez moi baisse. Il est possible de pêcher sur des fonds plats, sur une profondeur constante, mais aussi de pêcher en palier. C’est-à-dire lancer vers le bord et pêcher en descendant la pente par palier successif. Par exemple : bateau dans 9 m, on lance dans 3 m et on pêche toute la cassure en palier jusqu’à arriver quasiment sous le bateau. L’action de pêche consiste donc à lancer loin son leurre souple ou son écrevisse de 3 pouces sur une tête plombée ronde de 20 g, de laisser toucher le fond puis de faire quatre-cinq tours de manivelle rapidement suivis d’une pause bannière tendue. On reprend l’animation et on la répète autant de fois qu’il le faut jusqu’à la touche. Au premier abord, cela peut paraître surprenant. On a l’impression qu’il ne se passera jamais rien, que l’on n’aura pas de touches. Mais en insistant, en s’imprégnant de l’animation, du rythme à donner, la récompense est souvent au bout !
Au leurre de surface
La perche est un poisson qui monte volontiers vers la surface pour chasser. Dans ces conditions, c’est le moment de sortir les stickbaits et les poppers. En effet, quoi de plus ludique qu’une pêche de perche en surface ?
Cette approche de la pêche correspond souvent au moment où les eaux se réchauffent et durent jusqu’à l’automne. Les perches viennent alors chasser dans les bancs d’alevins, et on peut assister à de véritables frénésies. J’utilise deux types de leurre dans ces situations :
• le stickbait. Je l’utilise pour pêcher assez vite et essayer de déclencher l’agressivité des perches, que ce soit en rivière ou en eau fermée. Si les perches ratent trop l’attaque, je ralentis ou fait des pauses. Le leurre se fait alors aspirer sans attendre et on peut se retrouver aux prises avec une jolie perche;
• le popper. Je l’utilise pour pêcher plus lentement, pour insister sur les spots. Entre les herbiers, autour des piles de ponts, les zones de bois mort… Ce sont des postes de prédilection pour les perches, et ramener un popper lentement avec des pauses autour de ces structures garantit souvent des attaques.
De juin à octobre
Évidemment, il est aussi possible de pêcher au leurre de surface en hiver, mais la meilleure période selon moi, celle où l’on a le plus de chance de réussite, reste de mi-juin à octobre. En étang, mes préférences seront le coup du matin et du soir pour la pêche en surface. En rivière je n’ai pas de période favorite, les poissons mordent toute la journée en surface, pour peu qu’il y ait un peu de courant et des structures immergées. J’aime beaucoup pêcher les zones de courant avec des herbiers, type radier rempli de renoncules par exemple. Et puis, au milieu de ce type de spot traînent souvent des chevesnes ou des brochets : adrénaline garantie lorsque votre stickbait ou votre popper se fait happer par l’espèce non ciblée...